porte sur l'inconscient

La conscience octopode

Publié le par Ysia

Il y a six cent millions d'années avant le présent lorsque humains et céphalopodes - dont font partie les pieuvres, les poulpes, les calamars et les seiches - partageaient un ancêtre commun dans le vaste océan de nos origines, qui sait ce à quoi il ressemblait.

Une créature en forme de ver, quelques millimètres de long ou plus large,  nageant ou rampant au fond des mers. Avec des embryons d'yeux et dotée d'un système nerveux. À l'époque de l'ancêtre humain-pieuvre, il n'existait aucun organisme sur la terre ferme et le plus large animal était probablement  une éponge ou une méduse.

Parmi les invertébrés - les araignées, crabes, abeilles et les mollusques comme les escargots, les huîtres - les céphalopodes inclus dans le sous-groupe des mollusques sont les seuls à avoir développé un large système nerveux et à se comporter d'une façon différente de celle des autres invertébrés. Les céphalopodes forment une île de complexité mentale dans une mer d'animaux invertébrés. Sur une branche de l'arbre phylogénétique, séparée de la nôtre, ils ont pourtant développé un large cerveau et adopté un comportement complexe.

Peter Godfrey-Smith, dans son ouvrage Other Minds, indique que la difficulté de sa discipline - la philosophie de la biologie - est la relation entre l'esprit et la matière, comment la sensibilité, l'intelligence et la conscience s'intègrent dans le monde physique.

L'évolution a commencé à partir d'une cellule unique pour devenir une accumulation de cellules multiples. C'est ce même processus qu'ont suivi tous les organismes. Il a fallu une force coordinatrice, un élan assembleur originel de plus en plus complexe dans un sens directionnel régi par le facteur temps. Un hasard expérimental ou une providence omnisciente? Peut-on parler d'unité de l'être lorsque chaque organisme n'est qu'un amas de cellules volontairement ou involontairement impliquées dans la marche inexorable de la vie ? Alors commence le bal des êtres multicellulaires dont le cerveau évolue au fur et à mesure de confrontations fortuites dans un combat incessant pour leur propre survie, dans la lutte contre l'extinction de leur espèce.
Aux premières heures de la vie - la période cambrienne - , il faut entendre par "cerveau" ou évolution mentale l'apprentissage des sens et du système nerveux, la capacité de recevoir et d'emmagasiner l'information. De ces embryons d'yeux sont nés les yeux composés des insectes et nos yeux caméras. Quel est le moteur de cette marche évolutive ? Est-ce pour répondre à l'environnement extérieur ou pour mieux contrôler le chaos intérieur ? Vraisemblablement les deux. Entre la perception de plus en plus claire de la lumière extérieure et la maîtrise des tumultes multicellulaires intérieurs... Entre l’exafférence qui provient d’un événement externe et la réafférence qui vient de l’organisme lui-même.
 
Pieuvres et autres céphalopodes sont des mollusques - ils font partie d'un large groupe d'animaux qui inclut huîtres et escargots. Alors qu'est-ce qui les rend si particuliers? Des premiers céphalopodes, seul a survécu jusqu'à nos jours, le nautile dans l'océan pacifique, guère différent d'il y a 200 millions d'années.  Quant aux céphalopodes des temps modernes apparus à l'époque des dinosaures, ils se sont divisés en deux branches: le groupe des huit tentacules et le groupe des dix tentacules.Le plus ancien fossile d'une pieuvre remonte à 290 millions d'années.
 
Les pieuvres sont intelligentes dans le sens qu'elles font preuve de curiosité et s'adaptent à leur environnement. Leurs tentacules dotées de neurones possèdent non seulement la faculté du toucher mais aussi du goût et de l'odorat. C'est ce qui décuple leur intelligence. Alors comment le cerveau commande-t-il les tentacules ? Et pourquoi ont-elles trois cœurs ? La question est de savoir quand on parle d'intelligence s'il ne peut y avoir d'intelligence que circonscrite dans le cerveau. La pieuvre rappelle à l'être humain que l'intelligence des sens dispersés à travers ses tentacules existe aussi.

Peut-on identifier la perception subjective à la conscience? Qu'entend-on par "être sensible"? Est-ce qu'un être sensible est automatiquement doué de conscience? Si l'être sensible vient avant l'être conscient dans un ordre chronologique - pour autant qu'on veuille bien les différencier l'un de l'autre -, alors comment a émergé cet être sensible? Si l'on ne parle ni de l'âme ni de pampsychisme, alors de quoi parle-t-on?

L'être sensible est né de la symbiose entre le ressenti et l'agir. Il répond à un stimulus qui précède un flot de réactions chimiques dans le corps. Faut-il en déduire que tous les organismes possèdent un minimum d'expérience subjective?

Chaque acte mis en branle et accompli - une parole, un mouvement, une grimace, un sourire, un verre de vin, un pas de danse - influence notre ressenti, et vice-versa, tout ressenti - peine, amour, colère, curiosité ou simple acte sensoriel -influe le mouvement ou geste suivant dans un cycle sans fin. Pour l'interrompre, il faut faire une pause, respirer, méditer et prendre le recul. Il est juste de dire que chaque action colore notre ressenti. Après une discussion houleuse, je ressens une certaine frustration, colère ou déception, des émotions négatives qui assombrissent le reste de la journée à moins de pouvoir maîtriser ce flot de sentiments. Je me risque à dire que rien a de l'importance si ce n'est l'importance qu'on y attache. Tout dépend de la réceptivité de l'être.

Des fonctions motrices aux facultés sensorielles... des facultés sensorielles aux fonctions motrices. Les expériences que nous traversons nous laissent un goût à la bouche,  dictent nos actes futurs et façonnent notre devenir. Mais les plantes ne bougent pas...
 

Que faire de nos émotions primordiales ?

Du brouillard de l’esprit à l’expérience subjective … S'il est vrai que crabes, pieuvres et chiens connaissent à divers degrés une expérience subjective, on peut donc constater l’existence de ce trait à plusieurs reprises au cours de l'évolution de la vie. La conscience ne serait qu'une forme plus intégrée, cohérente et unifiée d'expérience subjective. Des formes simples et anciennes d'expérience subjective à la conscience...

Peut-être ce qui peut paraître encore plus déroutant pour nous, humains, est la brièveté de la vie des pieuvres. Deux années seulement. Est-il compréhensible qu'un être doué d'une intelligence si singulière et unique parmi les invertébrés puisse avoir une vie aussi courte ? Pourquoi alors être doté de cette intelligence ? Pourquoi être doté d'une conscience qui suppose de manière tragique la prescience chez la pieuvre de son évanescence ? Pourquoi  des potentialités gaspillées dans le grand ordre des choses ? Nous savons que la pieuvre a une capacité exceptionnelle d'apprendre et de s'adapter, mais à quoi bon investir dans cet apprentissage du monde s'il ne reste plus de temps pour mettre ces enseignements, ces leçons de la vie à profit ?

