Le monde des émotions et des sentiments

Publié le par Ysia

L’authenticité n’est possible que si l’on sait qui l’on est et ce que l’on veut, autrement ce n’est qu’un miroir aux alouettes, un jeu d’ombres et de réalités.

C’est le réseau par défaut qui est actif durant nos instants de rêverie, nos plongées mélancoliques, lorsque nous nous apitoyons sur nous-mêmes ou lorsque nous imaginons les dix mille scénarios du futur. Mais dès que nous reprenons une  activité qui demande notre attention à la différence des tâches machinales ou routinières, cette partie de notre cerveau est déactivée.

Le soi se fonde sur des états émotionnels et affectifs, des sensations physiques aussi diverses que le battement du cœur, la respiration,  la faim, la soif ou les impulsions instinctives. Le soi, en tant que programme de maintenance automatique, est la manifestation de sentiments instinctifs qui instaurent en nous un dialogue sans filtre.

Dans le même temps, le soi n’est soi que par rapport aux autres qui sont distinctement autres et donc perçus comme différents de nous. Il réside et voyage dans un espace éthique et culturel, legs d’une conscience collective telle que définie par Freud. S’il faut voir dans le soi une identité transtemporelle, la conscience collective en est l’origine lointaine,  le monde phénoménal et le monde neurobiologique y sont inextricablement imbriqués.

Les sentiments sont la motivation qui nous anime. Ils servent d’étalon de mesure, de système de suivi dans notre quotidien et sonnent l’alarme à chaque transgression sociale ou culturelle ou renforcent l'ego, boîte de résonance de la personne sociale. Cultures et émotions se nourrissent les unes des autres. On entend par culture un vaste ensemble d’objets, de pratiques et d’idées qui englobent notamment nos systèmes de valeurs et la religion. Ces deux-là sont tributaires de leur géographie, delà naissent les conflits culturels que certains considèrent être l’expression de la réalité alors qu’ils ne sont que l’expression des émotions, des ombres qui encombrent la conscience collective.

L’évolution participe des génomes au cours de milliers de générations, des modifications épigénétiques et des facteurs culturels au cours de plusieurs voire dizaines ou centaines de générations et de l’influence parentale. 

Dans cet entremêlement, les émotions et sentiments sont des outils maladroits de régulation. Ils nous préviennent des risques encourus, des dangers à affronter et des crises auxquelles il nous faut pallier. Ils peuvent, sous le contrôle de la raison, nous guider sur le chemin de notre destinée.

Les synapses s’embrasent et la pensée coule comme une rivière d’amont en aval. Le soi est un collectif de processus dynamiques qui traitent l'information. De cette conscience du soi découle le sentiment d’être des agents. Que ce sentiment soit ou non une illusion, il a une fonction : il est là pour nous convaincre que le soi est au gouvernail, qu'il dirige le fonctionnement moteur et social de l’être physique. Mais la conscience du soi est-elle capable d’autonomie mentale si elle ne peut déterminer quand elle divague ou quand elle est rationnelle, plongée dans un épais brouillard ? L’autonomie mentale, c’est de faire la part des choses entre ombres et réalités, d’observer ses pensées sans rationalité excessive ni aveuglement, avec bienveillance et malgré la vulnérabilité des mécanismes sensés garantir cette autonomie - un juste équilibre qu’il faut maintenir à chaque instant de la vie. Dans le dialogue entre le cœur et le cerveau, le souffle de la respiration peut calmer le tumulte de l’esprit.

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