De l’art de se cramponner à sa propre humanité

Publié le par Ysia

L’être humain est libre de choisir s’il veut vivre comme s’il était seul sur une île ou se confronter à l’inconnu. L’éléphant qui s’enfonce toujours plus profondément dans le désert ou la forêt pour échapper aux hommes allant jusqu’à dissimuler ses défenses dans les broussailles est-il un être sensible ? Le fait qu’il reste pendant des jours au chevet de la carcasse d’un membre de sa famille lui donne-t-il le titre d’être sensible ? Et l’être humain qui rationalise l’évanescence des choses et des êtres pour mieux les ignorer manque-t-il d’humanité ?

Il y a 500 ans, le voile se levait. L’invention de l’imprimerie favorisait sur le long terme la diffusion d’idées nouvelles. Pour la première fois en 1576, Thomas Diggers représentait la  perspective copernicienne d’un espace infini et William Gilbert tentait en 1651 la description de systèmes multiples. Nicolas Bion publiait en 1699 l’Usage des globes célestes et terrestres et des sphères et Bernard Le Bovier de Fontenelle osait imaginer en 1686 que les étoiles étaient autant de soleils dont chacun éclaire un monde. La sphère armillaire, objet astronomique tridimensionnel, nous donnait une idée de ce qu’est notre place dans l’univers et d’autres ensembles mécaniques mobiles, les planétaires, offraient un gros plan sur notre système solaire. 

Le cerveau a évolué de sorte qu’il s’autorise à méditer sur lui-même. Les branches des arbres à la fin de l’hiver rappellent les axones qui se déroulent créant à chaque embranchement un potentiel de sensations et de sentiments. Des gènes au mystère de leur expression. Imaginer l'extraordinaire, c’est vouloir rendre ordinaire tous les possibles. Savants et artistes écrivent un guide de voyage pour l’humanité afin qu’elle franchisse les frontières ultimes de la conscience et l’univers. Êtres libres et sensibles, ils l’invitent à s’interroger. Isaac Frost en 1845 dessinait le système newtonien de l’univers et Chesney Bonnestell, le père de l’illustration spatiale moderne, imaginait les premiers mondes inexplorés. 

Dans un mouvement qui rappelle l’avènement de l’imprimerie il y a 500 ans,  les moyens virtuels favorisent aujourd’hui la diffusion des idées, germes d’un bouleversement futur...

Publié dans Les deux infinis

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Dématérialisation

Publié le par Ysia

Si l’activité économique se dématérialise, ce sont les réseaux sociaux et moyens virtuels qui véhiculent le changement des modes de consommation. Ont-ils un effet persistant sur la pensée conceptuelle ? Sont-ils objectivement les précurseurs d’un cycle de spiritualisation ? Considérer le progrès sur le long terme.

Sous le voile qui couvre les notions primitives de l'espace et du temps, la physique quantique marque la  dématérialisation du monde. Au cœur de l'information quantique intégrée dans l'espace-temps se cache l'amplituèdre qui simplifie les calculs dans les interactions entre particules et remet en cause l’espace et le temps en tant qu’éléments constitutifs fondamentaux… Ou peut-être y-a-t-il un autre objet géométrique qui inclura la réalité que nous vivons de la gravité.

La vie sous toutes ses formes et à tous les niveaux se présente comme un processus de régulation et d’organisation des cellules aux écosystèmes… Alors imaginons que nous sommes nés dans un autre écosystème, celui d’une des planètes de la zone habitable du système Trappist-1! Nous ne serions plus seuls dans l’univers mais libres de côtoyer les habitants des planètes voisines. Serions-nous freinés par ces mêmes réactions parfois disproportionnées aux stimuli de l’environnement,  ces défenses instinctives gravées dans nos cellules ou au fond du gouffre infantile ? Et si la mémoire se libérait…

Des transformations sur le long terme s'accomplissent imperceptiblement. Happés par la vie quotidienne, l’angoisse vient de l’incertitude que fait naître le présent éphémère. Doutant de la marche positive du temps et du déclin progressif des passions, elle incite à s’accrocher au quotidien comme s’il offrait quelque permanence. L’historien futur pourra mesurer l'empreinte du présent à l’image du paléoanthropologue qui théorise les empreintes laissées sur les parois des cavernes et les galets millénaires ou comme d'autres qui théorisent aujourd'hui l'univers des étoiles.

