Oumuamua
Oumuamua - Consciousness and the Universe
Portland, Maine What is left of time passing? Ruins of castles, scrambled places in my head, old photos of stairways I climbed to the top of a mountain cutting through the thick haze. Seated on a ...
https://www.consciousnessanduniverse.com/2021/12/oumuamua.html
Que reste-t-il du temps qui passe ? Des châteaux en ruine, des lieux qui se confondent dans mon esprit, des vieilles photos de marches grimpées jusqu’au sommet d’une montagne coupant à travers l’épaisse brume. Assise sur un rocher surplombant la rivière du temps, je souhaite voir les choses plus clairement.
Une sculpture change d'apparence à chaque seconde, tout comme les idées et les corps physiques jusqu’à ce qu’ils se réduisent en poussière. Une masse de pierre se forme progressivement puis disparaît. « Le monde n’est pas tant fait de pierres », écrit Carlo Rovelli, « que de sons fugaces ou de vagues se déplaçant dans la mer ».
Une onde est une empreinte de tout ce qui voyage dans l’espace-temps. L’étude de la fonction d’onde implique des graphiques de probabilités, leur état et leur évolution. Une telle description mathématique reflète dans ma tête l’expérience mentale de l’intuition qui est comme un signal montant et descendant sur un graphique.
À l’intérieur, l’esprit géométrique organise un système de concepts et assemble un faisceau d’images. Il réagit au bruit émis par le fleuve des idées, forme une géométrie d'objets au fil des pensées, des cercles qui dansent sous un même toit d'où s'échappent les trois spirales universelles. A l'extérieur, c'est la force de gravitation universelle qui dicte la géométrie.
D'un côté, le néant est une présence intemporelle ; de l'autre, tout ce qui pourrait arriver existe, a existé ou existera. L'Univers fragmenté émerge à partir de l'espace-temps à travers l'univers quantique dans lequel se débattent les probabilités.
L'esprit géométrique recrée intuitivement la géométrie de son environnement. Il attribue le nombre zéro au néant et un à la totalité de l'Univers quantique. Zéro et un déclenchent le processus des nombres, démêlant les énigmes mathématiques fondamentales. Les nombres véhiculent une théorie de représentation et ouvrent des champs continus aux degrés de liberté infinis.
Dans le néant, il n’y a pas de mot pour les distances. Leur simple mention est absente. Le silence est la règle. C'est l’intrication qui reste silencieuse jusqu’à ce que le bruit et le système quantique agissent l’un sur l’autre au bord de la rupture. Émergeant de l'Univers quantique, un son est causé par le mouvement d’un objet individuel de quelque longueur tangible ou abstraite qu'il soit, même celui d’une étincelle intuitive dans l'esprit.
La résonance à l’intérieur répond aux sons à l’extérieur qui collaborent à une discrète symphonie en arrière-plan. Je souhaite concevoir un code poétique pour une théorie du tout qui transmette l’essence géométrique de l’information diffusée à travers des dimensions énergétiques infinies. Dessinant des cercles, je tente de sortir l'abstrait.
Si un attribut, quel qu’il soit, est vain et faux, alors chercher des réponses est futile. Au fond du puits, au creux de la vague, je suis aspirée par le le trou noir du néant. Entourée par l'obscurité et le silence, j’entends une voix murmurer que la communication interdisciplinaire est, d'un point de vue épistémologique, périlleuse. Néanmoins, une approche élargie d’une théorie de tout est la marche à suivre.
La géométrie des mouvements pose le problème des interactions entre les objects astrophysiques pouvant expliquer l’excentricité de la trajectoire de Neptune ou encore comment le Soleil était autrefois une étoile binaire. Un compagnon de masse égale au Soleil dans un amas stellaire pourrait-il être à l'origine du nuage de Oort et de l’existence putative de la Planète Neuf ? Chaque découverte est un guide vers quelque chose d'autre.
Un son nouveau a émergé, traversant l'espace à des années-lumière de distance, comme s'il avait été envoyé dans le seul but d'être reçu. Oumuamua n'est pas sorti du néant mais d'une zone où la structure de l'espace-temps implique le même processus d'accrétion au cours duquel ce qui existe préalablement est la progéniture de ce qui a préexisté dans le passé. La topologie de l'espace se façonne à partir d'une géométrie d'entités ontologiquement antérieures. L'espace n'est pas vide mais un ensemble de relations spatiotemporelles.
Des points émergent et dessinent l'espace-temps où le champ gravitationnel se dilate et se contracte comme un cœur qui bat. C'est un champ sonore, et le champ de la conscience est remplie de ses bruissements. D'où vient Oumuamua et comment est-il arrivé jusqu'ici ? A-t-il laissé sur son chemin des échos de son passage ?
Les objets flottants dans l'espace peuvent parcourir des milliers de milliards de kilomètres au cours de leur vie. Oumuamua a pu traverser un sous-ensemble de groupes mouvants d'étoiles lorsque ces groupes se formaient. Il s'est extrait de sa communauté d'origine. Les groupes mouvants d'étoiles sont des flux dans les flux, des surdensités dans l'espace, des courants temporels. Le groupe Carina et Columba est-il la région source d'Oumuamua éjecté pendant la formation de planètes ou des interactions dans l'amas?
Carina représente la partie inférieure d’un navire, une partie de ce que nos ancêtres voyaient dans le ciel comme un voilier, tandis que Columba désigne une colombe. Oumuamua est-il une plume de colombe ou un morceau de bois de la quille ? Pourrait-il s’agir d’un astéroïde du bras d’Orion ou du produit d’un nuage moléculaire dérivant aux confins de notre système solaire et jetant des miettes sur son passage pour nous inviter à le suivre.
Les poètes jalousent la vision panoramique des oiseaux et leur capacité à repérer un minuscule point de loin. Les albatros de Baudelaire, les moineaux du jardin indigène, les aigles de Cleveland et les mouettes de Portland occupent mon esprit. Les oiseaux vivent eux aussi une vie ordinaire, fouillant dans les ordures et arrachant la chair des poissons sur le bord de la jetée. Eux aussi se taisent à la fin de la journée et contemplent le coucher du soleil. Il se peut qu'Oumuamua soit un aigle de métal qui nous épie de loin. Craignant d'être capturé par les télescopes humains, il a quitté le système solaire.