La pieuvre est pareille à un maître zen pour lequel seul le présent, le ici et maintenant, n'a de sens et mérite son attention.

Et pourquoi ne vit-elle pas plus longtemps ? Si les colibris qui reviennent chaque année butiner les plantes indigènes vivent dix ans, pourquoi  les pieuvres ne peuvent-elles pas vivre plus longtemps ? Il y a pourtant la pieuvre du tréfonds de l'océan pacifique (graneledone borreopacifica) qui couve ses œufs quatre années et demi et qui pourrait vivre, en déduit-on, 16 années environ parce que les températures froides du fond de l'océan ralentissent le vieillissement de son métabolisme. Une telle durée d'incubation a pour conséquence un état physique plus avancé et plus large à la naissance.

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Réceptacle des consciences

Publié le par Ysia

Peut-on élaborer un système de spiritualité qui réponde à la demande de la période actuelle ? Un modèle qui tirerait sa source de  l’abreuvoir de sapience universelle. Peut-on embrasser l’avenir dans une approche participative spirituelle ?

Il n’y a d’existence que dans le temps. Cela implique un processus à la fois sur les plans physiologique, mental et spirituel. De ce que nous étions enfants ou même de ce que nous étions il y a dix ans, que reste-t-il ? Ce moi passé ou présent aura-t-il encore une existence demain ou faut-il parler de brèves étapes ontologiques successives dans un processus dont le produit que je suis évolue à chaque instant ? Parce que le cycle de vie des organismes se déroule sous des formes multiples temporelles, y a-t-il une entité aux niveaux microscopique ou macroscopique qui subsiste ?  Et quel est le but de ce processus s’il y en a un ? Philosophie du processus ou ontologie du devenir : ainsi se comprend la nature de la vie et des êtres. 

Si l’âge de bronze rappelle une période glorieuse de notre histoire limitée géographiquement à l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient,  la triste appellation d’« âge de la dépression » revient à notre époque actuelle. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la dépression est désormais la première cause d'incapacité dans le monde.  Les statistiques à cet égard sont alarmantes. Aujourd’hui la dépression est plus répandue et nettement plus précoce. Des chercheurs de l’Université du Queensland en Australie ont tenté de délimiter son étendue géographique. On entend par « approche participative spirituelle » la participation cocréatrice de tous les êtres de bonne volonté dans un mystère dynamique et indéterminé ou une puissance génératrice de vie que sont le cosmos ou/et la conscience universelle. La cocréation spirituelle est tridimensionnelle :

  • Intrapersonnelle, elle caractérise la collaboration à parts égales des cinq attributs d'un être  – son corps, son énergie vitale, son cœur, son esprit et sa conscience.
  • Interpersonnelle, elle consiste à établir une communication entre les êtres, humains ou non-humains, dans un esprit de solidarité, de respect mutuel et d’échange constructif.
  • Transpersonnelle,  elle définit un effort de dépassement de soi et de transcendance dans le cadre, notamment, d’états modifiés de conscience.
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De la langue originelle

Publié le par Ysia

S’il faut partir de l’histoire récente du créole, à savoir un système linguistique mixte créé au gré des flux migratoires par différents groupes de populations qu’elles soient européennes, africaines, asiatiques ou autochtones, pour imaginer par quel processus la langue pré-Babel a évolué, alors se dessine un tableau de la progression physique des mouvements de populations sur lesquelles les recherches d’ADN peuvent permettre de prolonger l’étude jusqu'aux origines.  Les indices fournis par l’étude comparative des langues peuvent précéder la découverte de preuves d’ADN corroborantes, comme le montre l’arbre tiré de l'article scientifique Genes, peoples and languages paru dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences)

 

Dans le cas de l’Inde, si les langues dravidiennes n’y auraient fait leur apparition que depuis 5 000 ans et les langues indo-européennes ne s’y seraient implantées que depuis 3 500 ans, le peuplement initial daterait de quelque 60 000 ans. Et si l’on a pendant longtemps pensé que les Gitans étaient originaires de l’Inde du fait des similarités de leur langue et des langues indiennes,  les résultats récents des recherches d’ADN confirment effectivement leur origine il y a 1 500 ans en Inde du Nord.

S'agissant de la langue pré-Babel, c'est comme s'il fallait déconstruire la Tour depuis sa base pour parvenir jusqu'au sommet! Steven Pinker, quant à lui, doute qu'il reste des traces de la langue originelle et qu'il ne nous sera jamais possible de les retrouver.

 

Avancer vers le passé comme pour répondre aux lacunes que le temps n’a pas réussi à combler. Donner le dos à l’avenir tandis que s’ouvre devant soi le passé comme un livre ouvert. C’est entre les lignes du passé que se lit l’avenir. L’âme spirituelle danse comme un feu follet au plus profond, comme un cheval ailé. Comment dompter le mirage Pégase ? C’est au tréfonds de soi que le son premier, l’harmonie de l’Un couve, se nourrit et brûle.

S’agissant du langage, se référant à l’article intitulé « Tuvan » du magazine National Geographic de juillet 2012, des questions essentielles se posent à l’humanité entière : Chaque dialecte recèle-t-il en lui des connaissances irremplaçables, trésors enfouis dans l’inconscient humain, parcelle d’une énigme universelle, pièce originelle et pourtant oubliée d’un puzzle car rejetée dans la marche inexorable d’une uniformisation du langage ? La culture des peuples et populations divers est-elle à jamais perdue car intraduisible dans les langues majeures qui affirment leur monopole autoritaire sur l'univers ? Quels secrets merveilleux, idées à la fois intuitives et subtiles se perdent fatalement avec la disparition de la tour de Babel ? Une langue peut-elle métamorphoser sa façon de penser, changer sa vue du monde ? Imprégner de poésie ou rationaliser la pensée ?

Au bout du chemin, il ne nous restera plus que l'infiniment petit pour répondre à nos interrogations, que notre ADN et les recoins de notre cerveau à prendre pour objet de notre étude. Linguistes, scientifiques résoudront-ils l’énigme de l’origine? Si l’avenir s’ouvre à l’horizon devant nos yeux ébahis, pourquoi nous est-il invisible ? Franchissant l'un après l'autre le seuil des trois dimensions, le présent apparaît comme une ligne de démarcation , un no man’s land, une embarcation au bout du monde, au bord du précipice et prêt à plonger dans la fange des eaux futures.

Et si chaque langue et dialecte recélaient le secret de notre évolution et représentaient une étape dans l’histoire de l’humanité, parcelles héritées du passé.