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À la découverte de l’univers

Publié le par Ysia

Le télescope Kepler lancé par la NASA en 2009 a scruté le ciel à plus de 120 millions de kilomètres entre les constellations du Cygne et de la lyre. Ainsi ont été découverts la première exoplanète riche en oxygène (Gliese 1132b), le premier monde aquatique (Gliese 1214b) et la première planète de la taille de la Terre dans la zone habitable (Képler-186f). En mars 2016, l’équipe de l’Université de Columbia (Cool World Lab) a annoncé la découverte de Képler-167e à mille années-lumière  de la taille de Jupiter et tout aussi froide (-220 F).

Armé de 42 capteurs, le télescope Kepler a sondé environ 150 000 étoiles, ce qui ne constitue qu’un millième d’un pour cent de la Voie Lactée. Cela a toutefois produit près de deux millions de points de données pour chacune d’entre elles. L’Université de Columbia est l’une des centaines d’universités et de centres de recherche dans le monde qui téléchargent et décodent les données. Ces données pourront permettre de déterminer le rayon de rotation, la masse ou encore la réflectivité de l’atmosphère des exoplanètes.  Kepler  a recueilli les données en photographiant  les étoiles et en enregistrant un tableau de pixels qui mesurent leur luminosité. Convertir ces données en fichiers informatiques décodables présente un extraordinaire défi. La clef serait de pouvoir écrire des codes permettant aux ordinateur de décoder en quelques heures ce qui sinon risque de prendre des décennies.

À quoi ressemble l’atmosphère des exoplanètes ? Contiennent-elles de l’eau ? Quel effet cela fait-il de marcher à leur surface ? La vie existe-t-elle dans ces mondes ?

Grâce aux avancées technologiques, nous serons mieux à même un jour d’observer leur relief  comme les montagnes qui peuvent être le signe de plaques tectoniques, les océans, la végétation ou  les calottes de glace. Mais quasiment rien n’est connu aujourd’hui de la topographie des exoplanètes et c’est aux théoriciens qu’il appartient de spéculer.

Les exoplanètes reflètent un milliardième la lumière d’une étoile. Les exolunes qui orbitent autour d’elles sont encore plus pâles et donc encore plus difficiles à détecter. Nous attendons au printemps la confirmation d’une lune autour de Kepler-1625b, ce qui serait une première.

Du trillion d’exoplanètes dans la Voie Lactée, dix pour cent environ, soit cent milliards pourraient contenir de l’eau et se situer dans la zone habitable. Le projet Breakthrough Starshot qui devrait prendre deux décennies pour être mis sur pied et deux autres décennies pour atteindre sa destination Proxima b fait rêver.

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Le monde des émotions et des sentiments

Publié le par Ysia

L’authenticité n’est possible que si l’on sait qui l’on est et ce que l’on veut, autrement ce n’est qu’un miroir aux alouettes, un jeu d’ombres et de réalités.

C’est le réseau par défaut qui est actif durant nos instants de rêverie, nos plongées mélancoliques, lorsque nous nous apitoyons sur nous-mêmes ou lorsque nous imaginons les dix mille scénarios du futur. Mais dès que nous reprenons une  activité qui demande notre attention à la différence des tâches machinales ou routinières, cette partie de notre cerveau est déactivée.

Le soi se fonde sur des états émotionnels et affectifs, des sensations physiques aussi diverses que le battement du cœur, la respiration,  la faim, la soif ou les impulsions instinctives. Le soi, en tant que programme de maintenance automatique, est la manifestation de sentiments instinctifs qui instaurent en nous un dialogue sans filtre.

