Une brèche dans la digue des connaissances

Publié le par Ysia

La marche des idées procède d’une dialectique qui débute par une thèse, se poursuit par une antithèse pour finir par une synthèse, un processus que suit David Reich tout au long de son ouvrage Who we are and How we got here. Il étaye son raisonnement d’une profusion d’analyses et de recherches.

La connaissance est relative et dépend des informations disponibles sur le moment. Une analyse du point de vue de l’ADN mitochondriale n’offre pas la même vision de l’Histoire que du point de vue de l’ensemble du génome. L’ADN mitochondriale n’ouvre qu’une petite fenêtre sur la réalité de la lignée des ancêtres hominidés.

Les appellations comme dénisoviens ou néanderthaliens ne font pas l’unanimité. Certains auraient souhaité la création d’une nouvelle espèce homo pour l’hominidé de Denisova. D’autres débattent la question de savoir si le néanderthalien est un sous-goupe des Homo sapiens ou s’il fait partie de la famille élargie des hominidés de Denisova ou s’il représente une espèce distincte. Deux paramètres sont pris en compte pour parvenir à une décision : si les ancêtres ont réussi à procréer même s’il s’agit d’une progéniture hybride stérile ou peu fertile et si la forme des squelettes est identique. Par exemple, nous ne possédons pas  de données suffisantes sur l’hominidé de Denisova. Les dents que nous avons à notre disposition rappellent les énormes molaires des australopithèques, mangeurs de plantes, comme Lucy.

D’après les études réalisées sur une variété d’espèces à travers le royaume animal, on sait que la progéniture de deux populations séparées est affectée après une longue période donnée par une fertilité réduite. Ainsi il en a été des hybrides néanderthaliens et humains. Leur hybridation pose la question de savoir si elle s’est aussi produite entre d’autres humains archaïques. Il y a 200 mutations dans l’ADN mitochondriale qui séparent les néanderthaliens des hommes d’aujourd’hui et 400 mutations différentes d'avec les  dénisoviens. Vu le rythme auquel ces mutations se produisent, on estime que la séparation entre humains modernes et dénisoviens a eu lieu il y a 800 000 à un million d’années.

Une autre étude a révélé que soit les humains soit les chimpanzés dérivent d’une ancienne hybridation et qu’une longue période d’échanges génétiques a suivi la différentiation des populations humaines et chimpanzés à la différence de la séparation brutale il y a un à deux millions d’années entre chimpanzés et bonobos, résultat d’un changement climatique soudain qui forma le fleuve du Congo. Si Svante Pääbo a réussi à déceler moins de 4% de l’ADN du primate dans le génome néanderthalien, il est à près de 70% dans l’ADN du dénisovien.

Dénisoviens et néanderthaliens sont plus proches l’un de l’autre que de l’Homo sapiens au vu de l’ensemble de son génome et pas seulement de l’ADN mitochondriale. On estime la séparation entre, d’une part, leur ancêtre commun et, d’autre part, les Homo sapiens entre 770 000 et 550 000 ans alors que la séparation entre dénisoviens et néanderthaliens  aurait eu lieu entre 470 000 et 380 000, ce qui est, contre toute attente, proche de l’estimation basée sur l’ADN mitochondriale qui a déterminé que néanderthaliens et humains se seraient séparés entre 470 000 et 360 000 ans.

Une étude de l’ensemble du génome du dénisovien a permis de conclure qu’il était génétiquement plus proche des aborigènes de Nouvelle-Guinée que de toute autre population d’Eurasie, ce qui laisse suggérer que les ancêtres des néo-guinéens se sont mêlés aux dénisoviens. On se demande comment les anciens habitants de Sibérie et les ancêtres de l’île de la Nouvelle-Guinée se sont retrouvés pour procréer.

Cela me rappelle une autre étude mentionnée en 2015 dans un précédent article sur la traversée, il y a au moins 15 000 ans, de l'isthme de Béring par une population d'ancêtres lointains des hommes originaires d’Asie australe.

L’étude du génome des néo-guinéens confirme que cette part dénisovienne de l’ordre de 3 à 6%  est en moyenne plus récente que la part néanderthalienne de l’ordre de 2% soit entre 59 000 et 44 000 ans, ce qui constitue la part archaïque la plus importante chez un être humain aujourd’hui. C’est aux Philippines, en Australie et en Nouvelle-Guinée que se retrouvent les plus importantes empreintes génétiques de l’hominidé de Denisova notamment à l’est de la ligne de Huxley qui marque une coupure nette entre mammifères et marsupiaux, ligne géographique impénétrable qui a forcé l’isolement des populations ancestrales. Cependant ni les aborigènes des îles Andaman et de la péninsule malaise ni les morceaux de squelette trouvés près de Pékin dans la grotte de Tianyuan ne présentent le même héritage génétique. La part dénisovienne chez les asiatiques de l’est est entre 0.2 à 0.6. Par exemple, ce que l’on nomme les gènes tibétains de l’altitude sont l’héritage génétique transmis par les dénisoviens.