Cette incapacité à concevoir l’idée même du calcul suggère que la numération est le produit de la culture des individus et non une part intégrante de l’intellect humain. Ce sont les valeurs culturelles qui influencent le parler des communautés ou tribus indigènes, selon Daniel Leonard Everett. C’est l’expérience quotidienne et la mémoire des ancêtres qui colorent l'outil de communication spécifique à chaque population. Selon Everett, la tribu des Piraha n’a pas de conscience collective remontant à plus d’une ou deux générations ni de mythe relatif à la création originelle. Mais comment concevoir un peuple sans mémoire pour lequel seule l’expérience du présent existe ? Le langage naturel exprime l’identité culturelle indviduelle.Et cette identité des Piraha semble être ancrée dans le présent. Vivant au jour le jour, ils n’ont adopté aucun procédé de conservation de la viande et ne stockent pas de farine de manioc à l'exemple des autres tribus amazoniennes .

L’interprétation des couleurs varie aussi d’une langue à l’autre. Un arc-en-ciel, au pied de l'arbre, ne présente pas la même gamme de couleurs suivant les tropiques.

La disparition des langues est à l’image des dragons cachés et tigres tapis, talents enfouis dans les profondeurs de la nuit. Mais qu'en est-il du langage des formes anciennes, telles les sculptures Wollisho des plateaux éthiopiens, le sceptre de danse honorant le Dieu de la Foudre Sango et reconnaissable par le symbole de la double hache et le vase à tête humaine qui se retrouve de l’époque néolithique en Chine à l’Afrique du XIXe siècle dans la vallée de Benoué? Sagesses oubliées des Oromos éthiopiens aux Khoisan d’Afrique du Sud, des tribus Masai aux Hausa, des Kanuri aux anciens Sao...

En Chine, une expression graphique néolithique remonte à 6 000 ans d'après les fouilles effectuées à 賈湖 dans le Henan avec les premiers exemples de textes écrits datant de la période Shang tardive vers 1 200 ans avant notre ère. Il n'a pourtant pas été jusqu'ici possible de lier l'écriture Shang aux symboles néolithiques essentiellement du fait des quelques milliers d'annéees qui séparent ces deux périodes de l'histoire.

Tout est signe et forme dans la nature. C’est dans le réveil de l’humanité que réside sa survie. Le dictionnaire mental qui habite le cerveau humain est riche en symboles et concepts abstraits animés eux-mêmes d’un élan de vie singulier. Ce dictionnaire mental contribue à organiser la pensée et la perception universelles. Il faut prendre la mesure des conséquences profondes causées par les possibilités conceptuelles offertes par les langues et dialectes de l’humanité (K. David Harrison, The last speakers, p.48-49, National Geographic Society, 2010). La langue ne saurait être dissociée ni même interprétée sans l’espace qu’elle occupe parce qu’elle s’appuie sur l’environnement terrestre – rivières et vallées, montagnes et prairies, villes et rues – de ceux qui la véhiculent.

La lecture de l'ouvrage intitulé The Language Instinct par Steven Pinker ( N.Y.:W. Morrow and Co, 1994) m'interpelle: Si l’on parle de conscience, est-elle inséparable d’une forme de langage, ou plus fondamentalement d’une communication, qu’elle soit interne à l’être vivant ou externe ?L’absence de langage ne saurait signifier l’absence de pensée ! Ainsi le dialogue existe. Son existence est corroborée par les recherches scientifiques menées sur les singes et les oiseaux. Si l’on accorde une capacité de communication aux singes, cette conscience cérébrale est-elle absente des arbres de la forêt ? D’où vient le langage ? Naît-il de la pensée visuelle antérieure du point de vue biologique à la capacité d’expression ? Dans The creative Process A symposium (1954), Brewster Ghiselin rapporte les paroles d’Albert Einstein expliquant les étapes du processus de création:

L'intériorisation du dialogue ne saurait se limiter à une langue particulière. D’abord il y eut la conscience collective, puis vint la conscience individuelle. Le langage vint en troisième apporter le dialogue entre les êtres.

Comment dépasser ces barrières invisibles ? Comment redécouvrir la langue des premiers temps, langue secrète aux racines préhistoriques ? Tour de Babel ? Les langues anciennes sont la clef du passé.Les langues sont l’inconscient des errants du devenir. La Papouasie-Nouvelle-Guinée avec plus de 800 langues parlées offre un exemple extrême de la façon dont les langues se comportent comme des groupes exclusifs d’adhésion:

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Qu'est-ce que la conscience ?

Publié le par Ysia

D’abord vint l’Inconscient, alors vint la Conscience.

La vie passe le seuil décisif de l'avènement de la pensée par lequel le pouvoir inné de réflexion est mis en œuvre et façonné au fil du temps et au gré des sensibilités. L'art premier des mots et des images relève du rapport initial entre la forme véhiculée par l'image et le contenu articulé par les mots. Qu'est-ce qui a précédé la découverte de l'art? L'image née de la perception visuelle ou le contenu issu du langage intérieur? Mais la conscience illusoire et limitée est fondamentalement fragmentée alors que l'inconscient perdure et s'infiltre dans les crevasses qui fissurent le temps et l'espace. Au-delà des choses tangibles, de quelle étoffe est fait l’univers ?

Et si le simple battement d'ailes du papillon était cause d’une tornade comme si les mondes transversaux sur les deux axes de l’infiniment petit et de l’infiniment grand s'influençaient mutuellement. N'est-il pas avéré qu'une aussi petite surface de l’Afrique que la dépression du Bodélé, fournit,à elle seule, une bonne partie des minéraux nourrissant la forêt amazonienne? Les vents chauds apportent la vie au gré des mouvements tectoniques qui embrasent la croûte terrestre sous l’impulsion du magma souverain.

Y-a-t-il un monde au-delà du nôtre qui ne soit pas à la portée de notre entendement ? Si je parle de conscience dans une symbolique de la pieuvre et de l'univers ou du dauphin ou comme d’autres ont pu le faire si bien de l'effet d’être un papillon ou de celui d’être une chauve-souris (article de Thomas Nagel traduit par Pascal Engel, 1983), est-ce une frontière invisible qui sépare l’un de l’autre et se matérialise en d’apparentes propriétés physiques ? Sur les branches de l'arbre phylogénétique, gage de l'immortalité de la Conscience, perchent la pieuvre, le dauphin, le papillon et la chauve-souris dont la pratique de l’écholocalisation rappelle le rôle de la résonance dans la production de l'art pariétal par les artistes de la préhistoire. C’est dans les grottes et cavernes que les sons ont influencé la psyché de l'homme ancien. 

Mon corps fonctionne mécaniquement selon les lois de la nature. Je suis directement responsable des mouvements et actes de mon corps. Par conséquent, je contrôle les mouvements des atomes qui m'habitent. Où s'arrête la mécanique de nos gestes et actions, miroir des rouages de notre cerveau, et où commence la conscience? Sommes-nous de simples automates reproduisant les mêmes comportements et pensées face aux situations présentant de vagues similitudes avec le passé par le fait de réactions gravées dans notre ADN ou dans les premières années de notre enfance?

