La conscience gravite elle aussi
En relisant les articles précédents, j’espère être mieux à même de poursuivre l’objectif initial que je m’étais fixée, à savoir imaginer ce qu’est la conscience cosmique. Il ne s’agit pas de différents niveaux de conscience, mais de degrés divers de réceptivité et de sensibilité. Des questions subsistent : puisqu’il existe une interconnexion entre tous les êtres à travers la matière – passée, présente et future – pourquoi, même en contact avec le monde extérieur, l'individu n'en est-il pas pleinement conscient ? Si une forme de conscience suprahumaine possède une profondeur de sens et une clarté de vision qui dépassent celles de l'être humain, les étoiles en sont-elles dotées pour les avoir développées depuis des milliards d’années ?
Le corps éthéré de mon âme se balance à un fil accroché à la Lune. La conscience humaine se présente comme un bavardage entre le corps, le cœur, l’esprit et l’âme. Par âme, j’entends qu’il y a une part d’éternité chez l'être humain, une essence éthérée.
J’ai imaginé le temps comme une charrette à quatre roues sur une route sans fin. J’ai même pensé qu’il représentait tout à la fois la charrette invisible, les roues et les rayons des roues ainsi que le cheval qui, la tête dans les nuages nébuleux, tire la charrette à travers l’espace en expansion.
Nous, les passagers de cette charrette rudimentaire, sommes transportés sans savoir où, dotés d’un esprit intuitif en prise aux angoisses. Que nous retrouvions ou pas les pages manquantes des annales historiques universelles, le passé, même ignoré, reste immuable. Quel est la place de l'être individuel ?
Les grandes figures de la pensée humaine seront connus des générations à venir par les citations qu’elles laissent derrière elles. Bien qu’elles soient souvent utilisées hors contexte, la plupart nous inspirent. E. O. Wilson a écrit que l’existence humaine s'inscrit comme une épopée parmi toutes les espèces, une aventure fabuleuse qui témoigne d'un grand sentiment collectif. Nous sommes comme les fourmis qu’il a étudiées toute sa vie. Nous vivons et mourons pour le progrès et le bien-être de la communauté et non pas à notre seul profit, que la communauté soit composée d’humains ou d’étoiles. Et l’avenir est « ce que nous choisirons de devenir ». Alors, vers quoi nous dirigeons-nous : le chaos ou la communauté ? Martin Luther King avait déjà posé la question. Tout dépend...
Wilson avait également observé que nous « préférons croire plutôt que savoir ». Une croyance abrite l’esprit qui s'y réfugie lorsque rien ne semble avoir de sens. Nous croyons en la beauté, en un but supérieur et au pouvoir du bien contre le mal, car nous avons besoin de courage pour continuer.
Wilson a écrit plus tard que nous nous noyons dans un océan d'information tout en étant assoiffés de sagesse. Le monde sera désormais dirigé par ceux et celles à même de synthétiser, ceux et celles capables de rassembler les bonnes informations, d’y réfléchir de manière critique et de faire des choix essentiels. Ceux et celles qui optent pour la voie de la synthèse doivent pourtant se vider l'esprit de toute intention préalable. L’intuition est leur bâton de pèlerin, ce qui n'empêche pas les doutes de paver le chemin sur lequel, souvent, ils trébuchent.
Selon le principe holographique, les informations relatives à l’intérieur d’un volume « se dissipent en raison de la perte d’informations, tandis que seules les informations situées à la surface demeurent, peut-être parce qu’elles restent en contact avec le monde extérieur ». Un tel principe devrait-il aussi s’appliquer à notre environnement, à l'enveloppe corporelle des personnes que nous connaissons, au globe terrestre, à l'astre lunaire et à l’Univers tout entier ? Vivons-nous dans un monde holographique où tout ce que nous voyons et connaissons n’est que la surface, une infime partie de celui-ci ? Comment pouvons-nous alors être capables de recueillir les bonnes informations, d’y réfléchir de manière critique et de décider des choix importants ?
