Alexander Von Humboldt

Publié le par Ysia

« I was forced into a thousand constraints... and into loneliness, hiding behind a wall of pretense... »

The invention of nature : Alexander Von Humboldt's new world

Alexander Von Humboldt a éprouvé une grande solitude sa vie durant. Il se sentait incompris et, dans le même temps, ne pouvait accepter l’ignorance et la bêtise humaine. Afin de cacher sa propre vulnérabilité, il avait construit une carapace d’ambition et de sagacité. Enfant, il était craint pour ses réparties tranchantes qui lui valaient le surnom de « petit esprit malin », une réputation qui le poursuivit toute sa vie... Il semble avoir été écartelé entre sa vanité et sa solitude, entre son désir de louanges et sa soif d’indépendance. Il basculait entre son besoin d’approbation et son sentiment de supériorité (p.15)… Il  passa de longues heures jour et nuit avec le seul ami intime qu'il n’ait jamais eu, furieux contre lui-même pour s'être laissé aller à nouer des liens si étroits, sachant pertinemment qu'il devrait un jour ou l'autre le quitter. Pendant deux ans, il se remémorait avec nostalgie les moments passés avec lui et s’épanchait dans des lettres espacées par de longs intervalles d'oubli. Un tel tempérament à la fois distant et sensible faisait qu'il demeurait insaisissable.

Il connut Goethe, le poète,  alors que celui-ci était plein de désillusions, vivait en ermite et pour lequel la seule chose qui le poussait à continuer était ses recherches scientifiques.

Il connut Thomas Jefferson qui déclarait ne pouvoir vivre sans livres et qu’il admira tout en dénonçant la question de l’esclavage fondée sur l’avarice humaine. Humboldt, quant à lui, n’aurait pas pu vivre sans mener des expériences scientifiques, notamment l'émission de chocs électriques sur lui-même ou sur des animaux. Friedrich Schiller, son contemporain, estimait qu’Alexandre Von Humboldt  n'aurait jamais pu rien accomplir parce qu’il touchait à trop de sujets à la fois. C’est ce qu’on n’hésiterait pas à lui reprocher aujourd’hui. Pourtant, la capacité de jongler entre différents sujets pour mieux prendre la mesure des choses est essentielle. Puiser son inspiration dans les arts et les sciences permet d’ouvrir des portes et de franchir des horizons insoupçonnés. Alexander Von Humboldt était peut-être l’un des derniers grands disciples de voyages polymathiques.

Humboldt était un fervent partisan de l’empirisme, qui est de croire que notre esprit, à la naissance, est pareil à une page vierge sans idées préconçues et que, tout au long de notre vie, nous amassons des informations fondées sur l’expérience et l’observation. L'homme  n'est pas au centre de l'univers ni même au centre de la nature.  Aristote avait tort et Humboldt, le père du mouvement écologiste, avait raison d’affirmer que la nature dans son ensemble n’a pas été créée pour le plaisir de l'homme. Il faudra qu’il prenne un jour conscience de ses devoirs à l’égard de l’environnement. Il est intéressant de noter qu'en 1669, déjà, le contrôleur général français des finances Jean-Baptiste Colbert interdisait aux villageois le droit d'exploiter les forêts et avait fait planter des arbres pour pourvoir à la construction future des navires tandis que Benjamin Franklin, craignant la disparition des forêts, inventa le chauffage par convection et conçut un foyer plus économe en combustible. Mais la conquête d'espaces vierges, comme l'Ouest américain, soulignait la pensée archaïque consistant à dompter le sauvage, dominer le chaos apparent de la nature et des êtres qui l'habitent, qu'ils soient humains, animaux ou végétaux. Ancienne dichotomie entre ordre et chaos, fondée sur notre peur instinctive de l'inconnu. C'est cette angoisse primitive qu'il aurait fallu et qu’il faudrait dompter. Comment renverser la tendance de milliers d'années durant lesquelles l'être humain ne voit de beauté que dans une nature cultivée c'est-à-dire civilisée ? Un gazon obstinément arrosé malgré la sécheresse, des plantes et arbres non indigènes plantés en hâte pour le regard ou par convenance sans considération pour les conséquences à plus ou moins long terme. N'est- il pas temps d'éduquer l'homme sur la façon dont les forces de la nature contribuent entre elles, des quatre coins du monde, dans l'espace et sous les mers et comment elles sont liées entre elles? C’est bien là le barbarisme de l'homme civilisé. Qui est le barbare? L'étranger ou Celui qui n'a aucun respect pour l'autre ?

