Des silhouettes mésolithiques espagnoles d'inspiration africaine aux figurines chinoises
Le temps, en soi, est invisible. Qu’il se manifeste sous les espèces du mouvement (déployé dans l’espace) ou de la métamorphose (sans déplacement), sa figuration littérale implique la durée, dimension dont la peinture est précisément privée. Peindre le temps apparaît donc comme une gageure, un paradoxe.
Mais c’est un paradoxe fécond. Car des cavernes jusqu’à nos jours, les démentis sont si nombreux qu’on pourrait écrire une histoire du temps en faisant celle de la peinture.
Des hommes de science aux prises avec le temps,PPUR presses polytechniques, 1992, p.75
Hawaii, Skull hook (Kerewa people, Papua New Guinea)
Indeed, Buddhism, unlike the Brahmanic tradition from which it emerged, has nearly always denied scripture as a valid source of knowledge (pramāna), preferring direct experience (pratyakṣa) and valid inference (anumāna). The natural culmination of this tendency is to deny even the one whose words are enshrined in scripture, as in the famous saying. If, on the path to awakening, you meet the Buddha, kill the Buddha. The picture of Hui-neng tearing up the scriptures represents this, because, as is well known from the Zen tradition, truth does not depend on the words and letters of doctrine and texts but is rather the direct experience of a truth specifically transmitted outside of the scriptures. This is the position that is best known in the West, and fits well with the anti-institutional spirituality and anti-intellectual experientialism that characterizes much of New Age religiosity and postmodern philosophy
It is clear that Hui-neng's central position was Buddha-nature Immanence theory, because he stated in his commentary on the Diamond Sutra, i.e. the Chin-kang ching chieh-i as follows:
¡¡
There is Buddha-nature, originally pure, in one's own body
¡¡
In the commentary, he also admitted that Buddha-nature is identical with "aatman" as follows:
¡¡
"AAtman" is [Buddha-]nature, and [Buddha-]nature is "aatman."
Parfois une seule expression résume l’effort d’une vie, une seule sculpture symbolise le combat des mots et de l’esprit.
Au début des années 90, j’écrivais à propos de l’index des termes de ma traduction : Il m’a appris combien il est téméraire de vouloir conserver la même traduction pour chaque caractère. Elle varie, en effet et bien évidemment, selon l’emploi de celui-là… Le choix des mots indexés ainsi que la traduction des termes sont peut-être arbitraires, car ils se plient tous deux à ma sensibilité et à mon appréciation de la valeur des mots. (Sûtra de la Plate-forme, p.14-15, 1992). Ainsi le traducteur est face à un dilemme entre résonance et vanité, ce même dilemme dont parlait Saint-Jérôme dans la Lettre LVII, § 5, à Pammachius, 395 ou 396 :
Je me contenterai d’invoquer le propre patronage du traducteur qui dit dans le prologue des mêmes discours : « J’ai pensé devoir entreprendre un travail utile aux amateurs de littérature, s’il ne m’était pas nécessaire à moi-même. J’ai donc traduit du grec les discours célèbres que les deux plus grands orateurs d’Athènes, Eschine et Démosthène, ont composés l’un contre l’autre ; et je ne les ai pas traduits en simple traducteur, mais en écrivain, respectant leurs phrases et les figures de mots et de pensées de ces phrases, mais avec des mots adaptés à l’usage latin. Aussi n’ai-je pas jugé nécessaire d’y rendre chaque mot par un mot, mais j’ai respecté l’originalité de tous les mots et leur valeur, car il ne fallait pas, à mon avis, offrir au lecteur le même nombre de mots mais en quelque sorte des mots de même poids. » Et voici ce qu’il dit encore à la fin du traité : « Si, comme je l’espère, j’ai rendu leurs discours en utilisant toutes leurs qualités, c’est-à-dire les phrases et leurs figures, et leur ordre, ne serrant de près les mots que dans la mesure où ils ne répugnent pas à notre goût, si nous n’avons pas traduit tous les éléments du texte grec, nous nous sommes pourtant efforcé d’en rendre l’originalité. »
Horace lui aussi, cet homme fin et savant, fixe la même règle dans l’Art Poétique à un traducteur lettré : « Ne te soucie pas de rendre mot pour mot, en traducteur trop fidèle. »