On estime que la séparation entre, d’une part, aborigènes néoguinéens et australiens et, d’autre part, hominidés sibériens de Denisova a eu lieu entre 400 000 et 280 000 ans, ce qui suggère la possibilité de plusieurs branches d’hominidés de Denisova, dont l’une aurait migré vers le nord. David Reich donne à l’autre branche le nom de «  australo-dénisovienne ».  Il faut rappeler là aussi un article publié en 2017 sur les conclusions d’une autre étude, selon lesquelles tous les aborigènes d’Australie descendent d’une population fondatrice unique arrivée lors d’une vague de migration unique il y a 50 000 ans. Le niveau des eaux était si bas que l’Australie et la Nouvelle-Guinée formaient un seul continent. Les humains ont migré d’Asie du Sud-est jusqu’à cette masse de terre continentale, certains s’installant dans ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Guinée et d’autres plus loin jusqu’en Australie.

Dans ce brouillard des origines, quelle place avait l’Eurasie dont l’Europe n’est qu’une péninsule ? Les populations ancestrales dénisoviennes, néanderthaliennes et les Homo sapiens y vivaient-ils ? Descendaient-ils des Homo erectus ? Dans ce scénario, certains s’en sont peut-être retournés en Afrique pour fonder l’humanité moderne…  La beauté d’un trou noir est qu’on se laisse à imaginer d’autres possibilités. L’Homo antecessor de Sima de los Hueros (Espagne) est un autre maillon de la chaîne, ancêtre des dénisoviens et des néanderthaliens. Johannes Krause a présenté une théorie selon laquelle une population d’ Homo sapiens a quitté l’Afrique il y a des centaines de milliers d’années pour se mêler aux  hominidés de Sima de los Hueros. L’hypothèse la plus plausible est que l’ancêtre des humains modernes, des néanderthaliens et des dénisoviens est l’Homo heidelbergensis considéré à la fois comme une espèce d’Afrique et d’Eurasie. L’Homo heidelbergensis est plus proche des néanderthaliens que des dénosivaniens d’après les analyses sur l’ADN mitochondriale mais pas selon l’analyse de l’ensemble de son génome.

Le trou noir, ainsi nommé par David Reich, que représente la période entre cinq millions et un million d’années est peuplé d’humains superarchaïques et d’ancêtres fantômes des Homo sapiens, dénisoviens et néanderthaliens.  

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Ronde spirituelle

Publié le par Ysia

Dans un monde de valeurs et d’antivaleurs, du conceptuel  à l’empirique, combien d’illusions pourchassées, combien de vanités piétinées sur la voie de l’authenticité !

Au centre de l’espace triangulaire du monde, de la chair et du diable, il ne s’agit pas de contrôler ses passions mais de les faire croître et mûrir. C’est de savoir que c’est l’émotion personnifiée qui monte et redescend l’échelle des êtres.

Au centre de l’espace triangulaire du monde, de la chair et du diable, il ne s’agit pas d’assoiffer l’ego intellectuel mais de le nourrir constamment, lentement pour qu’il s’abreuve à la connaissance du monde.

Au centre de l’espace triangulaire du monde, de la chair et du diable, l’âme recueillie sourd et grandit elle aussi, satisfaite de ce qu’elle est.

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La voix de la conscience

Publié le par Ysia

Le génome est une mosaïque de 46 tesselles appelées chromosomes: 23 du père, 23 de la mère. Les chromosomes sont eux-mêmes des mosaïques de tesselles plus petites. Le génome de chaque personne dérive de 47 fragments d’acide désoxyribonucléique (ADN) correspondant aux chromosomes transmis par la mère et le père et à l’ADN mitochondriale également transmise par la mère. Un ancêtre ne transmet pas automatiquement son ADN. Notamment sur 10 générations, on compte 1 024 ancêtres pour seulement 757 fragments d’ADN ancestrale.

Eve mitochondriale

Eve mitochondriale

S’agissant du matériel héréditaire de la génétique moléculaire des populations, un trou noir existe entre cinq millions et un million d’années que ne sauraient combler les informations limitées que nous a apportées Ève mitochondriale de 160 000 ans. David Reich, dans son livre paru cette année et intitulé Who we are and How we got here, décrit le génome comme une tapisserie dont chaque fil est un lien de filiation,  une séquence d’ADN du parent à l’enfant qui se déroule dans le temps jusqu’à un lointain passé.