Dans le même temps, le soi n’est soi que par rapport aux autres qui sont distinctement autres et donc perçus comme différents de nous. Il réside et voyage dans un espace éthique et culturel, legs d’une conscience collective telle que définie par Freud. S’il faut voir dans le soi une identité transtemporelle, la conscience collective en est l’origine lointaine,  le monde phénoménal et le monde neurobiologique y sont inextricablement imbriqués.

Les sentiments sont la motivation qui nous anime. Ils servent d’étalon de mesure, de système de suivi dans notre quotidien et sonnent l’alarme à chaque transgression sociale ou culturelle ou renforcent l'ego, boîte de résonance de la personne sociale. Cultures et émotions se nourrissent les unes des autres. On entend par culture un vaste ensemble d’objets, de pratiques et d’idées qui englobent notamment nos systèmes de valeurs et la religion. Ces deux-là sont tributaires de leur géographie, delà naissent les conflits culturels que certains considèrent être l’expression de la réalité alors qu’ils ne sont que l’expression des émotions, des ombres qui encombrent la conscience collective.

L’évolution participe des génomes au cours de milliers de générations, des modifications épigénétiques et des facteurs culturels au cours de plusieurs voire dizaines ou centaines de générations et de l’influence parentale. 

Dans cet entremêlement, les émotions et sentiments sont des outils maladroits de régulation. Ils nous préviennent des risques encourus, des dangers à affronter et des crises auxquelles il nous faut pallier. Ils peuvent, sous le contrôle de la raison, nous guider sur le chemin de notre destinée.

Les synapses s’embrasent et la pensée coule comme une rivière d’amont en aval. Le soi est un collectif de processus dynamiques qui traitent l'information. De cette conscience du soi découle le sentiment d’être des agents. Que ce sentiment soit ou non une illusion, il a une fonction : il est là pour nous convaincre que le soi est au gouvernail, qu'il dirige le fonctionnement moteur et social de l’être physique. Mais la conscience du soi est-elle capable d’autonomie mentale si elle ne peut déterminer quand elle divague ou quand elle est rationnelle, plongée dans un épais brouillard ? L’autonomie mentale, c’est de faire la part des choses entre ombres et réalités, d’observer ses pensées sans rationalité excessive ni aveuglement, avec bienveillance et malgré la vulnérabilité des mécanismes sensés garantir cette autonomie - un juste équilibre qu’il faut maintenir à chaque instant de la vie. Dans le dialogue entre le cœur et le cerveau, le souffle de la respiration peut calmer le tumulte de l’esprit.

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L’Histoire inconsciente

Publié le par Ysia

Pourquoi est-ce que le temps court prime sur le temps long ? Parce que nos sociétés privilégient la pensée économique au quotidien.

Le monde, la chair et le diable autrement dit la confrontation avec ce qui est extérieur au soi, avec la forme corporelle du soi et avec les démons intérieurs qui agitent le soi. Que dire du monde ? Que la pollution de l’air fait 4 400 victimes chaque jour en Chine selon le professeur Richard Muller de l’Université de Berkeley. Que les villes produisent 75% des émissions de dioxyde de carbone dans le monde, que le nombre de victimes par armes à feu aux États-Unis est  33 000 par an d’après le CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies). Et que dire du barrage des Trois-Gorges ?  Qu’il a provoqué le déplacement d’1,2 million de personnes et détruit 13 villes, 140 bourgs et 1 350 villages  et  que le barrage sur le Mékong causera une catastrophe écologique encore plus dévastatrice.

 

La conscience, forme complexe de préhension, intervient dans l’espace triangulaire du monde, de la chair et du diable. Le philosophe Alva Noë dans son livre intitulé Out of Our Heads affirme que la conscience n’est pas limitée dans la tête mais agit entre l’esprit et l’environnement physique.   D’un point de vue pratique, il faut la comprendre en tant qu’activité, comme, par exemple, dans l’expérience des couleurs, qui résulte de la complexe interaction entre la lumière physique et notre système nerveux optique (The reality of color is perception par Mazviita Chirimuuta. Nautilus, issue 56).