La vie coule en ligne droite et puis s'arrête et tourne en rond à l'infini... Deux conceptions s'opposent: celle qui pose en préalable l'éducation en tant que fondement d'une société libre et heureuse et celle qui voit le danger d'éduquer le peuple de crainte qu'il se détache de ses devoirs de servitude. Faut-il vivre en retraite dans une humble solitude ou renoncer à sa liberté intellectuelle et à son génie et prendre sa place de courtisan dans la société peut-être dans l’abnégation de soi et pour le bénéfice de la communauté ?
De la révolution à la dictature impériale ou monarchique... Là est bien le cycle des choses et rien n'y change. Rien ne subsiste. Tout se transforme. La liberté des opprimés est bafouée par les forces réactionnaires qui se soulèvent sempiternellement. Tourner le dos à la politique des hommes et se consacrer entièrement et uniquement à la science et son art et à l'éducation pour aider les êtres à décupler le pouvoir de leur intellect.

Avec la connaissance vient la pensée et avec la pensée vient la puissance. Au crépuscule de la vie, les amis reviennent, les liens se renouent, la boucle est bouclée. La chance tournera et un départ vers de nouveaux horizons approchera. La vie, sous toutes ses formes, crée une toile de relations complexes entre les êtres vivants et inanimés.

Comment comprendre la nature? Il faut l'interpréter, comme l'ont fait Humboldt et Thoreau, dans son ensemble et à travers les liens et connexions de ses éléments, êtres vivants et êtres inanimés et ne pas conclure fatalement que les voies de l'Eternel sont impénétrables.

Publié dans Cheminement

Partager cet article
Repost0

De la nature des nombres et leur importance

Publié le par Ysia

 

Notre compréhension du monde passe par une numérisation des êtres et de l’espace environnant, qu’elle soit consciente ou inconsciente. La symbolique numérique est universelle de Pythagore à son contemporain Laozi. Tout est nombre!

 

道生一,

一生二,

二生三,

三生萬物。

Le Tao engendre Un.

Un engendre Deux.

Deux engendre Trois.

Trois engendre tous les êtres du monde"

(Lao-tseu, tao tö king, traduit du chinois par Liou Kia-Hway aux Editions Gallimard, 1967, section XLII,  p.118)

 

 

En tête de liste des questions laisssées sans réponse par la science, comme celles de définir ce qu’est la conscience ou encore comment la vie a commencé, se trouve celle de savoir pourquoi l’univers semble être régi par les mathématiques. Selon la théorie du Big Bang, la matière, l’énergie, l’espace et le temps furent créés au moment de l’explosion originelle. Presque soudainement, il semble que tout se déroula conformément à un dessein mathématique.

 

 

 

Mais ces lois mathématiques, d’où viennent-elles ? Quelle est l’origine des nombres et à quelles règles obéissent-ils ? Les disciples anciens du mathématicien grec Pythagore déclaraient que les nombres représentent le fondement de l’univers, que Dieu est un grand mathématicien et avant que « Dieu dit: Que la lumière soit! », il déclara : « Que les nombres soient ! »

Les savants évoquent la notion divine par métaphore. La plupart d’entre eux adhèrent de façon tacite à la philosophie de Platon qui proposait sans aucun fondement scientifique que les nombres et les lois mathématiques sont des idéaux éthérés qui existent au-delà de l’espace et du temps et hors de portée de l'entendement humain. 