On a constaté que la protéine produite par FOXP2 est demeurée quasiment  identique pendant plus de cent millions d’années qui séparent la souris et le chimpanzé. Pourtant trois mutations se sont produites dans la lignée des hominidés, dont l’une, absente chez les néanderthaliens, affecte quand et dans quelles cellules FOXP2 se convertit en protéine dans le cadre d'un processus évolutif plus rapide du gène.

FOXP2 est le gène créateur de notre voix, mais est-il responsable du comportement de l’homme moderne ? Est-il à l’origine de la voix de la conscience ? Pour David Reich, professeur de génétique à l'école de médecine de Havard, il n’y a pas de réponse à ces questions :

Bien que nous puissions dater le commencement de l’humanité moderne caractérisée par une cognition conceptuelle entre le paléolithique supérieur et Later Stone Age (LSA) , on estime d'une part que la version partagée du gène FOXP2, fondamental dans les balbutiements de la conscience, remonte à plus d’un million d’années et d'autre part que l’ADN mitochondriale et le chromosome Y pris ensemble donnent une datation pour l’ancêtre commun à moins de 320 000 ans.

Les néanderthaliens ont disparu il y a 39 000 ans. Contre toute attente, nous savons aujourd’hui que néanderthaliens et humains modernes ont coexisté plusieurs milliers d’années en Europe  et au Proche-Orient. L’analyse des données mitochondriales a montré que néanderthaliens et hommes modernes avaient un ancêtre commun maternel vieux de 470 000 à 360 000 ans, bien avant Ève mitochondriale. Ces données ont également indiqué que les néanderthaliens auraient contribué en moyenne individuellement 2% et jusqu’à 25% du génome de l’homme d'aujourd'hui d’origine non-africaine probablement il y a 54 000 à 49 000 ans, surtout parmi les Asiatiques de l'Est, ce qui démontre l'existence d'un point de fusion au Proche-Orient. A mesure que l’on procèdera à des études plus pousssées sur le génome humain, nous serons en mesure d’examiner les variations des traits cognitifs et comportementaux et de déterminer si ceux-ci sont le résultat de la sélection naturelle. Les changements génétiques répondaient-ils aux pressions non-génétiques imposées par l’environnement extérieur ?  Et qu’est-ce qui a précédé : les changements physiques biologiques ou les mutations génétiques ?

S'agissant de l'héritage néanderthalien, si l'on retrouve trace de ces lointains cousins dans les gènes qui se rapportent  à la couleur des cheveux et au teint de la peau ou qui ont permis aux populations eurasiatiques de s'adapter à leur environnement, il est systématiquement absent de certaines fonctions biologiques de l'humain moderne, à savoir les gènes relatifs à la fertilité, ce qui ne peut s'expliquer que par la sélection naturelle.

Ce sont les gènes associés à la biologie des kératines dont les Européens et les Asiatiques de l'Est ont hérité des néanderthaliens plus que tout autre groupe de gènes. Ils ont été préservés par le fait de la sélection naturelle car ces protéines sont essentielles aux cheveux et à la peau.

Publié dans Génétique

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L'univers et la conscience

Publié le par Ysia

Comment ne pas demander avec des mots sans demander l’indicible ?
...問。不問有言。不問無言。

La passe sans porte 無門關 (Ysia)

L’univers est une poésie et l'humanité, une forêt de cerveaux ambulants. Contempler la conscience et l’univers sans le fardeau conceptuel accumulé ni les présomptions amassées en chemin.

Le séquoia géant dont le plus ancien est le séquoia grizzli de 2 900 ans peut continuer de croître jusqu’à 3 200 ans et atteindre une hauteur de plus de 90 mètres mais il n’est pas aussi haut que le séquoia sempervirent qui borde la côte californienne jusqu’en Oregon.  Les ancêtres du sequoia sempervirent font partie des espèces d’arbres les plus anciennes de la planète. Des fossiles de leurs graines ont été découvertes en Europe et datent de plus de 200 millions d’années. Le séquoia sempervirent a survécu à une météore qui s’est écrasée dans la péninsule du Yucatán il y a 66 millions d’années, causant des tsunamis et exterminant des espèces entières comme le dinosaure.