La prolifération de phytoplancton est visible sur une image satellite, mais des recherches sont encore nécessaires pour évaluer les effets en cascade sur le zooplancton et le réseau alimentaire des océans et mesurer la vitesse à laquelle les floraisons se produisent dans l’Arctique et ailleurs. Sur notre planète, où les terres des côtes s’érodent sous les pieds des habitants et où les espèces d'oiseaux disparues ne sont plus que des sculptures inertes hantant les sites où elles étaient pour la dernière fois observées, le problème avec la connaissance est que nous pensons savoir, mais au moment où nous savons, tout fait déjà partie du passé.
Une croyance est un refuge où l’esprit trouve du réconfort face à la mort et à la destruction. Où sont allés les bruants à gorge blanche ? Ont-ils fui plus au sud l’hiver anormalement rigoureux cette année ? Ont-ils négligé le jardin de plantes indigènes après l'abattage de quelques chênes blancs dans le quartier ? Aujourd’hui, pourtant, je les entends. Ils sont de passage jusqu’à ce qu'il soit le moment de repartir vers le nord. Savent-ils ce que ressentaient les espèces disparues du grand pingouin et de la poule des champs (Tympanuchus cupido cupido)?
Ce qui reste en contact avec le monde extérieur, ce qui découle des interactions avec l’environnement physique définit l'élément relationnel de la conscience. Il existe un « entre-deux » – une interface, un point de contact – où un humain, une étoile, une planète et même un trou noir entrent en contact avec quelque chose d’un ordre différent, alimentant ainsi leur propre sentiment d’être. Une telle résonance intérieure – c’est-à-dire la conscience individuelle – déclenche elle aussi (et est déclenchée par) ces interactions spécifiques avec l’Univers.
En surface, il n’y a pas de Conscience sans une force de gravitation. Il y a par contre des ondes gravitationnelles de conscience qui parcourent l'espace-temps multicouche. Je retourne à la question de la force de gravitation comme si j’étais une planète effectuant sa toute première révolution.
L'article précédent a posé la question fondamentale de l'existence de la matière noire. Il se peut qu’il s’agisse d’un fluide polarisé bien qu’invisible. La matière noire pourrait bien être ce dont se revêt un champ gravitationnel. Si ce n’est pas le cas, tout calcul ou observation indirecte lié à sa masse et à son allure pourrait être le résultat d’une illusion causée par les ondes gravitationnelles polarisées de l'univers quantique.
Les idées sont elles aussi soumises à la loi de gravité. Elles tombent goutte à goutte. Elles ont besoin de temps pour entrer dans l’espace de la connaissance. Sans la loi de gravité, les feuilles qui tombent sauront-elles dans quelle direction tomber ? Les arbres sauront-ils comment positionner leurs racines ? Les courbes du continuum espace-temps sont-elles destinées à permettre aux étoiles et aux galaxies de se déplacer le long de celles-ci ?
La loi de gravitation est une manifestation de la courbure de l’espace-temps. C’est peut-être la présence d’un champ gravitationnel, écrit Penrose, qui fait sortir la description d’un système physique du domaine de la physique quantique pure. Le champ gravitationnel devient le terrain d’absorption et d’émission de faisceaux discrets de quanta. Le processus implique-t-il la gravitation des quanta ou la quantification de la gravité ?
L’espace-temps est discret, tout comme la conscience. La conscience cosmique rassemble les nuages de résonance et d’information, où tous les points de contact qui se logent dans l'espace-temps sont construits par intrication quantique.
La conscience stellaire émerge de l’énergie gravitationnelle des étoiles et étend sa portée au-delà de leur champ d'influence. Entravée par une armée d’armures, de carapaces et de couches, emprisonnée dans la toile spatiotemporelle, la conscience communique dans un langage incohérent et passe inaperçue. On croit ici que le flux temporel précède celui des choses. Dans le flux temporel existe l’essence d’une onde. Lorsque le silence cesse et que le bruit grandit, des vagues de conscience se propagent sous l’effet d’une force gravitative multidimensionnelle.