Dialogue entre mon âme et le Ciel
What is my calling? Calling to greatness!
Lorsque j’ai commencé ce blog, l’un de mes tout premiers articles s’intitulait Dialogue entre mon âme et le Ciel , dont je republie une version abrégée ci-dessous. Ainsi je commençais « What is my calling : Calling to Greatness ! », parole motivante de quelque orateur entendu auparavant. Mais Calling to Greatness, ça veut dire quoi ? Ou plus judicieusement, qui ou quoi inspire cet appel ? Est-ce un appel venu de l’extérieur, influencé par les multiples conformismes sociaux, ou de l’ego qui ne possède qu’une vision étriquée du monde ? Ou est-ce de sa nature véritable, caisson de résonance de l’ultime et sourde vérité? Il importe de se poser la question à chaque pas, chaque mouvement, chaque pensée.
On peut imaginer le réel, le créé, le tangible, mais peut-on imaginer l’incréé ? Face à l’incréé, peut-on faire preuve d’imagination et d’acceptation ? Soif d’inconnaissable, de ce qui échappe à la connaissance humaine. Image, intention, flexibilité. Un, deux, trois ! L’art est un acte thérapeutique. C’est par une approche verbale puis artistique que je conçois cette étude sur la résonance et la vanité. Combiner mon initiation de l’art et son énonciation verbale est mon propos pour parvenir sans état d’âme ni ambition à l'abandon de soi.
磨
杵
成
针Adage fou et sage à la fois signifiant meuler un pilon de fer jusqu’à en faire une aiguille. Absurdité ou sagesse? Rêve ou réalité? Faisant écho à la parabole de Zhuangzi et du papillon qui me réconcilie avec moi-même dans mon combat entre le cœur, siège des sensations et de la conscience intuitive, et la raison car c’est bien dans le cœur, au plus profond du moi, que réside la révélation que je vis de ma capacité de créer, de laisser mon esprit concevoir une œuvre encore incertaine. Les deux bases sur lesquelles s’appuie l’art sont le concret et l’abstrait, parcours entre fiction et réalité. Les lignes qui guident la main de l’artiste sont concrètes mais le sujet créé ne l’est pas forcément dans sa dimension existentielle.
Not seldom I get into trance while painting, my state of consciousness fades giving way to a feeling of being afloat (like a medium) and being led and moved by a safe hand, doing things I do not know much about consciously. This condition lasts for hours. Afterwards, everything I did in this time seems to me, as someone else would have done it.
L'art du trait - Résonance ou vanité
Le souffle du pinceau que le rythme de la main transmet... Pour moi, le trait commence par une résonance qui se poursuit dans un élan. Et les mosaiques d'Ostie de rappeler les estampages des stèles
http://www.resonanceouvanite.com/2014/12/l-art-du-trait.html
C’est avant tout pour son symbolisme que j’apprécie une œuvre d’art, mais c’est aussi pour ce qu'elle évoque de primitif ou de mystique que je fonds devant elle. Peut-on parler de son souffle de vie ?
Adams Memorial, l’œuvre majestueuse d’Augustus Saint-Gaudens au cimetière de Rock Creek à Washington D.C., ne peut être mieux qualifiée que par ces mots : « profondeur » et « mystère » (The work of Augustus Saint-Gaudens, John H. Dryfhout, University Press of New England, 1982). Que dire de l’artiste ? Est-il conscient de la dimension philosophique de son œuvre ou est-elle d’essence divine ? D’après William Stillman, l’artiste est un être
of feeling and sensitivity, who can go beyond the cold mechanics of the accurate rendering of nature to an appreciation of the beauty (The Nature and Use of Beauty, 1856)
Il faut une inspiration, un rêve, une fantaisie à la fois fragile, démente et suicidaire. Le mystère de la création, c’est de pénétrer la masse opaque, l’incréé. Telle une incursion dans une autre dimension entre ce qui est, ce qui n’est pas et ce qui sera, il y a cette quatrième dimension : le devenir qui se modifie à chaque instant. C’est cela la création.
Consciousness, according to Vasubandhu and Xuanzang, is constantly changing, undergoing parinama, a word that Vasubandhu defines as “becoming otherwise” (anyathatva). All eight consciousnesses are perpetually becoming otherwise.
https://www.academia.edu/33306476/Vasubandhu_Xuanzang_and_the_problem_of_consciousness
L’espace négatif est une notion fondamentale. Il faut le visualiser pour donner vie à sa création. L’espace positif est l’espace qu’occupe physiquement l’œuvre créée. L'art est bien davantage qu’une expérience visuelle. C'est le reflet d’une pensée, d’une philosophie indéniable. C'est de l’espace négatif que jaillissent le trait, la forme, la lumière, les nuances des couleurs. La création part d’une pensée dite insubstantielle. Vacuité et réalité font un. De la fiction à la réalité. Le processus menant à la création, c’est quand on a la pré-conscience de ce qui sera. Produire une pensée qui ne repose sur rien, mais cela se peut-il ? Baignés par son passé, voyageant entre la sphère de l’inconscient et de la conscience, c’est l’inexprimé, l’incréé, voire l’éthéré, qui s’anime ! Produire une pensée qui ne repose sur rien...Résonnent en moi les paroles de Laozi 老子 qui soulignent l'importance du vide ( Lao-tseu, tao tö king, traduit du chinois par Liou Kia-Hway aux Editions Gallimard, 1967) :
Trente rayons convergent au moyeu三十辐共一毂,
mais c'est le vide médian 当其无,
qui fait marcher le char.有车之用。
On façonne l'argile pour en faire des vases,埏埴以为器,
mais c'est du vide interne当其无,
que dépend leur usage.有器之用。
Une maison est percée de portes et de fenêtres,凿户牖以为室,
c'est encore le vide 当其无,
qui permet l'habitat.有室之用。
L'Etre donne des possibilités,故有之以为利,
c'est par le non-être qu'on les utilise.无之以为用
Chaque pas me coûte et commence ma réflexion qui embûche mon élan et initie ma pause ponctuée d’interrogations sur ma raison d’être et sur le monde environnant. L’effacement n’est-il rien d’autre que l’amour de soi, la vanité affirmée, la paresse préconisée ? Ce non-agir est-il en fait égoïsme et dédain, retour sur soi arrogant ? Par leur écriture et leur art, les artistes de l’Art brut se définissent. Mais je n’ose apposer d’étiquette à ma propre forme d'expression. Par mon élan artistique guérisseur, j’entreprends une démarche d'ouverture et révèle mon expression intuitive, libérée, miroir de mes chimères.
Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe.
S'agissant des formes d'expression abstraites, Rudolf Arnheim relève qu'elles sont:
prominent in early stages of art, i.e., in the work of children and “primitives”, but also in certain aspects of Byzantine style of Christian art, modern Western art, and the artwork of schizophrenics. (Art and Visual Perception, p.145)
People often create elementary images, not because they have so far to go, but because they have so far withdrawn. An example may be found in Byzantine art, which was a withdrawal from the most realistic style of representation the world had then seen. Art became the servant of a state of mind ..., instead of proclaiming the beauty and importance of physical existence, (it) used the body as a visual symbol of the spirit ; by eliminating volume and depth, by symplifying color, posture, gesture, and expression, it succeeded in dematerializing man and world...straight, simple shape expressed the strict discipline of an ascetic faith