Détour bouddhique

Publié par Ysia

The Freer's Buddha

The Freer's Buddha

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Elles forment les prémisses de la reconstruction d'un dialogue à travers les âges, auquel participent divers intervenants.  Ce détour bouddhique est fait de méandres et de soubresauts. Il n’est pas un fleuve tranquille. Il s’inscrit dans un processus de longue durée et répond dans mon inconscient à un appel.

J’apprécie l’idée que l’on sème une graine qui,  indépendamment de nous-mêmes, à travers le temps et l’espace se développe grâce à l’apport des uns et des autres vers un autre stade de son évolution.

如是我聞 :

Ainsi c’est ce que j’ai entendu : 

Huineng : 如者指義。是者定詞。阿難自稱如是之法。我從佛聞。明不自說也。故言如是我聞。又我者性也。性即我也。內外動作。皆由於性。一切盡聞。故稱我聞也。

                Ainsi indique le sens. C’est fixe les termes. La loi qu’Ananda désigne par ainsi c’est, ce  moi qui l’a entendu du bouddha. Il est clair que ce n’est pas lui qui la prêche. C’est pourquoi il est dit : Ainsi c’est ce que j’ai entendu. En outre, je  est la nature et la nature est  je. L’activité intérieure et extérieure émane de la nature qui entend tout. C’est pourquoi il proclame :  J’ai entendu.

一時, 佛在舍衛國祗樹給孤獨園, 與大比丘眾千二百五十人俱。爾時,世尊食時,著衣持鉢, 入舍衛大城乞食。於其城中,次第乞已,還至本處。飯食訖,收衣鉢,洗足已,敷座而坐。

Le bouddha se trouvait alors dans le pays de Śrāvasti, dans le bois de Jeta, dans le parc de Anāthapindada. Il était ensemble avec la foule des 1250 grands moines mendiants. Alors, au moment du repas, le vénéré du monde vêtu de la robe et tenant la sébile entra dans la grande cité de Śrāvasti pour y mendier de la nourriture. Ayant mendié dans l’ordre, il s’en retourna à sa résidence d’origine. Le repas fini, il rangea sa sébile et son vêtement. Après s’être lavé les pieds, on disposa un siège et il s’assit.

Huineng : 言一時者。師資會遇齊集之時。佛者是說法之主。在者欲明處所。舍衛國者波斯匿王所居之國。祗者太子名也。樹是祗陀太子所施。故言祗樹也。給孤獨者。須達長者之異名也。園者本屬須達。故言給孤獨園。佛者梵音。唐言覺也。覺義有二。一者外覺。觀諸法空。二者內覺。諸心空寂。不被六塵所染。外不見人之過惡。內不被邪迷所惑。故名曰覺。覺即是佛也。

言與者。佛與比丘同住金剛般若無相道場。故言與也。大比丘者。是大阿羅漢故。比丘者是梵語。唐言能破六賊。故名比丘。眾。多也。千二百五十人者。其數也。俱者。同處平等法會。

爾時者。當此之時。是今辰時。齋時欲至也。著衣持鉢者。為顯教示跡故也。入者為自城外而入也。舍衛大城者。名舍衛國豐德城也。即波斯匿王所居之城。故言舍衛大城也。言乞食者。表如來能下心於一切眾生也。

次第者不擇貧富。平等以化也。乞已者。如多乞不過七家。七家數滿。更不至餘家也。還至本處者。佛意制諸比丘。除請召外。不得輙向白衣舍。故云爾。洗足者。如來示現。順同凡夫。故曰洗足。又大乘法。不獨以洗手足為淨。蓋言洗手足。不若淨心。一念心淨。則罪垢悉除矣。如來欲說法時。常儀敷施壇座。故言敷座而坐也。

                Lorsque l’on dit alors, c’est lorsque l’assemblée des maîtres et apprentis se réunissait au complet. Le bouddha est le prédicateur de la loi. Se trouvait veut éclairer sur le lieu. Śrāvasti est le pays du roi Pāsenādi (Prasenajit). Jeta est le nom d’un prince. Comme le bois est un don du prince Jeta, l’on dit par conséquent le bois de Jeta.  Anāthapindada  est l’autre nom du vénérable Sudatta. Comme le parc appartenait à l’origine à Sudatta, l’on dit par conséquent le parc de Anāthapindada. Bouddha est un vocable sanskrit. Dans la Chine des Tang, l’on dit l’éveillé. L’éveil possède deux sens. Le premier est l’éveil extérieur. C’est contempler la vacuité de toute chose. Le second est l’éveil intérieur. C’est savoir que l’esprit vide et tranquille n’est pas souillé par les six poussières. Comme il ne voit pas extérieurement les fautes d’autrui et qu’il n’est pas troublé intérieurement par ce qui est faux et illusoire, il est donc nommé l’éveillé. L’éveillé, c’est le bouddha.

