Ypykuéra
Un groupe d’êtres humains mystérieux a traversé l’isthme de Béring, de la Sibérie à l’Amérique il y a mille ans. C’est du moins ce qu’ont révélé des analyses génétiques. Le code génétique de ce peuple fantôme a survécu parmi les indigènes vivant au fin fond de l’Amazonie brésilienne, mais les deux équipes de recherche qui en ont fait la découverte ont différents points de vue quant à la date et à la façon dont ces migrants sont arrivés en Amérique.
Des études génétiques précédentes effectuées sur des Amérindiens modernes et anciens suggèrent que le périple s’est déroulé il y a au moins 15 000 ans par un groupe unique, baptisé les « Premiers Américains », qui a traversé l’isthme de Béring de l’Asie à l’Amérique du Nord. Pourtant, des membres de deux groupes amazoniens, les Surui et les Karitiana, sont plus proches des habitants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et des aborigènes australiens que les autres Amérindiens le sont de ces groupes d’Asie australe.
Cela peut s’expliquer par le fait que des ancêtres lointains de ces hommes originaires d’Asie australe ont également traversé l’isthme de Béring pour être par la suite supplantés par les « Premiers Américains » dans quasiment toute l’Amérique du Nord et du Sud. D’autres preuves génétiques suggèrent que les populations modernes d’Asie australe sont les descendants de peuples aujourd’hui disparus mais autrefois largement répartis en Asie, appelés « population Y » pour Ypykuéra (ancêtre) dans la langue des Surui et des Karitiana. La population Y serait parvenue en Amérique avant ou quasiment au même moment que les « Premiers Américains », il y a plus de 15 000 ans.
Faut-il alors conclure que des descendants d’Asie australe ont migré depuis le Nord jusqu’en Amazonie ? Ou ces nouvelles données génétiques résultent-elles de l’accouplement entre populations notamment venant des îles aléoutiennes au large de l’Alaska où ce même code génétique d’Asie australe a été récemment confirmé ?