La psyché freudienne se divise en trois éléments: le surmoi, le moi et le ça comme identité primitive. Sur ces trois éléments se transpose l’espace triangulaire du monde, de la chair et du diable dans les limites duquel le futur de notre âme sensible est incertain. Sera-t-elle corrompue ou carrément évincée ? Faut-il voir dans l’intellectualisme et les froids calculs politiques les prémices de ce qui nous attend ?  Quelle voie l’humanité choisira-t-elle? Sera-t-elle plus préoccupée par la recherche scientifique ou voudra-t-elle répondre à l’urgence des besoins psychologiques des êtres ? Si, vraiment, l’ambition que nourrit l’être humain de modeler l’univers à sa guise est ni plus ni point une forme d’art, alors cet art doit compter sur notre perception sensible. Il nous appartient effectivement de revaloriser la sensibilité et d'étendre notre cercle de compassion de tous les êtres à la planète.

La conscience au rythme de l’évolution et par le jeu des mutations/variations génétiques, s’exprime à travers tous les êtres. Comme une lame de fond, elle s’engouffre dans l’être, récepteur d’émissions, qui y répond. Ce qui les sépare est la capacité inhérente à chacun de la véhiculer.

C’est une véritable révolution cognitive qu’il faut provoquer, une révolution dans la psychologie des hommes qu’il faut encourager, une nouvelle métamorphose hominisante afin de permettre le triomphe de l’âme rationnelle sur le long terme. La troisième lutte, celle avec nos démons intérieurs, est  la plus farouche.

 

La vie et la conscience vont de pair. Elles s’étendent depuis le commencement jusqu’au bout de l’univers. La vie est le fruit de la chimie dans l'air, sous nos pieds, à des millions d'années-lumière. D’après Jeremy England, physicien de MIT (Massachusetts Institute of Technology), le processus d’entropie implique que toute molécule demeurant suffisamment longtemps sous les rayons de la lumière finira par se métaboliser, se mouvoir et se reproduire – c’est-à-dire devenir vivante. De l’émergence spontanée à la force motrice,  la vie sur terre résulte de la thermodynamique. 

Y a-t-il ailleurs quelque part dans l’univers une biochimie différente de celle qui est à l’origine de la vie sur terre ? Et dans ce cas est-elle doublée d’une autre forme de conscience ? Considérer l’avenir sur le long terme est une approche à la fois optimiste et réaliste. Réaliste parce que, en dépit de toutes les spéculations basées sur  notre appréciation des événements présents ou passés, nul ne sait prédire l’avenir.

A l’intersection de l’idéalisme et du pragmatisme, si la vie est un jeu, il y a deux sortes de joueurs : ceux qui participent dans le seul but de gagner et ceux qui sont convaincus du fait que l’important, c’est de participer. Gagner à tout prix implique vouloir exercer son pouvoir coûte que coûte sur l’autre et sur l’environnement de matière. Mais la vie est un jeu infini qui a démarré il y a des milliards d’années et ni vous ni moi ne serons là pour constater le devenir de ce processus dont les règles évoluent éternellement de la genèse au gène, des cellules aux civilisations…

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L'esprit vagabond

Publié le par Ysia

Des affres de la rêverie…

Sur l’arbre phylogénétique perchent le singe, le cheval et le dauphin. Le chantefable ou texte adapté du Vimalakīrti Nirdeśa Sūtra, manuscrit de Dunhuang, emploie l’expression 心猿意馬 qui signifie que l’esprit gesticule comme un singe et s’emballe comme un cheval au galop. Xin, idéogramme fondamental dans la littérature du bouddhisme signifie autant 'esprit' que 'cœur'. La conscience agit comme un dialogue entre le cœur et le cerveau. C’est la pensée visuelle qui stimule les errements de l’esprit.