Lorsque l’on dit avec, c’est que le bouddha était avec les moines mendiants dans l’aire sans attribut de la sapience adamantine. C’est pourquoi l’on dit avec. Les grands moines mendiants, ce sont les grands arhats.  Bhiksu est un mot sanskrit. Dans le pays des Tang, l’on dit  ceux qui peuvent briser les six ravisseurs. C’est pourquoi ils sont dénommés  bhiksu. La foule, c’est la multitude. Mille deux cent cinquante est leur nombre. Ensemble, c’est qu’ils sont simultanément présents dans l’assemblée aux membres égaux devant la loi.

Alors, c’est à ce moment en cette matinée. C’est lorsqu’il va être le moment de déjeuner. Vêtu de la robe et tenant la sébile, ce sont les marques de l’enseignement exotérique. La grande cité de Śrāvasti, c’est la cité de l’abondance et de la vertu dans le pays de Śrāvasti où s’est établi le roi Prasenajit. C’est pourquoi il est dit  la cité de Śrāvasti. Lorsque l’on dit mendier de la nourriture, c’est pour signifier que l'être Vérité s’abaisse au niveau de tous les êtres.

dans l’ordre, c’est sans distinction entre le pauvre et le riche qui sont indifféremment convertis. Ayant mendié, c’est-à-dire que l’on mendie auprès de sept maisons au plus. Une fois les sept maisons dénombrées, il n’y a plus à se rendre autre part. s’en retourna à sa résidence d’origine, c’est la volonté bouddhique qui commande tout moine mendiant.

時,長老須菩提在大眾中即從座起,偏袒右肩,右膝著地,合掌恭敬而白佛言:

Subhūti : 希有! 世尊! 如來善護念諸菩薩,善付囑諸菩薩。世尊!善男子善女人 (1) 發阿耨多羅三藐三菩提心,應云何住?(2) 云何降伏其心?

A ce moment, le vénérable Subhūti, au milieu de la foule, se leva de son siège, découvrit l’épaule droite et mit son genou droit à terre. Il joignit les mains révérencieusement et s’adressa au bouddha :

Subhūti : Comme c’est rare ! Ô vénéré du monde ! Leur pensée ne le quittant pas, l'être Vérité guide bien les êtres qui aspirent à la voie. Vénéré du monde ! Les hommes et les femmes de bien qui aspirent à l’esprit d’éveil insurpassé et parfait, comment doivent-ils demeurer ? Comment doivent-ils discipliner leur esprit ?

Huineng : 何名長老。德尊年高。故名長老。須菩提是梵語。唐言解空。

隨眾所坐。故云即從座起。弟子請益。先行五種儀。一者從坐而起。二者端整衣服。三者偏袒右肩。右膝著地。四者合掌。瞻仰尊顏。目不暫捨。五者一心恭敬。以伸問辭。

希有略說三義。第一希有。能捨金輪王位。第二希有。身長丈六。紫磨金容三十二相。八十種好。三界無比。第三希有。性能含吐八萬四千法。三身圓備。以具上三義。故云希有也。世尊者。智慧超過三界。無有能及者。德高更無有上。一切咸恭敬。故曰世尊。

護念者。如來以般若波羅蜜法。護念諸菩薩。付囑者如來以般若波羅蜜法。付囑須菩提諸大菩薩。言善護念者。令諸學人。以般若智。護念自身心。不令妄起憎愛。染外六塵。墮生死苦海。於自心中。念念常正。不令邪起。自性如來。自善護念。言善付囑者。前念清淨。付囑後念。後念清淨。無有間斷。究竟解脫。如來委曲誨示眾生。及在會之眾。當常行此。故云善付囑也。菩薩者梵語。唐言道心眾生。亦云覺有情。道心者。常行恭敬。乃至蠢動含靈。普敬愛之。無輕慢心。故名菩薩。