La conscience n'est plus alors qu'un simple tuteur supervisant l'éducation de la substance vivante que nous sommes (Erwin Schrödinger, What is Life?, Mind and Matter, p.97). Entre Ontogénèse et phylogénèse, la conscience serait essentiellement "présente" lors de situations nouvelles ou de prises de conscience nouvelles et elle serait absente quand des niveaux de maîtrise ou de maturité sont atteints. La conscience n'est-elle qu'un dialogue à deux voix voire à voix multiples ? Y-a-t-il unité de la conscience à savoir du phénomène sensoriel et et non sensoriel à l'intérieur de l'être? S'il s'agit d'un dialogue ou d'une discussion interne, il est à douter qu'une seule voix existe parce que temporelle et limitée aux circonstances physiques ou environnementales. Le dépositaire de la conscience est matériel et trouve sa source dans la biologie quantique.

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A la recherche de sa propre authenticité

Publié le par Ysia

I may have used the veil so successfully that I have made my performance believable to myself.

Finite and infinite games, James P. Carse, p.14

C’est quoi l’authenticité? Suis-je aussi sincère que je veux bien l’admettre? Faire tomber le masque et chercher au fond de soi la sincérité.

 

Être authentique vis-à-vis de soi et des autres, c’est être à nu sans angoisse ni peur ni doute dans ses relations, dans ses conversations,  sa présentation aux autres. Le manque de confiance en soi et le besoin de sécurité sont aux antipodes de l’authenticité.

L’authenticité, c’est de reconnaître le cocon dans lequel on s’est soi-même installé. Cocon ou entrailles telluriques si confortables à l’âme sensible qui rôde dans le dédale de galeries souterraines l’emmenant inexorablement vers d’autres accomplissements, vers d’autres lumières. Cocon humble et ordinaire mais si nécessaire à la transformation de l’être. La vanité, elle, reste en soi, tapie dans le for intérieur.

La vanité sommeille et s’éveille tour à tour, dans un soubresaut, à la faveur d’une rencontre inattendue, face à un échec ou à un refus. Il faut alors reprendre obscurément la voie de l’authenticité.

Si la vie était un art, l’authenticité serait l’œuvre ultime de l’artiste. Résonance ou vanité marque un cheminement, un processus dont le but est l’authenticité. Chaque instant, j’oscille entre les deux dans un équilibre imparfait. L’authenticité est la finalité, l’humilité est la boussole, le compas d’une odyssée  à travers le temps et l’espace. Résonance ou vanité n’est pas une sentence mais un questionnement. Combien de vanités, au cours d’une vie, sont piétinées sur la voie de l’authenticité ?

L’authenticité, c’est d’accepter ses propres limites, ses propres  lacunes et  les étaler sur la place publique.

Mais l’authenticité, c’est aussi d’avouer ce qui nous fait vibrer aussi insensé soit le rêve, contre tous les établis. Les passions sont de celles-là parce qu’elles transcendent une existence ordinaire. Ce ne sont pas des vanités. 

Que dire de l’authenticité chez l’autre ? J’avoue rechercher avec un œil trop inquisiteur l’authenticité chez l’autre. Le regard est une fenêtre sur l’âme. Le manque d’authenticité dans notre vie quotidienne peut-il se concilier avec notre aptitude innée à être authentique ? En quoi nous oblige l’exigence d’authenticité ?

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Le tronc calciné

Publié le par Ysia

Tronc calciné (4)

Suis-je pareille à un ptéropode qui, incapable de s’adapter à son environnement,

N’arrive plus à créer sa coquille calcaire ?

De la diversité morphologique à la diversité biologique,

Les protubérances solaires continuent leur danse.

Le tronc calciné, mémoire d’Australie, symbole aborigène

Pareil au lettré chinois portant la sagesse du monde sur son dos

S’en va en silence en quête de vérité brûlée au gibier de la bêtise humaine.

Koru ou le point d’interrogation…

 

Imaginer une planète où nous aurions provoqué notre fin tragique par la combustion des carburants fossiles créant un couvercle baudelairien de gaz carbonique au profit des plantes et l'avènement de leur règne. Ironie de la vie. Sommes-nous des parasites sur la terre qui se réjouira sur la tombe de notre humanité perdue?

Qu'est-ce que la vie ou qu'est-ce que vivre? Vivre est un processus énergétique qui se manifeste par le transfert d'électrons d'une molécule à l'autre dans la chaîne respiratoire. Ainsi se produisent photosynthèse chez les plantes et respiration chez les animaux suivant les règles d'une chimie gouvernée par la thermodynamique et la cinétique (Nick Lane, The vital Question, p.148). Le magma du tréfonds de la Terre est-il à l’origine des vents chauds qui tourbillonnent autour du globe ?

Chimiosmose... Les eucaryotes ont 200 000 fois plus d'énergie par gène que les procaryotes, ce qui expliquerait leur bond dans l'évolution. Ils consument environ 5 000 fois plus d'oxygène par seconde qu'une bactérie étant donné l'amas d'ADN mais surtout l'énergie utilisée pour la synthèse des protéines.

Dans un processus énergétique préludé par Anaxagore, tous les êtres vivants se divisent entre les eucaryotes et les procaryotes. Un abîme pourtant sépare les deux.

Le corps est un écosystème d'éléments humains et non-humains connectés entre eux.Un univers à l’intérieur de nous vit.

L’avenir de la vie est un voile invisible. Son expérience est immédiate dans un appel constant à la créativité. Sous le commandement de la Raison universelle, l’humanité reçoit l’Ordre impersonnel de la nature.

C’est à partir des composés inorganiques que sont apparus les composés organiques, suivant l’expérience de Miller-Urey, loi mécanique de cause à effet. Peut-on par la biologie de synthèse reproduire la première bactérie à l’origine de la vie ?

La vie se définit comme une excroissance des organismes microbiens que sont les bactéries, les eucaryotes et les archées voyageurs de l’espace universel d’astre en astre, de planète en planète. Ainsi est la théorie de l’origine de la vie appelée panspermie, autrefois ridiculisée mais devenue aujourd’hui une possibilité indéniable. (The future of life, Edward O. Wilson, p.7).  Si la biosphère est le corps, l’humanité est l’esprit (ibid., pp.98-132), « nappe pensante », qui, après avoir germé au Tertiaire finissant, s’étale depuis lors par-dessus le monde des Plantes et des Animaux : hors et au-dessus de la Biosphère, une Noosphère  (Teilhard De Chardin, Le phénomène humain, p.121), nappe pensante aussi appelée conscience collective. Notre place dans un hypothétique avenir est de protéger la vie de la planète, conscients des connexions de la création.