Parce que tout le problème de la science est de donner une description de l’univers qui ne relève pas du surnaturel, l’incapacité à expliquer la déraisonnable efficacité des mathématiques, comme le souligne le physicien Eugène Wigner, constitue une énorme lacune dans la connaissance des hommes, sachant qu' une

 

«  théorie mathématique entièrement efficace est un formalisme doué de capacités prédictives, explicatives et génératives, autrement dit un langage permettant de décrire, d'expliquer et de maîtriser les phénomènes. ...nous voici confrontés de nouveau à notre question fondamentale : comment un ensemble de symboles abstraits, articulés par un jeu de règles précises, issu très souvent d'une activité purement intellectuelle, peut-il posséder de telles capacités d'adaptation au monde empirique, au monde des résultats expérimentaux ? … il convient aussi de saisir les dédales du processus historique qui, progressivement, tisse des liens bilatéraux étroits entre les mathématiques et les sciences naturelles ou humaines. La perception usuelle est affaire d'inné et d'acquis, la découverte du monde empirique par le biais des mathématiques significatives l'est également : elle procède d'une part, d'une capacité mentale, innée et conditionnée par l'évolution, qui permet à l'être humain de s'accrocher à des éléments de réalité empiriques, et, d'autre part, d'une capacité acquise par un long apprentissage historique, par une lente genèse qui, par infiltrations d'informations empiriques, coadapte les mathématiques à une description des champs phénoménaux. »

 

Faut-il penser comme Léopold Kronecker, un mathématicien du XIXe siècle, que les nombres entiers sont la création de Dieu et que tout le reste est l’invention de l’homme ou faut-il que nous nous accordions à dire avec Albert Einstein, que « la suite des nombres entiers est manifestement une invention de l’esprit humain, un outil qu’il s’est créé lui-même pour faciliter le classement de certaines expériences sensorielles » ?

Dans l’ouvrage intitulé The Number Sense: How the Mind Creates Mathematics (Oxford University Press, 1997), Stanislas Dehaene indique que les nombres entiers – les plus petits en tous les cas – sont solidement établis dans le système nerveux humain par un processus évolutif, ainsi en est-il aussi d’une propension élémentaire à compter et soustraire. Les mathématiques, selon lui, sont ancrées dans l’architecture de notre cerveau. Mais pas seulement le nôtre mais ceux d’autres espèces vivantes, faisant ainsi de cet instinct du nombre non pas un concept éthéré mais une création neurologique, résultant de la façon dont le cerveau, limité dans le temps et l’espace, analyse le monde à chaque étape de son évolution.

A l’Université de Californie à Berkeley, Dr Lakoff et Dr Nunez affirment que l’origine des mathématiques ne se trouve pas dans le cerveau mais dans le corps humain et l’univers physique. On préfère le système numérique fondé sur la base 10 parce que l’homme a dix doigts et dix orteils. Les populations primitives ont exploré les méandres du calcul en jouant avec leurs doigts, empilant roches et cailloux les uns sur les autres. Ils ont pris conscience des distances en faisant un pas après l’autre. L’invention de concepts plus abtraits a introduit des métaphores de base. L’invention des mathématiques a été l’occasion pour l’homme de créer d’autres métaphores dites de connexion.

 

Et c’est ainsi, étape après étape, que la babel des mathématiques, fruit de l’activité physique, a été créée.

 

*Useful Invention Or Absolute Truth: What Is Math?, New York Times, Georges Johnson, Feb.10th 1998, traduit, adapté et commenté par Ysia.

Pourtant tout en fait ne s’explique pas par les mathématiques sinon il serait tellement plus aisé d’expliquer la psychologie humaine, les marchés financiers ou de prévoir sur le long terme la météo… Les nombres président-ils à notre existence ou les avons-nous créé pour mieux interpréter l’univers. Un peu des deux…De deux choses l’une, soit il nous reste encore à découvrir d’autres règles mathématiques dans le domaine de la mécanique quantique ou dans d’autres plus abstrus et confirmer une fois de plus la prédominance des nombres, soit ce principe d’applicabilité est faux. De là la raisonnable inefficacité des mathématiques

Partager cet article
Repost0

La boucle est bouclée

Publié le par Ysia

Je me reconnais dans les anciens coureurs de bois foncièrement indépendants et en rébellion contre l'autorité et vois le monde à travers le regard de l’artiste.