善男子者平坦心也。亦是正定心也。能成就一切功德。所往無礙也。善女人者。是正慧心也。由正慧心。能出生一切有為無為功德也。

 須菩提問一切發菩提心人。應云何住。云何降伏其心。須菩提見一切眾生躁擾不停。猶如隙塵。搖動之心。起如飄風。念念相續。無有間歇。問欲修行。如何降伏。

Huineng : Que nomme t-on vénérable ? Comme sa vertu est vénérée et que son âge est avancé, il est nommé vénérable. Subhūti est un nom sanskrit. Dans la Chine des Tang, on dit celui qui comprend la vacuité.

Comme la foule, il s’était assis, c’est pourquoi il est dit qu’il se leva de son siège. Lorsque les disciples invitent le bouddha à prêcher, ils exécutent d’abord cinq gestes rituels : premièrement ils se lèvent. Deuxièmement, ils arrangent leurs vêtements. Troisièmement, ils se découvrent l’épaule droite et mettent leur genou droit à terre. Quatrièmement, ils joignent les mains et lèvent les yeux la mine respectueuse sans le quitter du regard. Cinquièmement, plein de révérence, ils posent des questions.

En gros, rare possède un sens triple. Le premier élément rare, c’est de pouvoir renoncer au rang de souverain de la roue d’or. Le deuxième élément rare, c’est d’être sans comparaison avec les trente-deux marques distinctives et les quatre-vingt marques physiques secondaires et les trois sphères du désir, de la forme et de l’absence de forme. Le troisième élément rare est la nature (du bouddha) pouvant receler les quatre-vingt-quatre mille lois bouddhiques et le triple corps parfait. Comme cela englobe ces trois sens, c’est pourquoi il est dit Comme c’est rare ! Le vénéré du monde est celui dont l’intelligence surpasse les trois domaines, que rien ne peut égaler, dont la vertu est si grande que rien ne lui est supérieur et qui est unanimement respectée. C’est pourquoi il est dit vénéré du monde.

Leur pensée ne le quittant pas, c’est que l'être Vérité, grâce à la loi de sapience qui mène sur l’autre rive, songe aux bodhisattvas. Guide, c’est que l'être Vérité, grâce à la loi de sapience qui mène sur l’autre rive, dirige Subhūti et tous les bodhisattvas. Dire que leur pensée ne le quitte pas, c’est qu’il fait en sorte que tous les disciples, grâce à la connaissance de sapience, maintiennent leur corps et leurs pensées sans que ne surgissent confusément ni affection ni aversion, de sorte qu’ils ne sont pas souillés extérieurement par les six poussières ni ne sombrent dans l’océan douloureux de naissance et de mort. En leur esprit, quand chaque pensée est constamment juste sans que surgisse l’erreur, c’est l'être Vérité en leur nature propre qui maintient leurs pensées. Dire qu’il les guide bien, c’est que les pensées passées, pures et immaculées commandent aux pensées futures qui elles-mêmes étant pures et immaculées, il n’y a entre elles nulle séparation. Parvenu à sa libération ultime, l'être Vérité instruit scrupuleusement les êtres et, au cœur de la foule assemblée, s’y appliquera constamment. C’est pourquoi il est dit qu’il les guide bien. Bodhisattva est un mot sanskrit. Dans la Chine des Tang, on dit : l’être qui aspire à la voie, également l’être sensible illuminé. Celui qui aspire à la voie montre constamment de la révérence. Même les âmes rampantes, c’est tous les aimer respectueusement et sans dédain. C’est pourquoi il se nomme bodhisattva.

Les hommes de bien ont un esprit empreint d’équanimité et une attitude correcte de recueillement. Pouvant donner réalité à toutes les vertus méritoires, ils ne rencontrent aucun obstacle. Les femmes de bien ont une sagesse authentique grâce à laquelle elles peuvent manifester, sans agir ou en agissant, toutes les vertus méritoires.

Subhūti demande comment tous les êtres humains qui aspirent à l’esprit d’éveil doivent demeurer et discipliner leur esprit. Voyant que tous les êtres s’agitent sans arrêt telle la poussière dans les recoins et que leur esprit ballotté s’élève semblable au vent tourbillonnant, chaque pensée succédant l’une à l’autre sans répit, il demande comment ceux qui désirent cultiver le chemin doivent soumettre leur esprit.