Familles, ordres, classes, phyla, royaumes – tout s’enchevêtre pour former la biosphère des trois domaines que sont les espèces, les écosystèmes et les gènes qui constituent l’hérédité individuelle et à la base de laquelle résident bactéries, eucaryotes et archées. Chaque espèce se limite à sa propre communauté dans la mesure où les espèces se consomment les unes les autres, sont consommées, se font concurrence et coopèrent. (ibid., p.11)

Comment expliquer l 'élan vital? Si la composition chimique de l'être vivant n'est pas franchement différente de celle d'une créature inanimée, qu'est-ce qui nous sépare de l'arbre si ce n'est peut-être un autre niveau de pensée? Comment des produits chimiques au sein de la cellule délivrent-ils l'information nécessaire à la transmission des traits héréditaires fondamentaux? Il s'agit bien de briser le code. Protoplasme à l'intérieur de la cellule vivante...

Il n'est pas correct de dire que les gènes doivent aux lois statistiques de l'ordre et du chaos la rigueur de leur modèle de reproduction. La vie est un phénomène qui se produit au niveau quantique. Les enzymes sont les moteurs de la vie. Mais que sont les enzymes? Et qu'est-ce qui leur permet d'accélérer le processus de transformation de la vie ? Les enzymes sont une forme de catalyses biologiques. De l'enzyme à la théorie de l'état en transition...

Mais pourquoi a-t-il fallu attendre les années soixante pour que l'on s'intéresse sérieusement au monde infiniment petit de Pascal?

De la décohérence aux battements quantiques...

L'effet tunnel est le processus permettant aux particules, notamment radioactives, de traverser des barrières impénétrables aussi facilement que le son traverse les murs. Comment les amphiprioninae peuvent-ils retrouver le chemin de leur origine et prendre refuge dans les mêmes coraux qui les ont vu naître? Et comment des papillons naviguent-ils avec une telle précision qu'ils peuvent atteindre un lieu à des milliers de kilomètres de leur origine ? Est-ce leur sens de l'odorat ou est-ce une mémoire ancestrale gravée dans leur ADN? Magnétoréception, application de la biologie quantique, ou comment les êtres vivants utilisent le champ magnétique de la terre pour se diriger grâce aux cellules magnétoréceptrices. Les rouges-gorges européens migrent depuis l'Afrique du nord jusqu'à l'Europe du nord. Qu'en est-il des rouges-gorges solitaires à ma fenêtre qui bravent les températures frigides de l'hiver?
Intrication ou enchevêtrement quantique... C'est la lumière qui est nécessaire pour permettre à l'oeil de l'oiseau la visualisation du champ magnétique.

Les organismes vivants ne pourraient se reproduire que s'ils n'avaient pu la toute première fois répéter l'information nécessaire pour se faire. Les gènes sont des entités mécaniques quantiques.
La vie est-elle une succession ininterrompue de faits al
éatoires ?

Les mutations sont des sauts quantiques. De l'évolution quantique à la mécanique quantique, quel est le lien entre la mécanique quantique et la génétique? La première est fondamentale dans la transmission des traits héréditaires car notre code génétique s'écrit en lettres quantiques. Les gènes quantiques codifient la structure et la fonction de chaque microbe, plante et animal.

La vie s'inscrit dans le royaume quantique. Comment des informations codifiées dans différentes régions du cerveau s'accordent et s'organisent dans notre esprit conscient? Ainsi se pose la question de la collecte et de la fusion de l'information dans l'esprit. Qu'est-ce que la conscience et comment interagit-elle avec la matière cérébrale? De la mécanique de la pensée... Du réseau neuronal à la main de l'artiste...
Le cerveau est un ordinateur quantique. Le champ électromagnétique est pr
ésent dans le cerveau et c'est cela la conscience. L'âme est l'étincelle vitale quantique tandis que la conscience collective est le champ magnétique de la terre....L'ombre de l'esprit.

Si les fossiles appartiennent à la période du Visible (Phanérozoïque) commencée il y plus de 500 millions d'années, la période de la vie antérieure ou précoce (Protérozoïque) fut quatre fois plus longue. Avant cela, il y eut la période archéenne qui commença 3.8 milliards d'années à la suite de la formation de la croûte continentale et  encore avant il y eut peut-être, après l'impact géant avec un hypothétique corps céleste symboliquement nommé Théia, le temps premier de l'Invisible (Hadéen) qui débuta il y a 4,5 milliards d'années. Rappelons que l'émergence de la vie date de 3.8 milliards d'années. Les premiers Eucaryotes ont entamé leur évolution il y a 2.7 milliards d'années et formé des colonies entre 2.1 et 1.9 milliards d'années. Il y a 900 millions d'années, des organismes multicellulaires complexes apparaissent enfin et s'essayent progressivement à créer champignons, plantes, animaux et chromistes.(The Book of barely imagined beings, Caspar Henderson, The University of Chicago Press, 2013)

Issus des océans, nous avons évolué. C'est parce que nos poumons et nos membres se sont lentement modifiés les premiers. Et de créatures aquatiques, nous sommes devenues des créatures terrestres ou... aériennes, devrais-je dire, prisonnières de la loi de la pesanteur. Qu'est-ce que cela révèle ? Que nous dépendions avant tout de nos membres et de nos poumons. Que marcher, respirer et toucher voire manier nous importait davantage que le reste. Que les sens du toucher et de l'odorat sont essentiels et que l'air est la vie. L'air est l'agent de transmission.

Les plantes ont-elles leur propre manière de pensée ? La forêt tropicale disparaît au rythme de 1,5 acres par seconde...

Et les arbres sur les branches desquels se posent les buses sont-ils des humains pétrifiés, condamnés au silence ?

L’arbre est-il une créature inanimée ?

Qu’est-ce que la sève d’un arbre ? Est-ce la vie ?

Est-ce la conscience quand le tronc devient branches ?

Peut-on croire en la transmigration des âmes d’un individu à l’autre, d’un être vivant à l’autre, de l’inconscience à la conscience ?

Tout au bout de la terre, le scientifique est un poète.

Au cri des écosystèmes éradiqués et des espèces disparues, il répond en leur mémoire. Sommes-nous ignorants, aveugles ou crédules qu’il ne nous est possible de constater la mort du chêne blanc ?