A quoi ressemble l’Europe du XVIème siècle? Une Europe ravagée par la guerre menée par l’empire espagnol contre l’Europe protestante qui fuit en masse vers l’Amérique, et financée grâce aux immenses richesses dépouillées par la force  et ramenées de cette même Amérique (pp.26-27, Colin Woodard, American Nations, 2011). Toute cette ambition pour en arriver à quoi ? Au déclin inexorable de l’empire espagnol.

 

Ainsi commence la conquête de l’Amérique. Mais qu’est-ce que l’Amérique ? El Norte, un territoire espagnol où les indiens étaient asservis au nom de l'église, la Nouvelle France au Nord et au Sud avec la Nouvelle-Orléans où le rêve de Champlain concrétise un vivre ensemble entre Amérindiens et Français, la côte dite Tidewater semi-féodale des ancêtres de George Washington, George Mason et Robert Lee souhaitant reproduire l’Angleterre de l’aristocratie normande,  le pays des Yankees dit Yankeedom,  utopie religieuse, théocratie protestante des puritains, le centre dit Midlands des pèlerins et des quakers, la vaste région dite des Appalaches, violente et pauvre des rebelles écossais et irlandais partisans de se faire justice eux-mêmes, le Sud de la société esclavagiste de la Barbade  qui s’implante progressivement depuis Charleston en Caroline du Sud….

 

 De la pauvreté britannique à la pauvreté américaine. Est-ce cette extrême misère, transplantée en Amérique, qui se retourne contre ses précédents souverains et alimente les rangs de l'armée continentale dans les années 1770? Tout au long de l'histoire se déversent dans la presse et autres moyens de communication les mêmes craintes face aux nouvelles vagues d'immigration. C'est une nation britannique ravagée par des guerres successives qui nourrit le flot migratoire tout comme les guerres sur le continent africain ou au Moyen-Orient exacerbent les flux migratoires aujourd’hui. L'histoire des États-Unis révèle la rivalité de deux idéaux: la liberté individuelle contre la cohésion sociale. C’est dans ce contexte que, pour la première fois,  sont adoptées les premières lois contre l'immigration sous la présidence de John Adams.

 

La  défaite de la France provoque la déportation des Acadiens tandis que la guerre d'indépendance et la guerre anglo-américaine de 1812 causent la migration vers le nord des populations éprises de paix du Yankeedom et du centre dit Midlands (quakers et autres communautés). Le Vermont est déjà alors le champion des droits des esclaves et l'ennemi des spéculateurs new-yorkais (p.157, ibid.)

 

Alors commence la conquête de l'Ouest menée simultanément par les principaux protagonistes, à savoir les populations du nord-est Yankeedom aux idéaux puritains, du centre Midlands de culture allemande et porteur d'une tolérance héritière de William Penn, de la tranche belligérante appalachienne qui affirme l'hégémonie déclarée d'une ethnie sur les autres, renforcée par la culture esclavagiste du Sud et concrétisée dans la personne d'Andrew Jackson et autres extrémistes. Cependant Yankees et Appalachiens cohabitent notamment dans le nord-ouest comme en témoignent les villes yankees et les campagnes appalachiennes de l'Oregon. Contre toute attente, une nouvelle forme de pensée apparaît dans le mélange de culture sur la côte ouest, à la fois idéaliste et individualiste.

 

La guerre civile n'a pas changé les mentalités. Les guerres traversées laissent un goût amer d'autant si elles ne sont pas suivies d'un réel et profond effort de reconstruction sociale et économique. Les disparités économiques entre régions ont toujours existé. Elles n'ont jamais disparu et se sont perpétuées au gré des politiques inhabiles et malavisées et des idéologies destructrices. Une fois la guerre de sécession terminée, de nouvelles formes de résistance intolérante ont véhiculé un message raciste et antiscientifique par le biais des instruments de communication au fil des ans : des cercles fondamentalistes aux universités conservatrices, des stations de radio aux chaînes de télévision, des journaux aux sites web et réseaux sociaux. Comment aider ceux qui refusent de s’aider eux-mêmes, ceux-là même qui refusent les réformes sociales, trouvent une justification dans la religion à l’esclavage ou au tribalisme et dénoncent comme contraires à la volonté divine, aujourd’hui comme hier,  la laïcité, le féminisme, l’écologie et les découvertes de la science moderne?

