L'esprit vagabond

Publié le par Ysia

Des affres de la rêverie…

Sur l’arbre phylogénétique perchent le singe, le cheval et le dauphin. Le chantefable ou texte adapté du Vimalakīrti Nirdeśa Sūtra, manuscrit de Dunhuang, emploie l’expression 心猿意馬 qui signifie que l’esprit gesticule comme un singe et s’emballe comme un cheval au galop. Xin, idéogramme fondamental dans la littérature du bouddhisme signifie autant 'esprit' que 'cœur'. La conscience agit comme un dialogue entre le cœur et le cerveau. C’est la pensée visuelle qui stimule les errements de l’esprit.

Les pensées germent et déclenchent des mécanismes émotionnels physiques comme la peur et la peine. Ce processus se fonde sur un inconscient affectif, bagage de l’odyssée individuelle ou collective humaine.

D’une image, le dialogue intérieur naît. C’est le réseau par défaut dans le cerveau qui est actif lors de cette errance mentale. Je ne sais comment qualifier le soi rêveur ni même s’il existe. Mais s’il existe, il semble qu'il soit composite.

Chaque être vivant est l’agglomérat inextricable de matières organiques qui apparaissent dans leur corporéité en suivant des règles immatérielles sous l’emprise des sensations , limitées par les perceptions et dominées par l’acte volitionnel au sein de la conscience .  

Dans le théâtre de la vie, l’être humain est le plus clair du temps une marionnette actionnée au moyen de fils tirés du plus profond de l’inconscient. La pensée comme un dauphin jaillit hors de l’océan de notre inconscient. Elle surgit et replonge dans l’océan de l’oubli. Parfois, elle n’est qu’une vague impression, une idée furtive qui glisse juste au-dessous du seuil de conscience. Tout comme ce dauphin que l’on observe, on peut apprendre à observer le cheminement de nos pensées et expliquer leur raison d’être. Ce sont parfois plusieurs dauphins qui se disputent notre attention. Un à droite, un à gauche et nous voilà plongés dans des tergiversations qui paralysent notre élan de décision. L’intuition est prisonnière de notre pérégrination mentale, de ce processus de régulation émotionnelle qui agite l’esprit.

D’autres ont aussi tenté de décrire le soi. Est-il quadruple ? Est-il quintuple? Est-il multiple?

Comment cette cacophonie se déroule dans notre tête ? La pensée flotte, musarde, et s’égare, pour certains parfois, la moitié du temps. Et c’est là qu’interviennent les trois enseignements de William Osler : il faut apprendre à se concentrer sur son quotidien sans se préoccuper du lendemain, appliquer la règle d’or et cultiver l’équanimité avec courage et humilité car ce que l'avenir me réserve, je ne saurais le dire - et là mon avis diverge de celui de William Osler - ni ne devrais plus m’inquiéter de la mémoire du passé ( Remarques à l'occasion d'un dîner d'adieu à New York (20 mai 1905), publié dans Aequanimitas, et autres adresses (édition de 1910), p. 473).

Il est dit dans le Vimalakīrti Nirdeśa Sūtra:

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