Aujourd’hui ils sont tous deux menacés par le changement climatique et la pollution. La diminution du manteau neigeux du massif montagneux de la Sierra Nevada menace les eaux souterraines qui pourvoient en eau les séquoias géants. On a constaté que les séquoias sempervirents présentent, comme les êtres humains, une grande diversité génétique. Certains poussent plus vite que d’autres. Certains supportent la sécheresse mieux que d’autres. La population des séquoias sempervirents de la côte sud est génétiquement distincte de la population d’arbres au nord. Pour restaurer la diversité génétique des forêts, l’organisation Save the Redwoods  a lancé le Projet de séquençage de génome des séquoias sempervirents ainsi que des séquoias géants, qui devrait prendre cinq ans pour arriver à terme.

La structure du cerveau est unique à chaque être de par le tracé des sillons et arêtes dans la zone corticale,  le nombre de neurones dans les couches du cortex ou des régions sous-corticales, les connexions entre les neurones et la force de connectivité du réseau cérébral. L’être humain doté d’un réceptacle conceptuel unique est-il à même de maîtriser sa vie émotionnelle ?

Le cerveau contient un nombre astronomique de neurones, de l’ordre de cent milliards, connectés les uns aux autres par dix mille synapses.  Chaque signal neuroélectrique résulte d’un flux d’ions qui, en entrant et sortant des cellules, créent d’infimes ricochets qui se propagent indépendamment des neurones, A chaque signal,  un flot chimique minuscule stimule ou réprime les cellules du cerveau. 

 Comment une entité purement physique, intégrée conceptuellement et causalement dans le monde naturel, s’érige-t-elle en lien entre ce qui est et ce qui n’est pas ? Concepts, mots et émotions s’enchaînent les uns aux autres. Subsumées sous les concepts, les émotions portent des étiquettes. Si un mot dans une langue est intraduisible dans une autre, faut-il en conclure que l’émotion est absente ? Mais le mot n’est pas la chose. Chaque culture a son lot d’émotions sociales. Chaque être au sein d’une communauté  fait l’expérience de ses propres émotions. Une émotion s’apprend, se nourrit, se contrôle puis retourne dans un subconscient lourd d'expériences physiques et psychiques.

Chaque être humain construit l’environnement dans lequel il vit en vertu des données sensorielles que le cerveau aura sélectionnées à partir du monde physique. Ces « entrées » sont converties en concepts que le cerveau identifie et  classe en catégories. Le son, par exemple,  est une expérience construite par l’interaction entre le monde, le corps et le cerveau. Le corps perçoit le moindre changement dans la pression de l’air et le cerveau  lui donne un sens. Du changement dans la pression de l’air sont créés les sons et des longueurs d’onde de lumière sont créées les couleurs.

L’humeur faite d’émotions primaires - d’instincts et de pulsions -  sur lesquelles se greffent les émotions sociales, est tributaire du bien-être physique. Une étude a en effet montré que même les bactéries dans nos intestins ont un impact sur notre état émotionnel.

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Ce dont les émotions sont faites

Publié le par Ysia

L’absence de preuves susceptibles d'établir de manière irréfutable la vérité sur le sens de la vie n’est pas la preuve que la vie n’a aucun sens.

« La vie a-t-elle un sens ?  » peut être posée à titre individuel ou collectif. Individuellement, cela revient à se demander si une forme de vie vaut plus qu’une autre. Est-ce que ma vie est plus précieuse que l’érythrone d’Amérique qui peut prendre sept années pour fleurir ? Cette question se rapporte à notre système de valeurs. Bien qu’elle soit valable, le problème  qui nous intéresse collectivement est le suivant : « la vie a-t-elle un sens d'une manière générale ? ». Au pied du mur de notre ignorance, il me semble que la vie n’a de sens que prise comme un tout, dans son évolution et dans l’infinité de ses formes.

Alors quelle place occupent nos émotions dans ce grand ordre des choses ?

Lisa Feldman Barrett expose dans son livre paru l’an dernier sa théorie des émotions fabriquées. Qu’entend-on par « fabriquées » ? On entend par « fabriquées » le fait que le cerveau s’appuie sur les expériences passées pour construire une hypothèse ou procéder à une simulation. Les concepts formés à chaque étape de notre existence permettent au cerveau de donner un sens aux émotions et d’identifier les sensations. Ce travail de l’esprit se fait parfois à notre insu.

 Quand on dit que la nature a horreur du vide, on parle aussi du cerveau qui a horreur du vide conceptuel, l’inconnu. Lisa Feldman Barrett réfute l’idée que la source d’un état émotionnel, comme la peur, puisse être exclusivement localisée dans le noyau pair de l’amygdale. Il y a diverses façons pour le cerveau de créer des émotions. Le but n’est pas de nier le rôle des noyaux amygdaliens mais de le placer dans un contexte plus large.  L’activité détectée dans cette région est observée également  lors d’états considérés comme non-émotionnels comme la  peine ou lorsqu’on reçoit de nouvelles informations, que l’on rencontre de nouvelles personnes ou lorsque l’on prend des décisions.  Le rôle des noyaux amygdaliens paraît nécessaire mais pas suffisant. Il faut parler de la combinaison  d’une série de neurones susceptibles de créer des épisodes émotionnels comme la peur.

