La voix de la conscience

Publié le par Ysia

Le génome est une mosaïque de 46 tesselles appelées chromosomes: 23 du père, 23 de la mère. Les chromosomes sont eux-mêmes des mosaïques de tesselles plus petites. Le génome de chaque personne dérive de 47 fragments d’acide désoxyribonucléique (ADN) correspondant aux chromosomes transmis par la mère et le père et à l’ADN mitochondriale également transmise par la mère. Un ancêtre ne transmet pas automatiquement son ADN. Notamment sur 10 générations, on compte 1 024 ancêtres pour seulement 757 fragments d’ADN ancestrale.

Eve mitochondriale

Eve mitochondriale

S’agissant du matériel héréditaire de la génétique moléculaire des populations, un trou noir existe entre cinq millions et un million d’années que ne sauraient combler les informations limitées que nous a apportées Ève mitochondriale de 160 000 ans. David Reich, dans son livre paru cette année et intitulé Who we are and How we got here, décrit le génome comme une tapisserie dont chaque fil est un lien de filiation,  une séquence d’ADN du parent à l’enfant qui se déroule dans le temps jusqu’à un lointain passé.

On a constaté que la protéine produite par FOXP2 est demeurée quasiment  identique pendant plus de cent millions d’années qui séparent la souris et le chimpanzé. Pourtant trois mutations se sont produites dans la lignée des hominidés, dont l’une, absente chez les néanderthaliens, affecte quand et dans quelles cellules FOXP2 se convertit en protéine dans le cadre d'un processus évolutif plus rapide du gène.

FOXP2 est le gène créateur de notre voix, mais est-il responsable du comportement de l’homme moderne ? Est-il à l’origine de la voix de la conscience ? Pour David Reich, professeur de génétique à l'école de médecine de Havard, il n’y a pas de réponse à ces questions :

Bien que nous puissions dater le commencement de l’humanité moderne caractérisée par une cognition conceptuelle entre le paléolithique supérieur et Later Stone Age (LSA) , on estime d'une part que la version partagée du gène FOXP2, fondamental dans les balbutiements de la conscience, remonte à plus d’un million d’années et d'autre part que l’ADN mitochondriale et le chromosome Y pris ensemble donnent une datation pour l’ancêtre commun à moins de 320 000 ans.

Les néanderthaliens ont disparu il y a 39 000 ans. Contre toute attente, nous savons aujourd’hui que néanderthaliens et humains modernes ont coexisté plusieurs milliers d’années en Europe  et au Proche-Orient. L’analyse des données mitochondriales a montré que néanderthaliens et hommes modernes avaient un ancêtre commun maternel vieux de 470 000 à 360 000 ans, bien avant Ève mitochondriale. Ces données ont également indiqué que les néanderthaliens auraient contribué en moyenne individuellement 2% et jusqu’à 25% du génome de l’homme d'aujourd'hui d’origine non-africaine probablement il y a 54 000 à 49 000 ans, surtout parmi les Asiatiques de l'Est, ce qui démontre l'existence d'un point de fusion au Proche-Orient. A mesure que l’on procèdera à des études plus pousssées sur le génome humain, nous serons en mesure d’examiner les variations des traits cognitifs et comportementaux et de déterminer si ceux-ci sont le résultat de la sélection naturelle. Les changements génétiques répondaient-ils aux pressions non-génétiques imposées par l’environnement extérieur ?  Et qu’est-ce qui a précédé : les changements physiques biologiques ou les mutations génétiques ?

S'agissant de l'héritage néanderthalien, si l'on retrouve trace de ces lointains cousins dans les gènes qui se rapportent  à la couleur des cheveux et au teint de la peau ou qui ont permis aux populations eurasiatiques de s'adapter à leur environnement, il est systématiquement absent de certaines fonctions biologiques de l'humain moderne, à savoir les gènes relatifs à la fertilité, ce qui ne peut s'expliquer que par la sélection naturelle.

Ce sont les gènes associés à la biologie des kératines dont les Européens et les Asiatiques de l'Est ont hérité des néanderthaliens plus que tout autre groupe de gènes. Ils ont été préservés par le fait de la sélection naturelle car ces protéines sont essentielles aux cheveux et à la peau.

Publié dans Génétique

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