(1)Sur proposition de Fu-shen Chen, je retire la virgule dans ce cas [0748c24] et les autres cas similaires

(2)應云何住est remplacé dans X24n0459 par 云何應住

佛言:

Bouddha :  善哉, 善哉 ! 須菩提 ! 如汝所說 : [如來善護念諸菩薩, 善付囑諸菩薩。] 汝今諦聽,當為汝說。善男子,善女人發阿耨多羅三藐三菩提心,應如是住,如是降伏其心。

Le bouddha déclara:

Bouddha : Bien, bien Subhūti ! Comme tu le dis, leur pensée ne me quittant pas, moi, l'être Vérité, guide bien les êtres qui aspirent à la voie. A présent, écoute religieusement ce que je vais te dire. Les hommes et les femmes de bien qui aspirent à l’esprit d’éveil insurpassé et parfait doivent ainsi demeurer et ainsi discipliner leur esprit.

Huineng : 是佛讚嘆須菩提。善得我心。善得我意也。

佛欲說法。常先戒敕。令諸聽者。一心靜默。吾當為說。

阿之言無。耨多羅之言上。三之言正。藐之言徧。菩提之言知。無者。無諸垢染。上者。三界無能比。正者。正見也。偏者。一切智也。知者。知一切有情皆有佛性。但能修行。盡得成佛。佛者。即是無上清淨般若波羅蜜也。是以一切善男子善女人。若欲修行。應知無上菩提道。應知無上清淨般若波羅蜜多法。以此降伏其心也。

Huineng : C’est le bouddha qui loue Subhūti pour avoir saisi sa pensée et en avoir compris le sens.

Lorsque le bouddha souhaite prêcher la loi, ordinairement il prévient d’abord de sorte que tous les auditeurs fassent silence pour qu’il puisse parler.

 A se dit absence. Uttara se dit supérieur. Sam se dit authentique. Yañc (yak) se dit total. Bodhi se dit savoir. Absence, c’est qu’il n’y a aucune fange de l’abîme. Supérieur, c’est que les trois sphères du désir, de la forme et de l’absence de forme lui sont incomparables. Authentique, c’est la vue authentique. Total, c’est l’omniscience. Savoir, c’est savoir qu’en tout être sensible réside la nature de bouddha. Ce n’est que s’ils cultivent le cheminement qu’ils réussiront totalement à devenir bouddhas. Bouddha, c’est la sapience insurpassée, pure et immaculée qui mène sur l’autre rive. En conséquence, s’ils désirent cultiver le cheminement, les hommes et les femmes de bien doivent tous savoir quelle est la voie de l’éveil insurpassé et quelle est la loi de la sapience insurpassée, pure et immaculée, qui mène sur l’autre rive pour, de cette façon, soumettre leur esprit.

Subhūti : 唯然。世尊!願樂欲聞。

Subhūti : Oh, oui , Vénéré du monde ! C’est avec joie que je souhaite vous entendre.

Huineng : 唯然者應諾之辭。願樂者願佛廣說。令中下根機。盡得開悟。樂者。樂聞深法。欲聞者。渴仰慈誨也。

Huineng : Oh oui exprime l’acquiescement. Je souhaite, c’est souhaiter que le bouddha s’exprime plus amplement pour ouvrir à la compréhension les êtres dotés de racines moyennes et inférieures. Avec joie, c’est écouter avec joie l’enseignement profond de la loi. Souhaiter entendre, c’est avoir soif d’entendre la bienveillante instruction.

佛告須菩提

Bouddha : 諸菩薩摩訶薩應如是降伏其心:[所有一切眾生之類,若卵生、若胎生、若濕生、若化生、若有色、若無色、若有想、若無想、若非有想非無想 3),我皆令入無餘涅槃而滅度之。 ] 如是滅度無量無數無邊眾生,實無眾生得滅度者。何以故?須菩提!若菩薩有我相、人相、眾生相、壽者相、即非菩薩。

Le bouddha déclara à Subhūti :