Lisa Feldman Barrett va plus loin et affirme qu’il n’existe pas de corrélation unique et précise entre le ressenti et une région du cerveau en particulier. Quatre-vingt-six milliards de neurones forment de gigantesques réseaux dans lesquels un million de neurones parfois s’exercent  à chaque instant donné à l’activité intrinsèque cérébrale qui sous-tend le travail constant du cerveau. Le cerveau est l’architecte de l’expérience humaine à laquelle il tente à tout moment par une série de prédictions et de corrections de donner un sens.

Cela rappelle les conclusions de l’étude publiée en mars 2017 selon lesquelles ce sont les circuits sous-corticaux qui véhiculent les représentations non conscientes influant sur la formation d’émotions conscientes d'ordre supérieur comme la peur.

Lisa Feldman Barrett démontre qu’il ne faut pas confondre l’affect et les émotions. L’affect représente  l’humeur, la disposition générale d’un individu, un état élémentaire présentant deux caractéristiques. L’une repose sur le plaisir ou le déplaisir et s’appelle une valence positive ou négative. L’autre repose sur l’activation psychophysiologique. L’affect dépend de la conscience intéroceptive. Notre humeur est tributaire de notre environnement, du jour et de la nuit, de la pluie ou du soleil,  d’un verre de vin ou d’une tasse de café, d’un repas copieux ou d’une pâtisserie. C’est sur cet affect que se modulent les émotions ressenties ou plus précisément l’intensité ou la maîtrise de celles-ci. Ce que l'on ressent en soi change la perception des choses et cela explique, dans une certaine mesure, la différence de perception entre les êtres.

Tiraillé par chaque fibre de son être et traversé par les émotions qui empruntent des chemins multiples dans son cerveau en proie à l'angoisse ou l'arrogance existentielles, comment un animal dit rationnel peut-il se comporter ?

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Mars

Publié le par Ysia

Mais d’où vient le limon rouge sur la surface de Mars ?

Au moment où la première cellule apparaissait  il y  a quelque trois milliards huit cent millions d’années sur Terre, nous savons grâce à la sonde spatiale Curiosity rover qu’un lac remplissait le cratère Gale sur Mars. Il y a 4 milliards d’années, Vénus avait, elle aussi, un océan.  A la même période, les trois planètes voisines étaient donc potentiellement porteuses de vie.

Bien que les « canaux martiens » aient captivé l’imagination depuis la fin du XIXème siècle, les vingt photographies prises à un kilomètre de distance par la sonde spatiale Mariner 4 lors de son survol en 1965 ont permis de conclure que Mars était probablement une planète morte inhabitée.  

C’est la découverte à l’été 1996  de possibles traces biologiques sur une météorite martienne de plus de 3,5 milliards d’années qui provoqua un regain d’intérêt. La sonde Curiosity Rover lancée en 2011 a atterri en août 2012 dans le cratère Gale, pris cent photographies par jour,  parcouru 20 km depuis son atterrissage,  à raison de 200 mètres par jour martien, et commencé son ascension du mont Sharp haut de 5 km. Le robot détective nommé SAM est un laboratoire miniature qui analyse les roches et autres échantillons de poussière et de gaz dans l’atmosphère dans le but d’identifier les molécules et de déterminer les isotopes. La prochaine étape sera l’étude des couches d’argile propre à une meilleure conservation des fossiles.

L’histoire de la planète est écrite dans le sol et les roches dont la formation, la structure et la composition chimique nous apprennent davantage sur le climat et la géologie de Mars et tentent de répondre à la question essentielle de savoir si la vie microbienne y a jamais existé.

Non seulement l’eau coulait sur Mars il y a plus de 3,5 milliards d’années, mais la planète possédait aussi un champ magnétique et une couche d’atmosphère plus dense qu’aujourd’hui. Mars a effectivement perdu 85 à 95% de son atmosphère dans l’espace et continue de la perdre. Elle possède aussi des volcans , dont l’un est trois fois plus élevé que le mont Everest et des tempêtes de poussière rythment les saisons.

Recouverte d’une couche de poussière rouge, la terre est pourtant grise et présente différentes couches de sédiments. La NASA prépare une nouvelle mission Mars 2020 afin de poursuivre une exploration plus approfondie.

