Le panpsychisme peut-il devenir une science observationnelle ?
C’est le titre d’une étude publiée en août 2016 dont l’auteur est Gregory L. Matloff du département de physique du Collège de technologie de la ville de New York. A la suite des travaux sur la conscience quantique réalisés par Evan Harris Walker, Gregory Matloff voulait examiner les théories d’Olaf Stapeldon, auteur de Star Maker, selon lesquelles l’univers est conscient et les mouvements des étoiles sont en partie « intentionnels ».
La conscience telle qu’elle se manifeste à travers les synapses neuronales s’expliquerait dans le cadre de la mécanique quantique au niveau des microtubules. La question demeure : L’absence de synapses et neurones exclut-elle toute autre forme de conscience ? Ou la conscience se joue-t-elle à un autre niveau, peut-être moléculaire ?
L’évolution décrit une représentation à long terme du temps, un tableau macroscopique de l’univers dans le cadre duquel la biologie, par son étude de la croissance dans l’espace de toute forme de vie, offre un regard microscopique du monde.
Il y a deux systèmes de pensée : l’un est l’épiphénoménisme qui soutient que les pensées et l’activité mentale sont dues à des propriétés physiques. La conscience émergerait chez les êtres humains et les animaux d’intelligence supérieure de par la complexité des réseaux neuronaux. L’autre est le panpsychisme qu’ont décrit David Chalmers et Thomas Nagel. Freeman Dyson notamment a imaginé trois niveaux de conscience : au niveau quantique des particules élémentaires, au niveau humain et au niveau cosmologique. C’est sur ce dernier niveau que Gregory Matloff a concentré ses efforts avec sa théorie d’une conscience stellaire. Il n’est pas absurde, déclare-t-il, que des fluctuations quantiques du vide puissent jouer un rôle dans le phénomène de la conscience au niveau stellaire voire universel.
Il s’est attaché dans un premier temps à déterminer quelles étoiles se composent de molécules et à quel niveau ces molécules se situent. Sur la base des diagrammes de Hertzsprung-Russell et de l’indice de couleur B-V, les étoiles sont classées par ordre de luminosité et en fonction de leur température avec, parmi les plus intenses, les supergéantes, les géantes, les naines de la séquence principale et les naines blanches.
L’anomalie constatée dans la vitesse de mouvement de certaines étoiles éloignées du centre galactique qui circulent plus rapidement que celles plus proches du centre a attiré l’attention des chercheurs. La différence de vitesse que l’on appelle la discontinuité de Parenago se reflète dans la distribution thermique stellaire. Une raison avancée serait la présence de la matière noire. Mais ni les objets compacts et sombres dans le halo galactique (MACHO) ni les particules massives interagissant faiblement (WIMPS) ne sont des hypothèses viables selon Matloff qui leur préfère une nouvelle théorie : une conscience qui se manifesterait au niveau moléculaire grâce à l’effet Casimir dû aux fluctuations quantiques du vide, ce qui expliquerait la discontinuité de Parenago.
Des molécules stables se situent au-dessus de la photosphère et en-dessous de la chromosphère. L’hypothèse avancée à l’origine par Erich Jantsch a été confirmée avec la détection de molécules dans les couches supérieures des étoiles dites froides. Gregory Matloff propose que la différence de vélocité de mouvement entre les étoiles froides composées de molécules et les étoiles chaudes qui en sont dépourvues est liée à la biologie moléculaire de l’accès à la conscience et à l’intentionnalité démontrée par les étoiles qui possèdent des molécules. On a détecté des molécules en étudiant le spectre du soleil, une étoile naine, et ses taches. Des molécules simples se trouvent aussi dans les étoiles de type spectral G et K, les étoiles moins chaudes ayant une signature moléculaire plus complexe.
Les étoiles n’ont ni neurones ni tubules mais on a observé que certaines étoiles jeunes émettent un jet matériel stellaire unidirectionnel ou unipolaire durant les premiers milliards d’années de vie. Grâce aux moyens dont dispose ESA, l’Agence spatiale européenne notamment, avec le satellite Hipparcos, la première mission européenne à avoir identifié plus de 100 000 étoiles, et son successeur Gaia lancé en 2013 pour déterminer la position de plus d’un milliard d’étoiles dans la Voie Lactée, qui sera en mesure de tracer une carte tridimensionnelle de notre galaxie, on attend de pouvoir établir que ce comportement est lié à la température et à la distance du centre galactique. Avec Gaia, il sera possible après avoir passé en revue les données reçues de vérifier si la discontinuité de Parenago est un phénomène qui s’applique à l’ensemble de la galaxie. Les télescopes sur terre ou dans l’espace seront également à même de détecter ce phénomène dans les autres galaxies.
Des questions restent donc en suspens : Y a-t-il une corrélation entre la distance d’une jeune étoile au centre galactique et son intensité et/ou sa direction ? Quelle est la durée de ce jet matériel ? Pourra-t-on confirmer la détection de molécules dans les étoiles plus froides que celles de type spectral F8 ?