Dans la gestion des milieux naturels, quelle doit être l'éthique qui gouverne le monde ? c’est l’Ethique universelle qui doit guider le développement durable. Parmi les douze menaces à l'environnement se trouvent selon Jared Diamond, auteur de Collapse :

  1. déforestation et destruction de l’habitat
  2. déficience des sols (salinité, érosion, baisse de fertilité)
  3. problèmes liés à la gestion des eaux
  4. surchasse
  5. surpêche
  6. effets des espèces introduites sur les espèces indigènes
  7. croissance démographique
  8. impact accru par habitant/ responsabilité individuelle accrue dans la gestion de l’environnement
  9. changements climatiques causés par l’être humain
  10. accumulation de produits chimiques toxiques dans l’environnement
  11. pénuries d’énergie
  12. utilisation par l’être humain de l’entière capacité photosynthétique de la terre 

Que peut-on apprendre des habitants de l’île du Pacifique,Tikopia ? Que c’est à la société dans son ensemble de répondre à l’urgence des problèmes liés à l’environnement. Combien d’arbres sont abattus chaque année par hectare de terre ? Combien germinent et avec quelle rapidité croissent-ils  ? Ainsi se définissent la fragilité et la résilience de notre environnement. De l’anthropocentrisme, n’est-il pas temps de parler de biocentrisme pour le salut de toutes les créatures, végétales, animales et humaines ? La biophilie est l'inclination innée à privilégier toute expression de vie auxquelles nous sommes irrésistiblement associés (The future of life, Edward O. Wilson, New York, 2002, p.134).

"Sagesse, où es-tu ?" demande la Terre.

Tribus et populations aborigènes d’ Amérique, d'Asie ou d’Afrique partagent-elles une même ADN de la sagesse humaine ? Descendants d’Antée, notre force vient de Gaia. Si nous nous coupons d’elle, nous commettons le suicide de la civilisation humaine. Est-ce dans la fosse tectonique de l’Afrique orientale que le berceau d’Antée se trouve, lui qui fut nourri au sein de Gaia ? Les fossiles anciens jonchent la terre aux quatre coins du monde, évidence de notre histoire commune.

Le savant, détenteur de vérités, énonce la raison de son désespoir. Terre, cimetière des hommes et des espèces éclipsées ou menacées par le blanchiment du corail. Jungle humaine où la loi des plus puissants règne. Mais c’est en compagnie des autres créatures et dans une matrice de conditions données que nous évoluons sur le chemin de la croissance collective future.

Est-ce la folie des grandeurs qui fait que l’homme, divinité déchue, se rue vers sa propre destruction et celle des espèces terrestres, aériennes ou aquatiques comme la baleine bleue ? Pourquoi la sagesse, à l’état de graine dans l’homme préhistorique semble s’être stagnée au stade paléolithique ?

Créer une éthique de l’écologie universelle. La terre n’est pas une esclave, tout au plus un véhicule dont nous sommes les passagers.

L’évolution est indissociable de son environnement. Au fur et à mesure des changements directs ou indirects opérés sur l’environnement se poursuit l’évolution humaine et des autres espèces vivantes. Les silures arrivés tardivement dans le Tarn se sont adaptés depuis 1983 à leurs nouvelles circonstances, chassant le pigeon qui constitue aujourd’hui 80% de leur alimentation. Premier pas vers une nouvelle étape de leur évolution ? Peut-on imaginer qu’une mutation s’est enclenchée, comme celle provoquée par la surexpression du gène Hoxd13 qui déclencha la pousse de membres il y a 400 millions d’années sur des poissons, conquérants de la terre ferme (Developmental Cell) ?  

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Le mot n’est pas la chose

Publié le par Ysia

En dépit des deux découvertes majeures d'Abel daté de 3,5 millions d’années et de Toumai de 7 millions d’années, dont le paléontologue Michel Brunet est à l'origine, la genèse du genre humain est  obscure du fait de la dispersion des données et de la sporadicité des ossements fossiles dans le temps et l'espace. Il semble qu'il ait connu une première évolution dont la preuve constatée sont les fossiles humains découverts après les plus vieux outils de pierre à partir de 2,6 millions d’années. C'est au cours de ces trois millions d’années que nous sommes devenus humains par un processus ascendant - des pieds à la tête - car  c’est l’ancêtre doué de ses mains et debout qui a précédé le penseur. Les espèces sporadiques se sont tout autant succédées qu’elles ont cohabité de l'Afrique à l'Asie et l'Europe jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une, l'Homo sapiens.

 

 En rétrospective, il apparaît qu'un modèle mental s'est instauré et a évolué au gré de l'ingénuosité humaine, de cause à effet. Le genre humain se caractérise par une longue période de l’enfance qui s'est allongée dans le temps permettant l'apprentissage et l'enseignement des connaissances acquises au fil des générations. Depuis le moment où l'Homo a développé des instincts carnivores, ses outils oldowayens il y a 2,6 millions d'années ont servi à dépecer avant  l'adoption de techniques de fabrication plus sophistiquées, pierres de silex acheuléennes il y a 1,7 millions d'années. Premier omnivore diurne, l'Homo erectus a donné la preuve d'une incroyable endurance pour chasser et migrer vers l’Asie et l’Europe. De cause à effet... le cerveau en ébullition s'est emballé dans une fuite en avant fulgurante. C'est un apport de ressources energétiques nouvelles qui a alimenté l'évolution progressive du genre humain. Son ingénuité a créé les conditions nécessaires lui permettant d'extraire les ressources de son environnement et engager une nouvelle stratégie de vie. Deux détails sont à considérer:  un dimorphisme sexuel impressionnant, comme le montrent les expositions des musées d'histoire naturelle, a toutefois diminué avec le temps passant de 20% à 8% de l'Homo erectus à l'homme moderne tandis qu'un commencement d'expression orale a découlé des transformations avérées du larynx chez l'Homo erectus. Sur les circonstances qui ont entouré la naissance de ce qui constitue aujourd'hui l'outil essentiel de communication de l'homme moderne, à savoir le langage, il y a toutefois en désaccord (The Evolution of the Human Head, p.477-520).

 L'évolution du visage humain, aspect marquant de l'homme, a commencé il y a cinq cent millions d'années avec l'apparition des vertébrés et des traits distinctifs que sont les yeux, la bouche et le nez. Ce faciès, quartier général des sens, devint un peu plus expressif avec les figures poilues des mammifères, pourtant capables de quelques expressions faciales. Des mammifères aux primates, les visages nus montrent un plus grand éventail d'expressions avec six expressions faciales fondamentales et 20 expressions mineures pour l'être humain. Ce sont les multiples muscles faciaux qui donnent vie au visage. Peur, surprise, amour ou peine se lisent sur nos visages au point qu'il devient presque possible de deviner le caractère d'un être humain.
Trois hypothèses ont été retenues pour expliquer ce qui a été le moteur de cette évolution: une meilleure nutrition, le développement d'une ingéniosité nécessaire pour la recherche et la gestion des aliments et l'hypothèse du cerveau social que soutient Adam Wilkins dans le livre Making Faces :The Evolutionary Origins of the Human Face, Harvard University Press, 2017.

Chaque nouvelle découverte apporte son lot d’interrogations nouvelles..