Térence a traduit Ménandre, Plaute et Cécilius ont traduit les anciens comiques grecs : s’attachent-ils aux mots ? N’est-ce pas plutôt la beauté et la grâce de l’original qu’ils conservent dans leur traduction ? Ce que vous appelez l’exactitude de la traduction, les lettrés l’appellent de la pusillanimité. C’est pourquoi, formé moi aussi par de tels maîtres, il y a de cela une vingtaine d’années, et égaré déjà aussi par une semblable erreur, et certes ignorant que vous tiendriez à me faire cette objection, alors que je traduisais en latin la Chronique d’Eusèbe, j’ai écrit entre autres choses dans ma préface : « Il est malaisé pour qui suit à la trace les lignes d’un autre, de ne pas s’en écarter en quelque endroit, et difficile de faire en sorte que les choses qui sont bien dites en une autre langue gardent la même beauté dans la traduction. Un seul mot dans le texte original suffit à rendre exactement l’idée, mais je n’ai à ma disposition rien d’équivalent : en cherchant à accomplir le sens, ce n’est qu’au prix d’un long détour que je parviens difficilement à couvrir la distance franchie en un éclair par l’original. Ajoutez-y les discontinuités des hyperbates, les différences de cas, les variétés de figures, enfin le génie propre de la langue, son caractère indigène pour ainsi dire : si je traduis mot à mot, cela sonne bizarrement ; et si je me trouve obligé malgré moi de changer quelque chose dans la construction ou le style, j’aurai l’air d’avoir trahi mon devoir de traducteur. » Et après beaucoup d’autres choses qu’il serait inutile de rapporter ici, j’avais encore ajouté : « Si quelqu’un ne voit pas que le charme d’une langue est altéré par la traduction, qu’il rende mot pour mot Homère en latin ; — je vais aller plus loin —, qu’il traduise le même auteur dans sa propre langue mais en prose, il verra que l’ordre du texte devient ridicule, et que le plus éloquent des poètes sait à peine parler. »
La traduction, pigeon voyageur entre nos origines et l’humanité millénaire, comme le fait si bien remarquer Elihu Vedder (1836-1923) s’agissant de sa collaboration à travers les âges avec Khayyam (1048-1141) et Fitzgerald (1809-1883) à l’oeuvre Rubáiyát of Omar Khayyám, the astronomer-poet of Persia (Boston, Houghton, Mifflin and company, 1884.) :
Certainly three kindred spirits have here encountered each other; and although the first two missed each other on earth by eight centuries and the last two by twelve months, still in the heart of the survivor lingers the hope that in the life 'sans end' they may all yet meet…Thus was the seed of Omar planted in a soil peculiarly adapted to its growth, and it grew and took to itself all of sorrow and of mirth that it could assimilate, and blossomed out into the drawings.
Le traducteur n’est-il pas un artiste? Un artiste n’est-il pas un traducteur ? Ce qui change, c’est le moyen d’expression.
La boucle est bouclée. L'allégorie de la graine plantée par Khayyam, que choisit Vedder, me ramène aux poèmes de ma traduction:
A l’origine, si je vins dans le pays des Tang,
Ce fut pour transmettre l’enseignement et sauver les êtres sensibles qui sont égarés,
Comme une fleur ouvrant ses cinq pétales,
Et dont le fruit formé mûrirait naturellement. (Bodhidharma)
Parce qu’à l’origine, il y avait la terre,
De la semence de cette terre naquit une fleur.
Si, au commencement, la terre n’était pas,
D’où serait née la fleur ? (Huike)
Bien que la semence de la fleur dépende de la terre,
C’est au-dessus d’elle que de la graine naquit la fleur.
Si cette graine de fleur était dépourvue de sa nature productrice,
Il n’y aurait aucune naissance sur cette terre. (Sengcan)
La semence de la fleur fut dotée d’une nature productrice,
Grâce à la terre, la fleur naquit de la graine.
Si les causes précédentes n’avaient pas été harmonieusement réunies,
De toutes les choses, aucune ne serait née. (Daoxin)
Un être sensible vint semer une graine,
Alors naquit une fleur insensible.
Si l’être avait été insensible et dépourvu de graine,
La terre spirituelle n’aurait rien produit non plus. (Hongren)
Huit r ègles gouvernent la conduite des traducteurs de textes bouddhiques : Un traducteur doit se libérer de toute motivation qui le pousserait à rechercher gloire et célébrité Un traducteur ...
Alike for those who for To-day prepare,
And those that after some To-morrow stare,
A Muezzín from the Tower of Darkness cries,
"Fools! your Reward is neither Here nor There."
Yesterday This Day's Madness did prepare;
To-morrow's Silence, Triumph, or Despair:
Drink! for you know not whence you came, nor why:
Drink! for you know not why you go, nor where.
There was the Door to which I found no Key;
There was the Veil through which I could not see:
Some little talk awhile of Me and Thee
There was---and then no more of Thee and Me.
Earth could not answer; nor the Seas that mourn
In flowing Purple, of their Lord forlorn;
Nor rolling Heaven, with all his Signs reveal'd
And hidden by the sleeve of Night and Morn.