Les pensées germent et déclenchent des mécanismes émotionnels physiques comme la peur et la peine. Ce processus se fonde sur un inconscient affectif, bagage de l’odyssée individuelle ou collective humaine.

D’une image, le dialogue intérieur naît. C’est le réseau par défaut dans le cerveau qui est actif lors de cette errance mentale. Je ne sais comment qualifier le soi rêveur ni même s’il existe. Mais s’il existe, il semble qu'il soit composite.

Chaque être vivant est l’agglomérat inextricable de matières organiques qui apparaissent dans leur corporéité en suivant des règles immatérielles sous l’emprise des sensations , limitées par les perceptions et dominées par l’acte volitionnel au sein de la conscience .  

Dans le théâtre de la vie, l’être humain est le plus clair du temps une marionnette actionnée au moyen de fils tirés du plus profond de l’inconscient. La pensée comme un dauphin jaillit hors de l’océan de notre inconscient. Elle surgit et replonge dans l’océan de l’oubli. Parfois, elle n’est qu’une vague impression, une idée furtive qui glisse juste au-dessous du seuil de conscience. Tout comme ce dauphin que l’on observe, on peut apprendre à observer le cheminement de nos pensées et expliquer leur raison d’être. Ce sont parfois plusieurs dauphins qui se disputent notre attention. Un à droite, un à gauche et nous voilà plongés dans des tergiversations qui paralysent notre élan de décision. L’intuition est prisonnière de notre pérégrination mentale, de ce processus de régulation émotionnelle qui agite l’esprit.

D’autres ont aussi tenté de décrire le soi. Est-il quadruple ? Est-il quintuple? Est-il multiple?

Comment cette cacophonie se déroule dans notre tête ? La pensée flotte, musarde, et s’égare, pour certains parfois, la moitié du temps. Et c’est là qu’interviennent les trois enseignements de William Osler : il faut apprendre à se concentrer sur son quotidien sans se préoccuper du lendemain, appliquer la règle d’or et cultiver l’équanimité avec courage et humilité car ce que l'avenir me réserve, je ne saurais le dire - et là mon avis diverge de celui de William Osler - ni ne devrais plus m’inquiéter de la mémoire du passé ( Remarques à l'occasion d'un dîner d'adieu à New York (20 mai 1905), publié dans Aequanimitas, et autres adresses (édition de 1910), p. 473).

Il est dit dans le Vimalakīrti Nirdeśa Sūtra:

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La tentation métaphysique

Publié le par Ysia

Une bataille fait rage entre la conscience et l’inconscient. Le rêve est le flot déferlant de notre imagination involontaire, le débordement de notre imaginaire. L’imagination, trait héréditaire depuis le pléistocène précoce et nos ancêtres Homo erectus, assiste l’acte de réflexion. Si les chercheurs désassemblent les pièces du cerveau pour mieux comprendre son fonctionnement, c’est le rôle du philosophe et la prédilection du poète de s’interroger sur l’inconscient. L’inconscient est l’inspiration de l’artiste. L’imagination marque l’imbrication des informations qui nourrissent le processus cognitif.

Comment nos ancêtres se parlaient-ils à eux-mêmes? Ni les rêves ni l’imagination que sont les moyens d'expression de l’inconscient n’ont attendu le langage pour se manifester. La théorie controversée de Julian Jaynes tirée du livre The Origins of Consciousness in Breakdown of the Bicameral Mind, 1976, invite cependant à un questionnement sur le devenir de la conscience. Imaginons une période avant la conscience, en tant que langage intérieur, lorsqu’une conscience sourde, imagée, animait l’esprit prélinguistique, et imaginons encore l’aube d’une période future dans laquelle la conscience de l’esprit linguistique laisserait la place à une forme nouvelle... un retour en force de l'inconscient?

La conscience, nichée dans l’esprit, est-elle un legs de sagesse ou un legs trompeur de l’évolution des espèces ?