Si la fabrication d’outils par les hominidés a commencé il y a 2,6 millions d’années, il a fallu longtemps pour maîtriser les facultés motrices et cognitives mises en cause et ainsi allier le geste à la pensée. Les premières industries soulignent un processus ayant pour aboutissement la création d’un produit fini et implique l’acte de volition. La volonté, voire velléités, est une manifestation primitive de l’être. Toutes les variations de l’organisme s’expliquent par l’usage et le non-usage, sous la pression de l'environnement, de ce potentiel biologique, moteur ou culturel, confirmant l’intention première de l’être préhistorique. La coordination entre le geste et la pensée implique la capacité innée d’emmagasiner l’information et de la reproduire dans un but utilitaire.

Le cerveau est une éponge qui s’imprègne du fluide de la connaissance. La conscience est sans cesse en évolution du néant à l’infini. Le facteur génétique explique l'architecture crano-faciale, en particulier deux gènes ont été identifiés comme essentiels dans la formation des traits du visage.

Mais c'est ce cerveau social qui m'intrigue davantage aujourd'hui.

Au cœur du paysage sonore aux allures de laboratoire scientifique, quatre paramètres successifs, à présent concomitants, ont marqué la vie sur terre depuis l'apparition des premières cellules à l'avènement  des civilisations: évolution, développement,  apprentissage, influence culturelle. La culture est un phénomène social qui dépend de la façon dont les humains se comportent et agissent les uns envers les autres (Human Head, Harvard University Press, 2011, p.2). Ces quatre caractéristiques découlent naturellement l'une de l'autre jusqu' à former aujourd'hui  un ensemble complexe interdépendant. La vie a pris origine il y a 3.8 milliards d'années environ, mais les circonstances précises qui ont conduit à l'apparition des premières formes de vie sont inconnues. Il est improbable qu'il y eut un commencement clairement défini car l'évolution passe par une kyrielle de boucles cycliques (ibid. p59). Comment un est devenu deux? Si une forme génétique élémentaire a commencé à se reproduire par la coopération et la persistance de ses éléments la composant, chaque changement dans la position des nuages de population correspond à une modification de la composition génétique des espèces. Plus l'espace occupé s'étend, plus les possibilités génétiques se multiplient sur deux échelles de grandeur, l'infiniment petit et l'infiniment grand, du fait de l'adaptation et de l'interaction des éléments qui y résident. Variation, persistance, renforcement, concurrence, coopération, richesse combinatoire et récurrence sont les sept clefs de la vie. Pourquoi parle-t-on de nuages de population? Les êtres tels des nuages flottants se sont dispersés sur la terre sous l'émission et la transformation de la lumière créatrice. C'est le temps qui régit notre vie passée et future. N'est-ce pas la date d'apparition des zébrures sur le corps de l'embryon qui décide de l'apparence du  zèbre ?

De petits groupes d’êtres humains aux regroupements en villages et villes,  en royaumes de plus en plus importants sous un chef puissant, un emblème, caractérisés d’un fétichisme latent. Des luttes entre individus aux combats entre communautés à la création par les vainqueurs de pays-nations.

Ce sont les interactions entre les êtres humains qui aiguisent et développent l'intelligence et par là même contribuent à l'accroissement de la taille du cerveau et à l'élargissement du front. Les yeux se sont rapprochés, le museau a cédé la place au vestige résiduel du nez et la mâchoire s'est rétrécie.D'un groupe au nombre restreint d'individus, une centaine peut-être, parti d'Afrique à la conquête du monde d'abord avec les espèces humaines plus anciennes puis avec les Homo Sapiens au village planétaire où les interactions entre les êtres se multiplient, s'accélèrent et s'intensifient, quel sera le devenir du visage humain?

Quelle est  la prochaine étape ? L’apparition d’un nouvel ordre mondial. La plus grande menace qui pèse sur le devenir de l’humanité est la concentration du savoir entre les mains de privilégiés et la confiscation des connaissances. Ce n’est pas la peur de la connaissance qu’il faut craindre mais la peur du néant dans lequel  les âmes perdues, dépouillées de certitudes plongent. La peur de reconnaître la fragilité de nos valeurs et l’incapacité de certains à accepter le doute. Le compas de la vérité, c’est l’humilité. Si la réalité n’est pas ce qu’elle est ? La question n’est pas « qu’est-ce que c’est » mais comment et pourquoi ces apparences trompeuses ? Par quels subterfuges sommes-nous rendus aveugles ? Quel est ce voile qui masque la réalité de l’existence ?  Ce voile réside dans l’inconscient, dans les neurones et les synapses du cerveau.

S'agissant de l'exploitation par l’être humain de ses capacités innées, l’article sur l’anthropologie psychoanalytique reconnaît la place de l’ouïe dans le cheminement de l’artiste de la préhistoire et comment le jeu des sons a favorisé son adaptation dans le milieu sombre des cavernes. De la pierre taillée à la pierre polie, l’artiste des cavernes fait penser à un animal cavernicole à l'aube de sa conquête du milieu épigé sur la route de son évolution biologique. Mais à l’opposé de cette faune soumise à une évolution régressive, l'homme évolue dans le sens de l’ouverture, preuve de la capacité d’expansion et de complexification de la nature humaine. Nonobstant les technologies et la culture dans laquelle baigne l'homme moderne depuis sa naissance, ne peut-on s'émerveiller de l'ingénuosité des artistes des cavernes peut-être égale, même si différente, à la nôtre ?

Pourtant depuis quelque 20 000 années (12 000 d'après The Evolution of the Human Head), le cerveau se rétrécit.Une thèse pour expliquer cette tendance amorcée est le fait que les hommes vivant en société font face à des circonstances beaucoup plus favorables que l'homme préhistorique, ce qui aurait provoqué la lente diminution de la taille du cerveau. Peut-être serons-nous un jour semblables à des sauropodes aux corps élancés surmontés de longs cous et de petites têtes.

Ce décroissement surprenant,  Richard Wrangham  l’explique autrement : elle est due à la diminution de l’agressivité chez homme.

 

On peut craindre cependant que la tendance se soit une fois de plus renversée depuis les temps coloniaux, selon Richard Jantz. Faut-il alors redouter avec elle, une recrudescence de l'agressivité humaine ? A suivre.

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De la nature des nombres et leur importance

Publié le par Ysia

 

Notre compréhension du monde passe par une numérisation des êtres et de l’espace environnant, qu’elle soit consciente ou inconsciente. La symbolique numérique est universelle de Pythagore à son contemporain Laozi. Tout est nombre!

 

道生一,

一生二,

二生三,

三生萬物。

Le Tao engendre Un.

Un engendre Deux.

Deux engendre Trois.