Oh, threats of Hell and Hopes of Paradise!
One thing at least is certain---This Life flies;
One thing is certain and the rest is Lies;
The Flower that once has blown for ever dies.
Strange, is it not? that of the myriads who
Before us pass'd the door of Darkness through
Not one returns to tell us of the Road,
Which to discover we must travel too.
The Revelations of Devout and Learn'd
Who rose before us, and as Prophets burn'd,
Are all but Stories, which, awoke from Sleep
They told their fellows, and to Sleep return'd.
Faut-il diviser le texte du Commentaire en trente-deux sections? De l'avis de Charles Luk, cela ne fait qu'ajouter à la confusion du lecteur. Suivant le commentaire de Hanshan 憨山德清 de la dynastie Ming, né en 1546, il n'y aurait que deux sections: l'une traitant des questions sur les vues étriquées de Subhuti et des disciples et l'autre des questions sur leurs vues dites éthérées dont eux-mêmes n'ont pas conscience des insuffisances. D'après Hanshan, seul le commentaire de Vasubandhu 天视, parmi tous les autres, est correct. Mais quel texte choisir entre 金刚般若波罗蜜论 traduit par Bodhiruci 菩提流支 (T.1511) et 能断金刚般若波罗蜜多经论释 traduit par Yijing 义净 (T.1513)?
Parce que le Sūtra du diamant a été traduit au cours des siècles par des personnes au talent inégal et qui en avaient une compréhension erronée ou limitée, le texte qui en a résulté n'a pas véhiculé le sens original, devenant de ce fait un obstacle à la compréhension des disciples. Comment ce sutra peut-il encore dissiper les doutes ?
Ch'an and Zen teaching / edited, translated and explained by Lu Kʾuan Yü (Charles Luk). Rider&Company, London, 1960, p.149
Le commentaire de Vasubandhu dépendant d’une kārikā d’Asaṅga, et conservé en deux versions chinoises (kārikā et commentaire) : T. XXV, 1511,1513. T. 1514 est la kārikā seule, extraite de T.1513. T. 1512 sous-commentaire de T. 1511, est probablement un apocryphe chinois (Tucci, op.cit., p.12 ; Demiéville, BEFEO, XLIV, 2, 1954, p.387) – M. Tucci, op.cit., présente une édition synoptique de la kārikā d’Asaṅga : texte sanscrit, retrouvé par lui au Tibet ; version tibétaine (Tib.Trip. 146 5864, manque dans l’édition de Derge, cf. Tucci, op.cit., p.7) ; deux versions chinoises, correspondant l’une à T. 1511, l’autre à T.1514 et T. 1513.
T. XXV 1510 consiste en deux recensions d’un commentaire écrit directement sur la Vajracchedikā, et qu’il convient d’attribuer non pas à Asaṅga (cf tables du Taishō Issaikyō) mais à Vasubandhu (Tucci, p.18, 19). Ce commentaire existe également dans l’édition de Derge du canon tibétain (Tōhoku, n°3816) mais il manque dans celles de Narthang (Tucci, p. 8) et de Pékin (Tib.Trip.)
Buddhism, vol V: Yogācāra, the epistemological tradition and Tathāgatagarbha édité par Paul Williams, « La philosophie bouddhique idéaliste » de Jacques May, p.255
Vénéré du monde, les hommes et les femmes de bien qui aspirent à l’esprit d’éveil insurpassé et parfait, comment doivent-ils demeurer ? Comment doivent-ils discipliner leur esprit ?
O World-honored-One, if good men and good women resolve to attain the Highest State of enlightenment, on what should they rely and by what could they bring their desires under control? (p.28)
Quelle que soit l’espèce des créatures, ... je leur permets d’entrer dans le nirvāṇa où rien ne reste et les fais passer.
..all these without exception I shall cause to enter Nirvana to free themselves from the conditions of being to which they severally belong. (p.29)
... ne doivent demeurer nulle part lorsqu’ils font l’aumône, ...ni dans la forme, ni dans le son, ni dans l’odeur, ni dans la saveur, ni dans le toucher, ni dans les objets virtuels.
...in alms-giving he should not rely on any visual object 色 ....on sound, odor, taste, contact, nor on any mental object 法
The world's oldest printed book is according to Dr. T. F. Carter, author of The invention of Printing in China and its spread westward "The Diamond Sutra, printed on May 11, 868, by Wang Chieh, for free distribution, in order in deep reverence to perpetuate the memory of his parents".
Popular Buddhism in China, p.9, by Shao Chang Lee 季绍昌, the Commercial Press, limited 1939