Comment procède-t-elle? A-t-elle besoin de repos pour mieux prendre la mesure des choses? A-t-elle besoin de se replier sur elle-même pour mieux se manifester dans les gestes et les mots, les actes et les intentions ? L'être est affecté d'une propension à la gestation, une disposition naturelle que Darwin aussi portait en lui.

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Legs de sagesse

Publié le par Ysia

Chaque jour offre son lot de découvertes ou l’affirmation d’observations faites au hasard d’un instant.  Dans le froid du matin hivernal, il ne reste plus que la nuée de merles d’Amérique sur les branches du chêne mort pour offrir un doux réconfort. Leur sifflement, comme un murmure de l’âme à l’esprit, est l’énergie de la guérison et me glisse à l’oreille :  « Ne porte plus en toi de blessure intérieure dans ce passage vers la nouvelle année »

 

Parmi les théories développées par les neuroscientifiques  est la théorie de l’information intégrée de Giulio Tononi de l’Université de Wisconsin-Madison qui affirme qu’un système n’est conscient que dans la mesure où les différentes parties qui le composent tendent à agir d’une façon apparemment indivisible et unifiée. J’admets que la théorie n’autorise pas l’octroi d’un niveau de conscience à un groupe d’individus et, a  fortiori, à un amoncellement de grains de sable, mais mon esprit se laisser à imaginer l’effet papillon transposé dans un même corps dans lequel les interactions quantiques entraînent des réactions moléculaires qui, à leur tour, provoquent un mouvement physique. Imaginons la terre comme un corps physique unique dans lequel un battement d’ailes soulève l’ouragan. Et imaginons encore l’univers en tant que corps physique unique dont chaque galaxie suscite des réactions en chaîne...

Mais de quelles parties parle-t-on ? Si le cerveau contient des neurones et les neurones des atomes, ainsi de suite, faut-il parler de conscience à chaque strate du système ? Où réside notre conscience individuelle ? Du microsystème au macrosystème enchevêtrés les uns dans les autres pour ne faire plus qu’Un. C’est l’attention consciente qui détermine lesquels de ces composants du cerveau se mobilisent dans l’exercice de leurs fonctions selon la situation.

Si la conscience d’un système, selon la théorie de l’information intégrée, est tributaire de l’amas d’information collective qui y circule, faut-il en déduire que la toile mondiale, le World Wide Web, est un système conscient ? Peut-on parler de conscience planétaire, de cerveau global de la Terre, de sa noosphère ?

Cette description du monde physique en tant qu’accumulation de strates rappelle la cosmologie bouddhique.

L’espace-temps coupé en tranches, chaque tranche représentant un univers,  chaque parcelle de l’univers contenant le cosmos dans son ensemble, les molécules formant notre corps, les atomes structurant ces molécules provenant du même creuset qui est le noyau de l’univers.

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La boîte de Pandore

Publié le par Ysia

Si le principe anthropique retourne l’affirmation «  je pense donc l’univers existe » dans le sens inverse - c’est-à-dire que l’univers ne peut exister qu’avec l’être humain pour dessein et que des conditions préalables existent dans l’univers qui ont conduit à sa création - alors faut-il en conclure de même pour les abeilles dont l’évolution a dévié de la nôtre il y a 250 millions d’années ? Les abeilles sont-elles une condition préalable de notre existence ou une autre manifestation dans le temps du processus universel ? Le cerveau de l’abeille est doté de tous les éléments constitutifs essentiels dont dispose celui de l’être humain  et si elle reconnaît l’apiculteur, n’est-ce pas le signe du niveau de conscience qui est le sien ? Et d’en conclure que sa vie est tout aussi sacrée que la mienne.

Une autre question se pose: Pourquoi ce corps que j’habite, ce processus physique que je vis, a-t-il besoin d’une conscience? Pourquoi ne peut-il marcher, manger, dormir sans transmettre aucun message intérieur ni ruminer aucune information ?