 

Trente-six millions d'immigrants sont arrivés entre 1830 et 1924 (66 millions entre 1790 et 2000). En épousant les coutumes locales, ce sont les différences préexistantes entre régions qui se sont accentuées. L'immigration s’est limitée essentiellement aux trois régions de la Nouvelle-Hollande, du Midlands et de Yankeedom. La multiethnicité et le multiculturalisme n’ont jamais été que la caractéristique  de ces régions mais pas des autres. Quant à l'Ouest américain, ces peuples de culture ou ethnie différente arrivèrent à peu près en même temps. Mais si l'éducation est le fer de lance des Yankees, dans le sud on a découragé l'éducation mixte des populations noire et blanche et, en Californie, les Japonais n'étaient pas autorisés à s'instruire à l'école jusqu'en 1907.

 

Un cycle historique se termine là où il a commencé: la majorité des immigrants de souche mexicaine s'implante dans la région El Norte qui fut à l'origine espagnole. 

 

Pourquoi le même destin n'a-t-il pas échu au Canada?  Peut-on imaginer une Amérique différente ? De l’avis de Colin Woodard, son histoire et son présent sont plus complexes. Il y a l’Amérique respectueuse et tolérante, il y a l’autre et celle qui oscille entre les deux.

Publié dans Cheminement

Partager cet article
Repost0

Le sort de l'humanité

Publié le par Ysia

Pourquoi parle-t-on d'une croissance économique décevante depuis 1970? Parce qu'elle se cantonne selon Robert Gordon, auteur de l'ouvrage monumental intitulé The Rise and Fall of American Growth (Princeton 2016), dans la sphère limitée des communications, du divertissement et des technologies de l'information. Il est vrai que le progrès observable par l’homme contemporain, s'agissant de l'alimentation, des vêtements, du logement, des transports, de la santé notamment, est depuis 1970 relativement lent en termes qualitatif et quantitatif. Faut-il qualifier d’unique la contribution de la période entre 1870 et 1970 à la croissance économique qui a rompu singulièrement avec la lente progression des cent mille premières années de l'humanité? S’il faut juger de l’importance d’une invention sur l’impact réel dans la vie quotidienne alors ni l’invention du feu, ni la révolution agraire ni la révolution industrielle des siècles précédents ne saurait égaler, de par leur occurrence isolée dans l’histoire de l’humanité, la cadence accélérée des grandes inventions de la période donnée.

Faut-il craindre la stagnation de l'humanité durant les prochaines décennies voire siècles, ne considérer la période de 1870 à 1970 que comme un soubresaut dans l'évolution humaine, une anomalie et prédire le déclin inéluctable de l’humanité dans un divertissement virtuel sans fin, un cycle infernal de passions numériques?

Ce que je crois, c' est que dans ce débridement du réseau informatique se trouve un nouveau siècle des lumières, un éveil au monde et aux autres, la gestation des grandes inventions futures, une tout autre forme d'énergie qui pourrait révolutionner le monde. Mais il est trop tôt pour le dire. Le présent recèle les germes d’un bouleversement futur.

 S’agissant des aspects positifs de la culture Web, ne sous-estimons pas le pouvoir de l’Internet dans le domaine de la diffusion de la connaissance des sciences, de la philosophie et des libertés. Toutes les idées ne sont pas bonnes à prendre, certaines sont même fallacieuses. Mais rien n’est parfait dans ce monde. Même les glorieuses inventions ont progressivement apporté leur lot d’inconvénients, notamment le transport routier, ses conséquences dramatiques sur l’environnement et le nombre élevé des accidents de la route.

L'information en nuage est-elle une conscience collective, un niveau supérieur de l’humanité?

Le ton pessimiste de Robert Gordon peut aussi être interprété comme une sonnette d'alarme, un rappel du but fondamental d'une grande invention future qui serait d'améliorer l'existence quotidienne, de protéger l'environnement naturel et d'élever le discours des êtres.