Publié dans Les deux infinis

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La chimère du bohème

Publié le par Ysia

L’absence de preuve n’est pas preuve d’absence. Il ne reste que la foi aveugle ou la confiance raisonnée en l’avenir.

Dans quelle mesure notre expérience quotidienne est-elle influencée par les mécanismes psychiques inconscients ? Comment l’impulsion surgit-elle dans la sphère de la conscience ? C’est au fil d’un processus phylogénétique que les circuits défensifs de survie sont devenus opérationnels. Les fonctions instinctives, reliquat du cerveau reptilien, luttent contre les facultés transcendantes de l’esprit.

Le cerveau prédit, il ne réagit pas. Face à l’observé,  l’observant fait ressurgir un message, reflet de sa mémoire biologique ou historique,  qui le pousse à un dialogue intérieur.  Vulnérable au temps qui passe et aux passions qui la colorent,  la mémoire reconstruit la réalité. Quand un souvenir réapparait à la surface, sa narration s’altère avant de sombrer une fois de plus dans le chaos mnémonique du subconscient. Notre réaction face à une situation résulte du souvenir d’expériences passées, gravé dans notre mémoire ou dans notre ADN. Le système mnémonique humain commande à nos facultés réceptrices et émotionnelles notre réponse à l’environnement.

A travers l’écran des mathématiques, l’observant voit l’observé. Les mathématiques sont ancrées dans l’architecture de l’univers dont l’être humain est une expression. Sont-elles un moyen fiable ou un produit de l’imagination ? La fonction d’onde est représentative de la réalité physique.  Le champ quantique tisse la toile de l’univers.  Si l’univers semble être régi par les mathématiques, c’est parce qu’il est informatique.  L'informatique se définit comme la science du traitement rationnel de l'information des données transmises par des systèmes et réseaux formés d’une série d’entités biologiques, physiques, électroniques, …  infiniment variées. C’est cela les deux infinis que traversent de multiples niveaux de conscience...

Il y a la conscience de notre système solaire dans lequel Pluton offre un paysage de montagnes de 3 à 4 km de haut et de cratères de glace de 100 km de circonférence qui datent de pas plus de 100 millions d’années.

Il y a la conscience de notre galaxie vieille de 13 milliards d’années, dont la plupart des étoiles qui la composent sont plus anciennes que le soleil. On peut en déduire que, sur les quelques milliards de planètes potentiellement habitables de la voie lactée, si la vie existe, elle a atteint un niveau plus complexe que sur notre planète étant donné qu’elle a eu plus de temps pour évoluer. L'avancement des civilisations se heurte-t-il de manière universelle à un seuil technologique limité par notre propension à l’autodestruction à l’image de l’Homo sapiens sur Terre ? Ne reste-t-il plus sur les sœurs aînées de la Terre que des intelligences artificielles, des superordinateurs laissés à eux-mêmes ou des êtres hybrides qui auront survécu l’annihilation totale des biosphères et qui continueront leur propre évolution vers des formes plus complexes ?

Et puis il y a la conscience de l’univers avec l’étoile de Tabby et la masse de poussière qui crée des fluctuations dans sa luminosité.

Cette conscience de l’univers a permis la mise en train du projet Planet hunters qui dépend de l’enthousiasme de bénévoles pour décrypter les données et de l’ initiative Breakthrough Listen qui passera en revue le million d’étoiles les plus proches du soleil et les cent galaxies les plus rapprochées de la voie lactée à la recherche de signaux radios et optiques.

Plus près de nous, il y a la conscience de la vie microbienne sur Mars ou de la vie sur Titan, un satellite de Saturne, qui ressemble à ce qu’était la Terre il y a 2 milliards d’années c’est-à-dire quand les plantes avaient déjà intégré la capacité de photosynthèse. En l’occurrence sur Titan, les plantes régénèrent le méthane tout comme  les plantes régénèrent l’oxygène sur Terre !

Il nous appartient dans notre exploration de l’univers de limiter  l’impact de notre empreinte sur les formes de vie naissantes.

Publié dans Les deux infinis

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Une balade dans la conscience

Publié le par Ysia

Spring beauty

Spring beauty

L'esprit revient sur les évènements passés, les périodes révolues comme s'il vivait dans son propre univers où l’espace et le temps ne font qu’un. Mais si la réalité de la vie est ancrée dans le ici et maintenant, pourquoi l'esprit circule dans ce continuum espace-temps ? Pourquoi l'esprit ne peut-il se soumettre au silence ?

