Nos petits monstres
Y-a-t-il une échelle des êtres, une échelle que l’on est condamné à redescendre si l’on ne s’applique pas à la monter ? "Je souhaite que tous, nous puissions éprouver la joie d’une éducation véritable" écrit Chris Lydgate, "Je souhaite que tous, nous puissions avoir l’occasion d’embraser l’étincelle de l’inspiration..., je souhaite que nous nous souvenions tous que nous sommes, nous aussi, des œuvres inachevées, des ébauches, des pièces grossières, des chantiers. La différence principale est que certains d’entre nous continuent de l’être plus longtemps que d’autres."
A l’issue de quatre années, la thèse de licence vient couronner l’effort des étudiants. Lors de la 105ème cérémonie de remise de diplômes sont révélés les divers sujets sur lesquels les étudiants avaient planché à Reed College, Portland dans l’Etat de l’Oregon.
Théatre, danse, musique…
De la muographie à l’informatisation du langage de la vie.
Du processus de décolonisation de la culture de résistance à une analyse institutionnelle des bureaux de l’enseignement supérieur du Nord-Ouest américain chargés de promouvoir la diversité et l’intégration.
De l’affaire Carpenter contre Murphy relative à la souveraineté du peuple amérindien toujours en instance devant la Cour Suprême dont la décision est attendue pour le mois prochain aux représentations des peuples indigènes dans les manuels d’histoire américains et la construction des récits historiques.
D’une lecture allégorique des théories du langage à partir de l’œuvre de William Faulkner intitulée Tandis que j’agonise au rôle des dénonciateurs d’abus dans le débat sur les drones américains.
D’une étude relative au bouddhisme, à la nature et vision mystique du moine Huiyuan aux effets de la pollution sur les séquoias géants en milieu urbain.
De la recherche d’exoplanètes dans les données de Kepler à la nature de la tolérance.
Une thèse qui étudie le cas de Portland m’a paru d’actualité au détour de passages répétés à Manhattan, à savoir l’importance d’une gestion et mise en valeur du patrimoine urbain dans un souci d’équité sociale et de développement durable.
Sur le campus de Reed College sont exposées quelques sculptures dont trois du même étudiant-artiste. L’une d’elle incarne l’image du Centaure, être rebelle réinventé en butte contre les carcans institutionnels de notre société. Le fait même qu’elle ait été démontée le lendemain de la remise des diplômes confirme la difficulté de lutter contre coutumes et préjugés établis. Le titre de la sculpture d’acier et de résine, qui n’est plus aujourd’hui que du domaine du souvenir, représente tout à la fois l’image vilipendée de l’autre et l’influence pernicieuse des démons de l’Histoire en référence aux statues érigées en mémoire de figures du Sud esclavagiste et sécessioniste.