Comment est-ce possible qu’au cœur de l’abondance persiste la misère de plus de 50 millions de personnes vivant dans des foyers en situation d’insécurité alimentaire, en particulier les ménages dirigés par des femmes dans le Sud des États-Unis et les centres urbains des grandes métropoles ? Et comment se fait-il qu’une relation confirmée dans les chiffres existe entre pauvreté et obésité ?  Et comment ne pas souligner l’impact de la pauvreté sur l’espérance de vie? Alors qu’en Europe, un système de protection sociale était déjà mis en place sous Bismarck dans les années 1880, comment expliquer que l’Amérique possède encore aujourd’hui le système de protection sociale le plus cher et le niveau d’espérance de vie le plus bas des pays les plus riches ?

A la recherche de mondes multiples ou parallèles? Utopie!

Il  est  remarquable de noter que l'espérance de vie ne s'était guère améliorée avant 1870 voire 1890.  Même les femmes avaient vu leur espérance de vie se dégrader en l'espace d'un siècle. Comment expliquer un tel bond en avant? Il semble que de nombreux facteurs y ont contribué : les progrès de la médecine, une meilleure nutrition, l'hygiène sanitaire, l'aménagement des eaux, les réglementations nouvelles concernant l'approvisionnement en alimentation et les services de santé, l’amélioration des conditions de travail et la diminution de la violence.  Même  les moustiquaires inventées dans les années 1870 y ont été pour quelque chose. Cependant l’embellie n'était pas générale mais dépendait des conjonctures sociales et des circonstances locales, notamment dans le sud des États-Unis.

Il  faut souligner cependant que même si la mortalité due aux maladies infectieuses est passée de 37 % à 2% de 1900 à 2009, dans le même temps, la mortalité due aux trois maladies chroniques (cancer, infarctus, maladies cardiaques) est passée de 7%  à 60%.

Les hôpitaux n’étaient pas subventionnés par le gouvernement ni ne faisaient payer les pauvres mais étaient financés grâce à de riches philanthropes et aux associations religieuses ou ethniques. En 1926, seulement 28%  des hôpitaux étaient la propriété du gouvernement fédéral ou local. Qu'est-ce qui accélère le coût de la vie? Trouve-t-on encore des docteurs qui offrent gracieusement leurs services aux pauvres ? On déplore depuis lors le coût des écoles médicales, le monopole de la collation des grades et des titres universitaires, comme celui du doctorat de médecine,  la hausse constante du coût des soins hospitaliers, des équipements de plus en plus onéreux et des spécialistes aux tarifs toujours plus exorbitants. Combien restent-ils de dispensaires et de cliniques gratuites pour les pauvres ? Combien inadéquate demeure l'assurance-maladie ? Aujourd'hui tout comme hier on évite de voir le docteur pour ne pas payer de frais médicaux. Quel est le nombre de personnes qui meurent faute de moyens ou qui se sont vu refuser des soins? 35 000 à 45 000 Américains entre 18 et 64 ans meurent chaque année parce qu'ils n'ont pas d'assurance-maladie, selon l'Université Northwest qui cite une étude parue en 2009.

 

Publié dans Cheminement

Partager cet article
Repost0

La vérité sur l’adaptation humaine

Publié le par Ysia

L’histoire de l’humanité regorge d’exemples, de situations ou de faits auxquels des peuples ou des hommes ont cru, dur comme fer, mais qui se sont avérés faux et qui, pour nous contemporains, auraient dû paraître erronés même alors. Les hommes ont souvent persisté dans des actes ou actions qu’ils ont cru viser l’effet escompté en dépit que, comme la science nous permet de le comprendre aujourd’hui, ces actes ou actions auraient inévitablement échoué. (Oliver Morton, The planet remade, p.130). Malheureusement, comme il est souvent le cas, une victime majeure des jeux politiques habituels est l’effort indispensable pour permettre à une population de s’adapter aux défis inexorables de la mondialisation ou, dans ce cas particulier, des changements climatiques. L’adaptation a de grands avantages sur les réductions des émissions de gaz de serre (connues dans les cercles politiques pour n’être que des mesures d’atténuation) dans la mesure où de nombreuses sociétés dans le monde ne sont pas particulièrement bien adaptées aux conditions climatiques actuelles. Les préparer à leur éventuelle aggravation future pourrait en fait être effectivement bénéfique ici et maintenant. (ibid., p.146). Cette obstination à refuser toute idée d’adaptation et la question des moyens financiers nécessaires à la préparation sur une grande échelle de certains pays en développement ont gravement affaibli la capacité de la communauté mondiale à s’attaquer aux changements climatiques.