Trois engendre tous les êtres du monde"

(Lao-tseu, tao tö king, traduit du chinois par Liou Kia-Hway aux Editions Gallimard, 1967, section XLII,  p.118)

 

 

En tête de liste des questions laisssées sans réponse par la science, comme celles de définir ce qu’est la conscience ou encore comment la vie a commencé, se trouve celle de savoir pourquoi l’univers semble être régi par les mathématiques. Selon la théorie du Big Bang, la matière, l’énergie, l’espace et le temps furent créés au moment de l’explosion originelle. Presque soudainement, il semble que tout se déroula conformément à un dessein mathématique.

 

 

 

Mais ces lois mathématiques, d’où viennent-elles ? Quelle est l’origine des nombres et à quelles règles obéissent-ils ? Les disciples anciens du mathématicien grec Pythagore déclaraient que les nombres représentent le fondement de l’univers, que Dieu est un grand mathématicien et avant que « Dieu dit: Que la lumière soit! », il déclara : « Que les nombres soient ! »

Les savants évoquent la notion divine par métaphore. La plupart d’entre eux adhèrent de façon tacite à la philosophie de Platon qui proposait sans aucun fondement scientifique que les nombres et les lois mathématiques sont des idéaux éthérés qui existent au-delà de l’espace et du temps et hors de portée de l'entendement humain. 

Parce que tout le problème de la science est de donner une description de l’univers qui ne relève pas du surnaturel, l’incapacité à expliquer la déraisonnable efficacité des mathématiques, comme le souligne le physicien Eugène Wigner, constitue une énorme lacune dans la connaissance des hommes, sachant qu' une

 

«  théorie mathématique entièrement efficace est un formalisme doué de capacités prédictives, explicatives et génératives, autrement dit un langage permettant de décrire, d'expliquer et de maîtriser les phénomènes. ...nous voici confrontés de nouveau à notre question fondamentale : comment un ensemble de symboles abstraits, articulés par un jeu de règles précises, issu très souvent d'une activité purement intellectuelle, peut-il posséder de telles capacités d'adaptation au monde empirique, au monde des résultats expérimentaux ? … il convient aussi de saisir les dédales du processus historique qui, progressivement, tisse des liens bilatéraux étroits entre les mathématiques et les sciences naturelles ou humaines. La perception usuelle est affaire d'inné et d'acquis, la découverte du monde empirique par le biais des mathématiques significatives l'est également : elle procède d'une part, d'une capacité mentale, innée et conditionnée par l'évolution, qui permet à l'être humain de s'accrocher à des éléments de réalité empiriques, et, d'autre part, d'une capacité acquise par un long apprentissage historique, par une lente genèse qui, par infiltrations d'informations empiriques, coadapte les mathématiques à une description des champs phénoménaux. »

 

Faut-il penser comme Léopold Kronecker, un mathématicien du XIXe siècle, que les nombres entiers sont la création de Dieu et que tout le reste est l’invention de l’homme ou faut-il que nous nous accordions à dire avec Albert Einstein, que « la suite des nombres entiers est manifestement une invention de l’esprit humain, un outil qu’il s’est créé lui-même pour faciliter le classement de certaines expériences sensorielles » ?

Dans l’ouvrage intitulé The Number Sense: How the Mind Creates Mathematics (Oxford University Press, 1997), Stanislas Dehaene indique que les nombres entiers – les plus petits en tous les cas – sont solidement établis dans le système nerveux humain par un processus évolutif, ainsi en est-il aussi d’une propension élémentaire à compter et soustraire. Les mathématiques, selon lui, sont ancrées dans l’architecture de notre cerveau. Mais pas seulement le nôtre mais ceux d’autres espèces vivantes, faisant ainsi de cet instinct du nombre non pas un concept éthéré mais une création neurologique, résultant de la façon dont le cerveau, limité dans le temps et l’espace, analyse le monde à chaque étape de son évolution.

A l’Université de Californie à Berkeley, Dr Lakoff et Dr Nunez affirment que l’origine des mathématiques ne se trouve pas dans le cerveau mais dans le corps humain et l’univers physique. On préfère le système numérique fondé sur la base 10 parce que l’homme a dix doigts et dix orteils. Les populations primitives ont exploré les méandres du calcul en jouant avec leurs doigts, empilant roches et cailloux les uns sur les autres. Ils ont pris conscience des distances en faisant un pas après l’autre. L’invention de concepts plus abtraits a introduit des métaphores de base. L’invention des mathématiques a été l’occasion pour l’homme de créer d’autres métaphores dites de connexion.

 

Et c’est ainsi, étape après étape, que la babel des mathématiques, fruit de l’activité physique, a été créée.

 

*Useful Invention Or Absolute Truth: What Is Math?, New York Times, Georges Johnson, Feb.10th 1998, traduit, adapté et commenté par Ysia.

Pourtant tout en fait ne s’explique pas par les mathématiques sinon il serait tellement plus aisé d’expliquer la psychologie humaine, les marchés financiers ou de prévoir sur le long terme la météo… Les nombres président-ils à notre existence ou les avons-nous créé pour mieux interpréter l’univers. Un peu des deux…De deux choses l’une, soit il nous reste encore à découvrir d’autres règles mathématiques dans le domaine de la mécanique quantique ou dans d’autres plus abstrus et confirmer une fois de plus la prédominance des nombres, soit ce principe d’applicabilité est faux. De là la raisonnable inefficacité des mathématiques

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Monde à ARN

Publié le par Ysia

La vie pourrait tout aussi bien partir de l'ARN sans avoir besoin de l'ADN dans un processus de réplication sans fin. La seule différence est que l'ADN est dotée d'une plus grande capacité à emmagasiner l'information. Le proto-ARN est une première forme de génome, c'est-à-dire une enzyme primaire. Les bactéries, archées et eucaryotes forment les premières branches de la vie. Le simple fait que l'ARN s'autoréplique même avec des erreurs participe de l'évolution.

Les introns disparaissent pour réapparaître au cours du processus évolutif. L'ARN précède l'ADN dans un monde dicté par la chimie prébiotique. Mais d'où vient l'énergie nécessaire à la création de l'ARN? Un débat s'est fait jour sur la question de savoir, notamment, si les mitochondries sont apparues avant les eucaryotes pour être englouties dans une bactérie. L'ARN se présente sous bien des formes dans la plupart des bactéries. Ainsi l'évolution se poursuit à plusieurs niveaux : l'intron, l'organisme et la population.
Mais alors, à  l'avenir, les ordinateurs seront-ils suffisamment puissants pour créer la vie ? Et seront-ils à même d'acquérir ou de développer une conscience d'eux-mêmes?

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Langues et environnement

Publié le par Ysia

Les langues sont des perspectives du monde variées, multiples. Ces perspectives colorent notre façon de voir les choses et sont particulières à chaque groupe linguistique. Les langues indigènes de l’Arctique par exemple ont un lien unique avec l'environnement. Pourtant 21 ont disparu et 28 sont le plus gravement menacées d’extinction.

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