Et si la matière peut être décrite en termes mathématiques comme une particule et une onde tout à la fois,  ne saurait-on parler d’une onde de conscience qui traverse tous les êtres ?

Avant la conscience, il y avait l’inconscient. Lorsque je rêve, pourquoi les rares mots articulés sont le plus souvent dénués de sens réel ? D’où vient la connaissance de l’inconscient, l’inspiration des rêves ? Ce sont rarement des instructions verbales qu’il y a dans les rêves, plutôt des situations qui laissent une empreinte sur le rêveur. La rareté des mots dans cet état inconscient qu’est le sommeil est l’héritage de nos ancêtres avant le langage. L’être rêvait avant de pouvoir s’exprimer.

Et la mémoire qui enregistre moins des mots parlés ou lus que le contexte d'une situation ou des représentations visuelles, elle aussi a précédé le langage.

Pourtant sans langage, il n’y a pas de dialogue intérieur. Faut-il en conclure que notre voix intérieure est née du langage ? Il reste à différencier le monologue intérieur et les jets d’information qui alimentent le fonctionnement de la conscience.

Au temps du langage gestuel et de la communication par signes, comment nos ancêtres se parlaient-ils à eux-mêmes? Avec la perte du groin animal qui a permis l’adaptation au langage chez l’Homo, a-t-on assisté aux balbutiements de la conscience individuelle?

Mais si l’art a commencé il y a plus de deux millions d'années et si nos ancêtres Homo erectus, habilis, ergaster ... avaient sans doute des pulsions artistiques, alors je ne peux concevoir qu’ils n'aient été animés d’une conscience muette originelle.

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L'esprit quantique

Publié le par Ysia

Si la physique quantique montre comment une particule est  jusqu'à un moment précis une probabilité attendant de se matérialiser, nos pensées, indices de notre conscience, surgissent dans l’esprit suivant un modèle étrangement similaire. La conscience et la physique quantique se reflètent l’une dans l’autre comme dans un miroir.

L'introspection  pareille à une conscience réfléchie mène au sortir de l’ignorance, ce lourd sommeil qui engourdit le bouddha ontologique intérieur.  C'est un effort soutenu pour discipliner l’esprit désorienté dont il s'agit.

Pourra-t-on combler le fossé entre le monde physique et le monde immatériel ? L'univers se décrit en termes fractals, de la structure spirale des galaxies au battement du cœur humain. Le concept désigne un processus décrivant un schéma dans un autre de l’infiniment grand à l’infiniment petit dans une compréhension multidimensionnelle des choses. 

Si nombre de nos actes d’expression les plus intimes ont une nature fractale, se peut-il que notre conscience possède elle aussi un caractère fractal ? L’éveil de la conscience est orchestré par les microtubules dans le cerveau qui ont la capacité d’emmagasiner et de traiter les informations et la mémoire.

Entre le cœur et le cerveau s'est établi un dialogue. Le cœur est le dépositaire de l'âme, le cerveau celui de l'esprit. Alors si le cœur est fractal, la conscience sûrement l’est aussi.

« Et le temps composé de segments fractionnés et qui se poursuit à l’infini est-il fractal lui aussi ? » demande le poète qui visualise les concepts comme d’autres voient défiler les mots devant les yeux.  Dans tout phénomène il y a une part de manifeste et une part de caché.

Et le champ géomagnétique a-t-il une influence sur le siège de l’âme ?  Quel est ce signal vibratoire de basse fréquence  qu’émet la Terre ? Murmure inaudible par l’être humain comme si elle tremblait et dansait sous les faisceaux du Soleil.  Une nouvelle étude a déterminé les fréquences sur lesquelles vibre la Terre, les mêmes qui se cachent sous le fracas des vagues, les sons sourds des fonds de mers.

Les tranches de l’espace-temps sont pareilles aux strates de la Terre. La glace et le bois sont les témoins du temps. Au gré des mouvements tectoniques gronde le magma souterrain qui embrase la croûte terrestre. La conscience transcende toutes les formes de vie.

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