Comment briser le cercle de la pauvreté? Le taux de réussite au baccalauréat n'a jamais été aussi haut en France alors qu'aux États-Unis, que faire des quelque 25% de jeunes qui ne finissent pas l'école secondaire, un nombre qui stagne depuis 1970? Alors que les États-Unis étaient les premiers autrefois s’agissant de la réussite universitaire, aujourd'hui ils ne sont plus qu'à la 15e place tandis que le prix des études universitaires ne cesse de grimper et est dix fois plus élevé qu'en 1950. Depuis trente ans, plus de femmes que d'hommes terminent leurs études universitaires. La femme américaine de moins de 30 ans gagne plus qu’un homme de la même tranche d’âge (à l'exception des trois plus grandes villes américaines). Depuis la récente récession, seulement une femme pour trois hommes a perdu en moyenne son emploi. Mais en dépit du plus grand nombre de femmes dans le monde du travail, la tendance s’est renversée depuis 2000 et l'écart des salaires entre Blancs et Noirs stagne depuis les années 1990 (Robert Gordon, The Rise and Fall of the American Growth).

Publié dans Cheminement

Partager cet article
Repost0

Psychologie environnementale

Publié le par Ysia

Est-ce que c’est vrai ce que l’on dit que la moitié du monde ne sait comment l'autre vit ? Rabelais l’écrivait  il y a cinq cents ans. La phrase fut reprise par Jacob Riis pour dénoncer de manière emphatique la triste condition de vie des immigrants européens arrivés à New York à la fin du XIXème siècle. Mais c’est une expression, pas  une exacte mesure des choses,  qu'il a utilisée pour dépeindre la situation des quartiers pauvres du sud de Manhattan en ajoutant que si la moitié du monde ne sait comment l'autre vit, c'est parce que ça lui est égal.

De Jacob Riis à Bob Adelman et JR, on a montré génération après génération l’autre face du monde, celle des ghettos, des favellas, des zones de bidonvilles. Jacob Riis n'était pas un économiste, mais il a eu la clairvoyance de souligner l'impact de l'environnement physique et social, familial et culturel sur les membres d'une population.

Il est clair, à la lecture du livre de Robert Gordon, que les conditions historiques et environnementales d'un pays ou d'une région donnée ont un impact certain sur l'évolution économique dans le temps.

Publié dans Cheminement

Partager cet article
Repost0

Monde à ARN

Publié le par Ysia

La vie pourrait tout aussi bien partir de l'ARN sans avoir besoin de l'ADN dans un processus de réplication sans fin. La seule différence est que l'ADN est dotée d'une plus grande capacité à emmagasiner l'information. Le proto-ARN est une première forme de génome, c'est-à-dire une enzyme primaire. Les bactéries, archées et eucaryotes forment les premières branches de la vie. Le simple fait que l'ARN s'autoréplique même avec des erreurs participe de l'évolution.

Les introns disparaissent pour réapparaître au cours du processus évolutif. L'ARN précède l'ADN dans un monde dicté par la chimie prébiotique. Mais d'où vient l'énergie nécessaire à la création de l'ARN? Un débat s'est fait jour sur la question de savoir, notamment, si les mitochondries sont apparues avant les eucaryotes pour être englouties dans une bactérie. L'ARN se présente sous bien des formes dans la plupart des bactéries. Ainsi l'évolution se poursuit à plusieurs niveaux : l'intron, l'organisme et la population.
Mais alors, à  l'avenir, les ordinateurs seront-ils suffisamment puissants pour créer la vie ? Et seront-ils à même d'acquérir ou de développer une conscience d'eux-mêmes?

Partager cet article
Repost0

Faut-il que l'univers recèle le mystère ?

