De la genèse au gène

Publié le par Ysia

Qu'est-ce que l'intervention divine? Faut-il la craindre ou l'appeler de ses voeux? Quand l'homme s'autodétruit, n'y a-t-il plus rien à attendre que la confrontation finale des forces en présence sachant pertinemment que le jugement dernier sera du côté des justes? Les hommes de Dieu furent les premiers à repenser l'histoire du code génétique et à tracer les cartes du monde, faut-il y voir,  à  défaut de la manne divine, l'inspiration divine, le divin étant d'essence spirituelle et non physique?

La sélection naturelle n'est pas à comprendre en termes de préservation mais en termes d'évolution constante. À chaque goulot d'étranglement se forme une variante mieux adaptée à la conjoncture du temps. L'évolution mène t-elle pour autant à la perfection? Y a-t-il une évolution spirituelle humaine ? Adaptation est évolution. Ce sont les opportunités offertes à chacun et les privilèges octroyés à quelques-uns qui créent les différences entre les êtres. Qu'on ne s'y méprenne : Darwin fut le premier à dénoncer l'eugénisme galtonien et à affirmer que le travail et le zèle font la différence entre les êtres encore faut-il qu'ils aient bénéficié des mêmes circonstances.
Comment le gène peut-il expliquer la forme et ses variations, l'évolution et le développement? Quelle somme d'informations contient-il pour lui permettre d'instruire la vie à l'infini? Les variations dépendent de l'environnement . À quelles variations devrons- nous nous attendre avec le changement climatique? À l'intersection de la génétique, de la sélection naturelle ou provoquée par l'homme et de l'évolution, sachant qu'un génotype est la composition génétique d'un organisme et qu'un phénotype représente les attributs et caractéristiques physiques ou biologiques de cet organisme, nous pouvons affirmer les fondements suivants : que le génotype détermine le phénotype, que le génotype et son environnement définit le phénotype, et que le phénotype est le produit non seulement du génotype et de son environnement mais aussi, dans le temps et par ses variations, il prouve être fortuit et la forme qui en résulte incertaine. Qu'est-ce que le facteur "chance" dans la bouche d'un scientifique? Y a t-il une fin en soi? Non, juste la résistance implacable, la réponse irréductible d'un organisme à son environnement. C'est ce qui anime l'évolution. Les variations génétiques sont un réservoir vital pour un organisme et, sans cette profonde diversité génétique, celui-là perdrait sa capacité à évoluer. Ces mutations ne se produisent que par réaction à un environnement particulier. C'est cela l'adaptation. L'isolation conduit à la mort du cygne...
La pauvreté, l'illettrisme, le manque d'hygiène et l'impérétie ne sont pas les preuves absurdes d'une intelligence inférieure mais reflètent l'inégalité des circonstances environnantes auxquelles une société donnée ou un groupe d'individus sont soumis et les marques d'un abus de pouvoir par ceux trop pressés de les dénoncer.

Peut-on décoder le code? Si le gène explique la transmission de l'hérédité, encore faut-il expliquer le développement de l'organisme et sa genèse et comment un organisme naît à partir d'une cellule unique. On s' étonne que certains gènes orchestrent la mort des cellules comme s'ils s'activaient pour réguler voire gouverner la mort qui s'abat en cascade sur les cellules. C'est cela l'apoptose. 

D'un phénomène abstrait transmis de générations en générations se dessine la traduction de l'information génétique.

 Les hommes modernes appelés Homo Sapiens "hommes savants" constituent un groupe jeune et homogène d'environ 200 000 ans comparativement aux prémices de la vie sur la terre qui remonterait selon une étude parue en 2015 à près de 4,1 milliards d'années, jeunesse d'une humanité en proie aux passions pérennes de l'âge de pierre.

Il reste à mieux comprendre les traces néandertaliennes dans l'ADN humaine et si ces gènes plus archaïques retiennent une fonction dans l'organisme de ceux qui en sont porteurs. Une étude de la lignée génétique des groupes de population dans le monde, dirigée en 2008 par Luigi Cavalli-Sforza, Marcus Feldman et Richard Myers de l'Université de Stanford a pu puiser dans la mémoire cellulaire  et conclure que les hommes modernes sont apparus exclusivement dans un espace relativement limité de la terre, dans la région sub-saharienne de l'Afrique et représentent les protagonistes de la première vague de migration des hommes modernes, les Homo Sapiens, il y a moins de 100 000 ans de l'Afrique vers le nord et l'est, au Moyen-Orient, à l'Europe, l'Asie et en Amérique. Ainsi l'homme arriva il y a 75 000 ans environ en Égypte et en Éthiopie puis descendit dans la péninsule yéménite dans son parcours vers l'Asie et l'Europe en plusieurs vagues à la rencontre il y a 60 000 ans des néanderthaliens. On reconnait aujourd'hui que la population la plus ancienne au monde sont les San de l'Afrique du Sud, de la Namibie et du Botswana et les pygmées Mbuti au fin fond de la forêt Ituri du Congo et la plus jeune constitue la dernière des vagues de migration en Amérique du Nord  il y a plus de 12 000 ans venant d'Europe en passant par la péninsule Seward en Alaska et par le détroit du Béring. L'histoire génétique de l'humanité est corroborée par les découvertes archéologiques et les structures linguistiques.

Qu'est-ce l'intelligence ? L'intelligence dans le monde moderne est considérée dans son opposition à la sensibilité. De quoi parle-t-on ? D'intelligense sociale ou affective, d'intelligence intellectuelle ou émotionnelle, d'intelligence mnémonique ou de perception visuospatiale. Le problème avec l'intelligence, c'est qu'on prétend qu'elle est une qualité biologique mesurable et héritable alors qu'elle est fortement déterminée par des priorités culturelles. Ce n'est pas un décodeur du gène. La société tend à présenter comme biologique des marqueurs qui ne sont que culturels. À la diversité biologique s'ajoute  la diversité culturelle qui  exacerbe les différences. Dans l'article du New York Times paru en 2014 du psychologue Jay Belsky sur le "gène de la résilience", suite à l'étude réalisée en Géorgie sur 600 familles noires américaines sous le nom de Strong African American Families project (SAAF), Belsky déclare que certains enfants sont pareils à des orchidées fragiles. Nés avec une sensibilité à fleur de peau, ils seront plus sensibles aux changements de leur environnement. D'autres pareils à du pissenlit sont moins sensibles à leur environnement.

Ce que la famine aux Pays-Bas en 1944 nous a appris est qu'un seul événement peut avoir des conséquences sur la santé de générations successives. La famine aux Pays-Bas a altéré l'expression des gènes comme si le corps était reprogrammé pour sa propre survie. La mémoire épigénétique est réelle mais limitée. Toutefois il faut se demander quel a été l'impact à long terme de l'esclavage sur les populations noires de l'Amérique et des Caraïbes ?Quel a été l'impact de la conquête brutale du nouveau continent sur les générations successives d'Amérindiens? Ainsi est la mémoire génétique, le souvenir ancré dans nos gènes de la souffrance de nos ancêtres. Un message environnemental s'est transformé en un message héritable.

Au fil du temps se renforce tristement l'impact de l'environnement sur la population en général et les individus en particulier. De la mémoire historique à la mémoire cellulaire.

Publié dans Génétique

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