La pensée fonctionne à différents niveaux à l’image d’un réseau d’autoroutes. Il y a la pensée immédiate qui répond aux nécessités quotidiennes, aux tâches présentes. Il y a la pensée pragmatique, intellectuelle qui s’applique à diriger l’existence humaine d’une manière volontariste et obstinée et puis il y a la pensée inconsciente, celle qui ne dit mot, qui ne se dévoile pas consciemment mais qui travaille lentement, minutieusement dans le fond, en arrière-plan. Elle a la prescience de ce qu’elle cherche mais l’être conscient, lui, tâtonne, anxieux de créer dans la matière un résultat immédiat. L'inconscient vaque à son rythme jusqu’à ce que les morceaux du puzzle s’assemblent comme si de rien n’était, comme un fait accompli dans une harmonie en mouvement.

Dans l'immédiat, il m’est arrivé d’être confrontée à moi-même considérant les fois où la pierre se brise sous mes mains comme un point de non-retour qui ne peut plus être rattrapé par une machine à remonter le temps, comme un vase qui se brise, une relation qui s’interrompt ou la mort d’un être. Une épreuve existentielle : le mot est fort mais le ressenti est réel entre ce qui a été et ce qui n’est plus comme au sortir d’un songe où l’on regarde par deux fois pour accepter la réalité du fait.  C’est la pierre à laquelle on se soumet.
 

Yellow violet

Yellow violet

Dans mon inconscient, j’imagine la vie il y a 50 000 ans lorsqu’il y avait de l’eau sur Mars et que le niveau des eaux sur Terre était si bas que l’Australie et la Nouvelle-Guinée formaient un seul continent.  Des êtres physiquement semblables à nous émigrèrent vers le continent eurasien jusqu'en Australie. Une étude a conclu que tous les aborigènes d’Australie descendent de cette population fondatrice unique arrivée lors d’une vague de migration unique. Ils se sont dispersés le long des côtes en quelques siècles et, pendant des dizaines de milliers d’années, ces populations ont vécu isolées.

Opposer la conscience individuelle à la conscience collective, c’est poser la question de savoir si la conscience est un concept relationaliste ou individualiste ou les deux à la fois.  S’il s’agit d’un phénomène collectif qui pénètre à tous les niveaux, la substantialité du soi n’est qu’une illusion. La conscience s’est drapée du manteau de l’ADN.  Elle a transmis sa mémoire à tous les êtres animés et inanimés. Il n’y a pas d’essence individuelle que le souffle de vie qui s’infiltre dans tous les orifices, que l’on nomme conscience. Il faut parler de réceptivité.

Et le poète de demander : la plante est-elle plus réceptive que l’être humain dans sa façon d’exprimer la conscience ? S’il faut dater les premières plantes qui ont intégré la capacité de photosynthèse à plus de 2,6 milliards d’années, on peut donc expliquer la mémoire des plantes par la mémoire de leur ADN sans se demander comment fonctionne leur mémoire sans cerveau.

Jeffersonia

Jeffersonia

La métamorphose des plantes de Goethe nous porte à prendre en considération que les plantes sont des êtres qui naissent, croissent, se reproduisent et meurent. Et si le fait qu’elles s’ouvrent et se ferment suivant les saisons ou l’heure de la journée, qu’elles peuvent « sentir » si leur environnement est favorable ou hostile semble les doter d’une mémoire aux allures humaines, c’est pour mieux confirmer l’existence de leur ADN.

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Les deux infinis

Publié le par Ysia

Alors que s’émiette notre expertise en un nombre croissant de divisions, les enclaves créées augmentent la difficulté de se former une vue d’ensemble de la nature. Est-elle numérique, analogique ou hybride ? Certains pourtant affirment que la séparation entre les sciences s’effondre, que la nature ne reconnaît plus les frontières disciplinaires et qu’à mesure que s’approfondit notre compréhension, nous voyons plus clairement ce que ces branches traditionnelles distinctes des sciences ont en commun.

Dans l’univers peut-être hypersphérique, hyperbolique ou espace dodécaédrique de Poincaré,   le vide quantique agit comme un superfluide. L’espace-temps apprend à la matière à se mouvoir; la matière dicte la courbe de l’espace-temps.

Dans l’univers de l’infiniment grand, il y a un trou noir gigantesque, Sagittaire A* d’une masse quatre millions de fois celle du Soleil au centre de notre galaxie. Des trous noirs similaires semblent exister au centre de la plupart des galaxies, dont certains ont une masse des milliards de fois celle du soleil. Le réseau de télescopes radio  Event Horizon Telescope établi à l’échelle planétaire tentera de  brosser un tableau de notre centre galactique.
 

