Histoire de matière
A Tale of Matter - Consciousness and the Universe
The night retreats on my way to Cleveland. The fog spreads its coat over the valleys. Trees twisting on themselves line up along the road telling stories to each other. I thought owls come out at ...
https://www.consciousnessanduniverse.com/2021/10/a-tale-of-matter.html
La nuit se retire sur la route vers Cleveland. Le brouillard étend son manteau sur les vallées. Les arbres tordus sur eux-mêmes s'alignent le long du trajet en se racontant des histoires. Je pensais que les hiboux sortaient la nuit mais j'ai entendu un hibou un après-midi à l'orée du bois où des esprits étaient gravés dans l'écorce des arbres tandis qu'un pygargue à tête blanche se reposait un court instant sur l'herbe.
A mon retour, du jaune au printemps, le jardin indigène est devenu violet à l'automne. Le long du Potomac, les nuages se propagent plus vite que le soleil ne se lève ce matin. La maison est la proie des éléments, engloutie par la nature environnante. De la plume d'un oisillon à l'isle isabelle, chaque objet disparaît sous la mer du temps.
Le conflit des théories se déroule sur le terrain de nos cerveaux. Un récit épistémologique est considéré comme vrai dans la mesure où il est directement ou indirectement validé sous nos yeux observateurs. Son utilité est toutefois limitée s’il ne peut pas servir de base à des prédictions précises et opportunes telles que l’introduction dans notre cadre de réalité d’un pygargue à tête blanche ou d'un astéroïde qui restent dans l’ombre jusqu’à ce que notre chemin les croise. Et lorsque la matière observable montre des signes de transformation ou de décomposition, elle retourne elle aussi dans l’ombre intemporelle.
Une image complète de l’Univers nécessite non seulement d’identifier les objets observables, mais aussi leur configuration. À l’heure actuelle, nous basons un ensemble de propositions sur les observations actuelles et élaborons, dans les limites d’une interprétation rationnelle – sinon abstraite – une théorie de la géométrie évolutive de l’Univers.
Des murs et des filaments se dessinent comme des plaques découpées sur la sphère céleste invisible, comme s'il était possible de glisser sur le long de ses lignes temporelles. L’Univers peut être comparé à une Terre remplie d’espace dans laquelle nous serions à des années-lumière de parvenir aux rivages d’un nouveau monde. En espérant poser le pied sur Mars d’ici les années 2040, pourrions-nous espérer atteindre Andromède d’ici quelques milliers d’années ?
Mais cette sphère est peut-être plate. Les rêves sont un outil d'apprentissage pour le cerveau. Une image m’est venue à l’esprit, celle d’atomes d’espace-temps s’écoulant comme de l’eau de pluie dans la nuit noire sur la surface plane d’un champ gravitationnel quantique, tourbillonnant autour des trous noirs comme s’ils étaient des égouts.
La flèche du temps atteint-elle sa cible une fois qu’elle a dépassé l’horizon des particules ? Alors que des quantités macroscopiques de matière et d’antimatière sont signalées dans les objets astrophysiques à plus forte densité énergétique tels que les trous noirs, le rêve présente un aperçu, à travers l’écran épais d’événements relationnels multicouches, d’une danse synchronique de matière et d’antimatière s’annihilant lors d'états de transition y compris durant le processus de vieillissement physiologique et la fonte des glaciers.
Les mélanges des formes signifient qu’il y a de multiples façons d’être et de ne pas être dans l’intemporalité. La matière est un état d’être pluriel. L’Univers a commencé avec un nombre baryonique nul. Les particules ponctuelles et leurs champs d'activités ont précédé la matière. Avec l’émergence des baryons agissant comme générateurs de déplacement temporel et spatial, la pluralité de la matière a commencé.
Bien que l’espace-temps « existe » indépendamment de la matière, la matière ne peut se dissocier de l’espace-temps. Le temps et l’espace agissent comme des marqueurs topologiques pour chaque parcelle de matière. Selon Etienne Souriau, si, lorsque nous parlons d’être, l’espoir est de voir un tel état numériquement seul, la multitude d’êtres, que notre raison nous conduit à différencier, deviennent tout d’un coup des fantômes. Ces prétendus êtres rassemblés par tribus s’unissent à l’être et se fondent en lui, chacun d’eux suivant la bannière d’une ligne d’existence particulière.
Pour rassembler un nombre indéterminé de principes de correspondance décrivant un modèle relationnel, ils doivent être définis conceptuellement et de la manière la plus concrète possible permettant la mise en œuvre d'un processus d’actualisation au-delà de la barrière invisible entre le néant et l’Univers observable.
C’est dans sa temporalité qu'un objet est actualisé et que sa forme produite par le mouvement s’extrait de l’indistinction des mélanges de formes. Enchevêtré, il acquiert masse et volume et est ainsi localisé. Les aspects relationnels dictent les états de la matière.
Si l’Univers était une symphonie de lumières et de sons jouée sur le clavier du temps, il serait structuré comme une musique de compositeur autour d'un arrangement de cordes. S’il était un cerveau, le flux de matière lui fournirait le carburant nécessaire. Outre la question de l’attachement d’une forme à un objet, des aspects relationnels ont eux-mêmes une raison d'être essentielle.
Le statut ontologique sous-tend un but implicite, non pas un point statique mais un mouvement à travers l’espace-temps. Dans un paysage universel où la plus grande matriochka est l’Univers, la série infinie de poupées de plus en plus petites, bien que disposant de leurs propres ressentis, sont enfermées come dans une boîte qui détient la clé de leur raison d’être fondamentale. Le jeu infini auquel nous jouons tous à l’intérieur ressemble à un jeu de double causalité.
Le long monologue d’un moqueur chat à ma fenêtre fait écho au mien. Le berceau géométrique dans lequel nous nous trouvons pourrait bien être parsemé de trous noirs se tenant comme des ponts spatiaux, un état de superposition d’univers invisibles les uns aux autres. Les poètes pourtant pourraient bien ressentir l’absence subtile des uns et des autres. La matière stellaire dont ils sont sûrement faits disparaît-elle ou voyage-t-elle à travers l’espace-temps ? Retournent-ils au lit de semence de l’énergie noire ou sortent-ils pour rejoindre un univers jumeau ?
S’il ne s’agit pas d’un ensemble d’univers enchevêtrés dans un multivers, un univers jumeau pourrait se former au même « moment » que le nôtre. Puisqu’il y a un léger excès de matière par rapport à l’antimatière dans notre univers, responsable de l’existence de la Terre, des planètes, des étoiles et de nous-mêmes, un déséquilibre analogue se produirait-il dans l’univers jumeau, entraînant la domination des antileptons ?
L’énergie noire pourrait être intrinsèque à l’espace lui-même. C'est un filet de capture indivisible. En fin de compte, qu'il y ait une quintessence décroissante ou une énergie sombre croissante, ce quelque chose qui ressent apparaît comme le reflet d'autre chose. Si l'Univers était un cerveau, la quintessence décroissante décrirait la diminution de sa propre ignorance.