L'esprit dans la coquille
Le temps est le patrimoine intangible de l’humanité, constitué de phases successives depuis le temps passé avec l’apparition des bulles de rayonnement gamma il y a 1 à 3 millions d’années à l’époque des premières espèces du genre Homo, au temps présent avec la disparition au niveau local du chêne blanc, jusqu’au temps futur avec l’exploration minière des astéroïdes, l’implantation d’un village lunaire multinational et, allons plus loin, le devenir de Saturne dont la dynamique planétaire est en déclin.
Nul ne sait ce qu’il adviendra lorsque l’effet dynamo qui génère le champ magnétique s’arrêtera mais Saturne pourrait bien ressembler à Mars dont l’atmosphère a quasiment disparu, érodée par les vents solaires.
Le réchauffement climatique sonne le glas de l’environnement tel que nous l'avons connu. Dans la difficulté de tenir pied face à l’urbanisation, la déforestation, la pollution et aux changements climatiques causés par l’être humain, les arbres ne sont pas immobiles. Sur le long terme, ils bougent et se déplacent, c’est-à-dire qu’ils disparaissent dans une région pour prospérer dans une autre. Les glands du chêne blanc sont des milliers de semences en mouvement.
Ces séquences dans le temps projettent des images dans mon esprit comme si ma mémoire en avait été le témoin.
A la question sommes-nous seuls dans l’univers, la réponse est affirmative dans la limite de nos connaissances actuelles même si 52 exoplanètes potentiellement habitables ont été découvertes à ce jour, compte tenu de la difficulté de constater le niveau d’habitabilité des milliers d’exoplanètes observées et dans l'attente de la mise en activité des futurs télescopes tels que TESS (Transiting Exoplanet Survey Satellite) en juin 2018, WFIRST ( Wide Field Infrared Survey Telescope) vers 2025 et du projet d'observatoire astronomique spatial LUVOIR vers 2035 notamment.
On peut comprendre que certains se risquent à croire que l’être humain est la raison d’être de l’univers et défendent le principe anthropique cosmologique. Je pense, donc l’univers existe. Mais l’homme n’est qu’un épisode dans un processus biologique. Il n’est pas une fin en soi.
Dans le prolongement des articles précédents, si les organes bioniques, les puces électroniques greffées dans le cortex et la manipulation génétique visent à transcender notre humanité, alors n’hésitons pas et si l’on peut insuffler à un ordinateur la faculté d’apprentissage, il serait logiquement possible qu’il apprenne à réfléchir et à développer une conscience. Mais si ce sont de nouveaux outils pour asseoir le pouvoir de quelques-uns, alors non. L’industrie des technologies de pointe, et les entreprises numériques en particulier, sont idéalistes dans leur conception du futur. Tout en voulant améliorer l’homme de demain ou lui offrir un monde meilleur, elles ont créé chez leurs consommateurs une dépendance – nomophobie, addiction au smartphone, cyberdépendance – et creusé les inégalités. Cette dépendance dont il est difficile de prendre la mesure est venue s’ajouter à d’autres dépendances. Le cerveau est-il fragilisé par l’internet ? Faut-il craindre l’explosion de l’externalisation de notre mémoire ?
La question fondamentale se pose : Des implants visuels aux implants auditifs et cérébraux, l’évolution de l’homo sapiens ainsi amélioré implique-t-elle la perte de sa naturalité ? Perdre à la fois son humanité et sa relation avec la nature est un risque avec lequel jongle l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Avant de basculer dans cet ordre nouveau, le défi est de savoir ce que signifie d’être humain, de redéfinir notre codépendance avec la nature et de tenter une approche nouvelle que j'ose nommer l’authentique générosité car ce que l’on est au-dedans se reflètera inéluctablement au-dehors.
Le découragement s’empare parfois des chercheurs quand ils ne trouvent pas de réponse au-delà des limites de leur quête empirique. La petite anomalie constatée en décembre 2015 par les chercheurs du Grand Collisionneur de hadrons (LHC) ne semble avoir été qu’une fluctuation statistique sur la base des données collectées jusqu’ici. La résonance enregistrée, 750 fois plus lourde qu’un proton, avait résulté de la désintégration d’une particule en deux photons. Si rien n’existe sans que nous l’ayons observé, alors aucun indice convaincant d’une nouvelle physique n’a encore été observé et ne peut remettre en cause le modèle standard de la physique des particules, confirmé depuis la découverte de la structure d’un atome, par les particules élémentaires comme le tauon et les bosons W et Z.
Au bord du gouffre de leur ignorance, les chercheurs contemplent de vastes territoires inexplorés. L’observation d’une nouvelle particule contenant deux quarks charmés et un quark up de la famille des baryons, l’expérience ALPHA qui repousse les limites de nos connaissances de l’antimatière grâce au décélérateur d’antiprotons et l'achèvement du tout nouvel accélérateur de particules linéaire Linac 4 qui permettra au LHC d'atteindre une luminosité plus élevée d'ici à 2021 sont autant de signes prometteurs dans la recherche de la physique au-delà du modèle standard. Il reste à voir si d’autres anomalies viendront confirmer les anomalies observées antérieurement.