En outre, nous savons aussi que le monde de Pluton est dynamique, c’est-à-dire qu’une activité interne semble l’animer qui continue de modeler sa surface. Le jour de l’an 2019, la mission New Horizons passera près d’un astéroïde de glace et sera en mesure de nous faire découvrir l’univers au-delà. Où mieux chercher la matière évanescente que là où règne l’obscurité ?

La part du budget fédéral alloué à NASA reste de l’ordre de 0,5 voire 0,4% comparativement à un niveau record de 4% en 1965. Espérons que les prochains grands rendez-vous de la conquête spatiale aiguiseront l’enthousiasme du public et des gouvernants !

Dans l’univers de l’infiniment petit,  la réalité est un écran d’information traitée par un tissu cellulaire automate qui opère à l’échelle de Planck.  

La physique traite des propriétés fondamentales de la matière et de l’énergie et comment elles interagissent entre elles. La chimie s’interroge sur la façon dont les atomes s’assemblent  pour former des molécules plus complexes et les effets que cela entraîne sur les substances qui en résultent. Ce que la physique et la chimie ont toutes les deux en commun, c’est qu’elles étudient la matière inanimée.

La biologie étudie les organismes vivants. Le principe de survie du plus fort découle-t-il comme la chimie des règles fondamentales de la physique quantique ? Au regard des fractales dans l’univers, de l’apparente concordance entre l’infiniment petit et l’infiniment grand,  le caractère aléatoire des mutations génétiques répond à celui  de la physique quantique. 

Qu’est-ce qui sépare les êtres animés des objets inanimés ? Rien. Au niveau quantique, les mêmes règles s’appliquent. Le cycle de naissance et de mort, c’est retourner d’où l’on vient. Et le poète de demander : La pierre a-t-elle un cœur ? Et notre cœur, court-il le risque de s’endurcir ? Mais où est donc le cœur dans la pierre ?

Remplacer la magie par le dispositif mécanique au cœur de la physique quantique…

Publié dans Les deux infinis

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Comment les galaxies se sont-elles formées après le Big Bang ?

Publié le par Ysia

Suivant les recommandations décennales de l’Académie nationale des Sciences, le télescope Hubble fut lancé dans les années 90. Le projet de télescope spatial infrarouge WFIRST recommandé en 2010 vient d’obtenir 150 millions dans le cadre du budget approuvé hier pour la poursuite de ses opérations et un peu plus de 533 millions ont été alloués au télescope James Webb recommandé en 1990.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Il y a plus de 13 milliards d’années, au commencement  de l’univers, le Big Bang n’était qu’un rebondissement en douceur d’une période de contraction qui a précédé la période actuelle d’expansion. S’en suit le cycle de naissance et de fusion des galaxies.

En 1609, Galilée armé de sa lunette astronomique  observa Vénus 60 fois mieux qu’à l’œil nu. Au XVIIIème siècle, le télescope de William Herschel, 500 fois plus puissant, lui permit de découvrir  Uranus. Edwin Hubble au XXème siècle comprit que l’univers s’élargit  par son observation des spirales nébuleuses, ces galaxies  qui, dans un nuage d’hydrogène et d’hélium, créent les étoiles.

Aujourd’hui nous savons qu’il existe plusieurs sortes de supernovas, ces étoiles qui implosent pour atteindre une autre étape de leur évolution et qu’il y avait de l’eau sur Mars il y a 50 000 ans. Nous connaissons les ondes lumineuses et gravitationnelles et les planètes naines dont Pluton.

Le télescope spatial Hubble a permis une observation 10 000 fois plus précise ! Lancé en 1990, il est à plus de 600 kilomètres de la Terre et aura nécessité l’envoi de cinq missions d’entretien.  Au sol, des superordinateurs analysent les données reçues. Un télescope est une machine à  remonter le temps. Plus le phénomène observé est  éloigné, plus il est ancien. Le champ ultra-profond de Hubble, sur la base des données recueillies sur une année, offre une fenêtre sur  un morceau de l’univers tel qu’il était il y a 13 milliard d’années,  moins d’un milliard d’années après le Big Bang.

 

Transporté par le Canal de Panama jusqu’en Guyane française, le télescope James Webb qui sera lancé à une orbite de plus d’1,5 million de kilomètres de la Terre poursuivra la détection de lumière infrarouge grâce à une puissance cent fois plus grande que celle du télescope Hubble. Paré de 18 miroirs en béryllium, il sera opérationnel six mois après son lancement dans l’espoir qu’il nous délivre un portrait des origines de l’univers et des premières galaxies.

Publié dans Les deux infinis

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