Teilhard de Chardin

Publié le par Ysia

Établir autour de l’Homme, choisi pour centre, un ordre cohérent entre conséquents et antécédents ; découvrir, entre éléments de l’Univers, non point un système de relations ontologiques et causales, mais une loi expérimentale de récurrence exprimant leur apparition successive au cours du temps (Le Phénomène humain, p.5, Editions du Seuil, Paris, 1956)

 

    La divinisation de notre effort par la valeur de l’intention qui s’y pose infuse une âme précieuse à toutes nos actions. Mais le travail même de nos esprits, de nos cœurs et de nos mains, - nos résultats, nos œuvres, notre opus, - ne sera-t-il pas, lui aussi, en quelque façon, « éternisé », sauvé ?… 

 

  …En soi, par nature, le travail est un facteur multiple de détachement pour tous ceux qui s’y livrent sans révolte, avec fidélité. D’abord, il implique l’effort, la victoire sur l’inertie. Si intéressant et spirituel soit-il, le travail est un douloureux enfantement. L’homme n’échappe au terrible ennui du devoir monotone et banal que pour faire face aux anxiétés et à la tension intérieure de la «création ». Créer, ou organiser, de l’énergie matérielle, de la vérité ou de la beauté, c’est un tourment intérieur … l’homme doit quitter une première fois sa tranquillité et son repos ; mais il lui faut savoir abandonner sans cesse, pour des formes meilleures, les formes premières de son industrie, de son art, de sa pensée. … Encore et encore, il faut se surpasser, s’arracher à soi-même, laisser à chaque instant derrière soi les ébauches les plus aimées. … chaque réalité atteinte et dépassée nous fait accéder à la découverte et à la poursuite d’un idéal de qualité spirituelle plus haute…

 

 Les passivités,..., forment la moitié de l’existence humaine. Cette expression veut dire, tout naïvement, que ce qui n’est pas agi, en nous, est, par définition, subi. Mais elle ne préjuge en rien des proportions suivant lesquelles action et passion se divisent notre domaine intérieur. En fait, les deux parts, active et passive, de nos vies sont extraordinairement inégales. Dans nos perspectives, la première occupe la première place, parce qu’elle nous est plus agréables et plus perceptible. Mais, dans la réalité des choses, la deuxième est, sans mesure, la plus étendue et la plus profonde. Les passivités, d’abord, accompagnent sans cesse nos opérations conscientes à titre de réactions dirigeant, soutenant, ou contrecarrant nos efforts…(Teilhard de Chardin, Le milieu divin)

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