Le regard
La forme, affirme l’exposition sur Léonard de Vinci à Paris, n’est qu’une illusion que le monde, dans sa perpétuelle mobilité, ne cesse d’arracher à elle-même. Si l’on note la tendance à l’inachèvement chez l’artiste, la vie elle aussi est une œuvre fatalement inachevée. Le pouvoir de l’imaginaire tente de remédier à cette fatalité et de porter l’humanité vers le dévoilement de vérités futures. Outre sa magnifique habileté à capturer le regard de ses sujets comme celui de l’enfant qui se fige sur une fleur éphémère, Léonard de Vinci étudia la mécanique des fluides, des phénomènes tourbillonnaires et les interférences d’ondes circulaires, le vol des oiseaux dans et contre le vent, la réflexion du soleil sur les vagues, la lumière cendrée comme réflexion de la lumière solaire sur les mers terrestres, la nature des vagues et la croissance des arbres. Au retour de Paris, j’ai vu le reflet argenté sur l’océan des paillettes d’or blanc que jetait la lumière du soleil automnal le long des rives de Long Island comme le lent écoulement, presque statique, d’un épais liquide d’argent et les vagues fracassées sur le mur naturel de l’île de Feu au sud.