L’inconscient est un labyrinthe
Perdue dans le dédale de mes rêves, oublieuse de ma raison d’être, de quels procédés mnémotechniques devrai-je user pour recouvrer ma mémoire? Qui suis-je ? Forte du fil d’Ariane qui m’accompagne vers la lumière, ma conscience aura raison du Minotaure. S’agissant de l’interprétation jungienne des mythes, la légende de Thésée et du Minotaure prend une signification toute particulière.
Man and his symbols ( Aldus Books Limited, 1964) m’invite à porter un autre regard sur l’excellente étude de Georges Borgeaud, Exercices de mythologie (Editions Labor et Fides, 2004) :
« Remonter le fil d’Ariane, c’est effectuer une anamnèse, retourner à la source à travers la confusion de l’oubli » (p.34). Mais si effectivement l’inconscient est un labyrinthe, il demeure une énigme « c’est entrer dans un lieu où fatalement on oublie le chemin que l’on vient de parcourir » (ibid.). Son enseignement à travers les rêves est à la fois salvateur, « chemin qui mène vers un centre, vers un nouveau mode d’existence » (p.34-35), et apocatastasique « c’est parcourir un trajet régressif par lequel on tente d’abolir l’oubli, de vaincre le pouvoir du temps »… « Cette conscience de l’oubli motive la quête – l’errance – qui durera jusqu’au retour du premier temps : celui de la mémoire. … L’oubli correspond à l’état premier ; l’errance à l’état de séparation… ; le passage – sortie du labyrinthe – à la réintégration. » (p.37-38)
Les thèmes du minotaure et du rite du passage ont été abordés dans les articles de la catégorie Art et Préhistoire, notamment Le chaman et Parabole de la flèche empoisonnée.