Publié le par Ysia

Mystère de la vie: pourquoi la vie a évolué de la façon que nous connaissons et pourquoi les cellules sont alimentées par une force proton-motrice? La vie complexe est née à partir d'une endosymbiose unique entre des cellules hôtes de type archéen et des bactéries devenues mitochondries. L'origine de la vie est-elle accidentelle? Sommes-nous seuls dans l'espace vide universel?

Non. La vie est le fruit inéluctable de la chimie cosmique omniprésente et parfois même invisible dans l'espace, dans l'air, sous nos pieds, à des millions d'années lumière, dans des univers parallèles. La vie s'exprime dans une variété infinie d'organismes évoluant à l'infini sans que cela n'exclue une discontinuité profonde, intrinsèque et tragique au cœur même de la biologie organique. C'est une terre animée qui a donné naissance à la vie. Les eucaryotes monophylétiques ont constitué un foisonnement riche et varié d'endosymbioses. Une population de cellules eucaryotiques, morphologiquement complexes, est apparue à un moment donné et tous les animaux, plantes, algues et mycètes ont évolué à partir de cette population fondatrice.

Mais ce trou noir au cœur de la biologie, ce vide phylogénétique, peut-il être expliqué grâce à l’exploration de l’espace ? Planètes et étoiles sont nées à partir de nébuleuses. La mission spatiale Dawn actuellement en orbite autour de la planète naine Cérès a déjà révélé d’intéressantes données sur Vesta.

La prochaine mission Osirix-Rex dont le lancement est prévu pour septembre prochain sera la première sonde spatiale américaine à rapporter des échantillons inestimables s’ils nous parviennent sans contamination. Alors ces témoins de la formation du système solaire nous divulgueront leurs secrets.

Mais c’est au fond des mers que se trouve la clef du mystère, ce chaînon manquant, sous la forme du parakaryon myojinensis, le paracaryote à la morphologie intermédiaire.

A la rencontre de Luca...

Publié dans Les deux infinis

Partager cet article
Repost0

Juno

Publié le par Ysia

Juno entrera en orbite le 4 juillet. Pour la première fois, la trajectoire d'une mission spatiale se fera d'un pôle à l'autre et non pas à l'équateur, lui donnant ainsi l'occasion d'étudier les aurores boréales de Jupiter. Sa mission durera un an et demi après avoir effectué 37 survols d'abord plus lointains puis plus proches. Étant donné l'incroyable champ magnétique de Jupiter, il a fallu imaginer une trajectoire d'ellipse en ellipse pour parvenir en orbite.

La mission fut conçue pour répondre aux questions relatives à la genèse de l'univers il y a cinq milliards d'années. Après la formation du soleil, Jupiter devint la première planète du système solaire à se former. On pense qu'elle se compose d'éléments premiers ailleurs indétectables qui permettront de mieux comprendre les premiers instants de l'univers. On se rappelle que, lorsque la sonde spatiale Galileo fut lancée, la détection de traces d'oxygène fut malheureusement peu concluante. Juno a donc pour objectif de mieux identifier la présence d'oxygène dans l'atmosphère jovienne.

La sonde devrait finalement sortir de l'orbite à moins que NASA ne soit en mesure sur les plans financier et technique de continuer son orbite, la mission Juno n’étant qu’un des multiples projets rivaux de la NASA. Étant donné l'incroyable radioactivité de l'environnement jovien, une mission doit considérer en premier sa faisabilité dans le temps et obéir aux lois régissant la protection de l’espace habitable, c'est-à-dire le principe de non-contamination, notamment pour la lune Europa faite de glace et donc potentiellement habitable.

Publié dans Les deux infinis

Partager cet article
Repost0

Langues et environnement

Publié le par Ysia

Les langues sont des perspectives du monde variées, multiples. Ces perspectives colorent notre façon de voir les choses et sont particulières à chaque groupe linguistique. Les langues indigènes de l’Arctique par exemple ont un lien unique avec l'environnement. Pourtant 21 ont disparu et 28 sont le plus gravement menacées d’extinction.

Partager cet article
Repost0

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>