La tentation métaphysique
Une bataille fait rage entre la conscience et l’inconscient. Le rêve est le flot déferlant de notre imagination involontaire, le débordement de notre imaginaire. L’imagination, trait héréditaire depuis le pléistocène précoce et nos ancêtres Homo erectus, assiste l’acte de réflexion. Si les chercheurs désassemblent les pièces du cerveau pour mieux comprendre son fonctionnement, c’est le rôle du philosophe et la prédilection du poète de s’interroger sur l’inconscient. L’inconscient est l’inspiration de l’artiste. L’imagination marque l’imbrication des informations qui nourrissent le processus cognitif.
Comment nos ancêtres se parlaient-ils à eux-mêmes? Ni les rêves ni l’imagination que sont les moyens d'expression de l’inconscient n’ont attendu le langage pour se manifester. La théorie controversée de Julian Jaynes tirée du livre The Origins of Consciousness in Breakdown of the Bicameral Mind, 1976, invite cependant à un questionnement sur le devenir de la conscience. Imaginons une période avant la conscience, en tant que langage intérieur, lorsqu’une conscience sourde, imagée, animait l’esprit prélinguistique, et imaginons encore l’aube d’une période future dans laquelle la conscience de l’esprit linguistique laisserait la place à une forme nouvelle... un retour en force de l'inconscient?
La conscience, nichée dans l’esprit, est-elle un legs de sagesse ou un legs trompeur de l’évolution des espèces ?
Comment procède-t-elle? A-t-elle besoin de repos pour mieux prendre la mesure des choses? A-t-elle besoin de se replier sur elle-même pour mieux se manifester dans les gestes et les mots, les actes et les intentions ? L'être est affecté d'une propension à la gestation, une disposition naturelle que Darwin aussi portait en lui.