Bouddha : Tous les bodhisattvas, les grands êtres, doivent ainsi discipliner leur esprit : Quelle que soit l’espèce des créatures, qu’elles soient issues de l’œuf ou de l’utérus, d’un suintement ou d’une apparition, qu’elles aient une forme ou qu’elles n’en aient pas, qu’elles soient douées de cognition ou qu’elles ne le soient pas, ou ni l’un ni l’autre, je leur permets d’entrer dans le nirvāa où rien ne reste et les fais passer. C’est ainsi que s’éteignent et passent les immensurables, innombrables créatures à l’infini, mais réellement nulle créature ne s’éteint ni ne passe. Et pourquoi ? Subhūti, si les bodhisattvas possédaient les attributs d’un soi conceptuel, interpersonnel, élargi et écologique (4), ils ne seraient pas des bodhisattvas.

Huineng : 前念清淨。後念清淨。名為菩薩。念念不退。雖在塵勞。心常清淨。名摩訶薩。又慈悲喜捨。種種方便。化導眾生。名為菩薩。能化所化心無取著。是名摩訶薩。恭敬一切眾生。即是降伏自心處。真者不變。如者不異。遇諸境界。心無變異。名曰真如。亦云外不假曰真。內不亂曰如。念念無差。即是降伏其心也。

卵生者迷性也。胎生者習性也。濕生者隨邪性也。化生者見趣性也。迷故造諸業。習故常流轉。隨邪心不定。見趣多偏墜。起心修心。妄見是非。內不契無相之理。名為有色。內心守直。不行恭敬供養。但言直心是佛。不修福慧。名為無色。不了中道。眼見耳聞。心想思惟。愛著法相。口說佛行。心不依行。名為有想。迷人坐禪。一向除妄。不學慈悲喜捨智慧方便。猶如木石。無有作用。名為無想。不著二法想。故名若非有想。求理心在。故名若非無想。煩惱萬差。皆是垢心。身形無數。總名眾生。如來大悲普化。皆令得入無餘涅槃。

如來指示三界九地眾生。各有涅槃妙心。令自悟入無餘。無餘者。無習氣煩惱也。涅槃者。圓滿清淨義。滅盡一切習氣。令永不生。方契此也。度者渡生死大海也。佛心平等。普願與一切眾生。同入圓滿清淨無餘涅槃。同渡生死大海。同諸佛所證也。有人雖悟雖修。作有所得心者。却生我相。名為法我。除盡法我。方名滅度也。

如是者。指前法也。滅度者大解脫也。大解脫者。煩惱及習氣。一切諸業障滅盡更無有餘。是名大解脫。無量無數無邊眾生。元各自有一切煩惱貪嗔惡業。若不斷除。終不得解脫。故言如是滅度無量無數無邊眾生。一切迷人。悟得自性。始知佛不見自相。不有自智。何曾度眾生。祗為凡夫不見自本心。不識佛意。執著諸相。不達無為之理。我人不除。是名眾生。若離此病。實無眾生得滅度者。故言妄心無處即菩提。生死涅槃本平等。何滅度之有。

眾生佛性本無有異。緣有四相。不入無餘涅槃。有四相即是眾生。無四相即是佛。迷即佛是眾生。悟即眾生是佛。迷人恃有財寶學問族姓。輕慢一切人。名我相。雖行仁義禮智信。而意高自負。不行普敬。言我解行仁義禮智信。不合敬爾。名人相。好事皈己。惡事施於人。名眾生相。對境取捨分別。名壽者相。是謂凡夫四相。修行人亦有四相。心有能所。輕慢眾生。名我相。自恃持戒。輕破戒者。名人相。厭三塗苦。願生諸天。是眾生相。心愛長年。而勤修福業。諸執不忘。是壽者相。有四相即是眾生。無四相即是佛。

Huineng : Qu’elle soit passée ou future, si chaque pensée est pure et immaculée, ils s’appellent bodhisattvas. Si, sans régresser d’une pensée à l’autre, l’esprit, même tourmenté, est constamment pur et immaculé, ils se nomment les grands êtres. Et, si, usant de toutes sortes d’artifices, ils convertissent et guident les êtres avec miséricorde et charité, leur nom est bodhisattvas. Sachant convertir ceux qui peuvent l’être, ils se nomment les grands êtres. Respecter tous les êtres, c’est ce à quoi se soumet leur esprit. C’est quand rien ne change ni ne varie. Affronter toute circonstance avec équanimité, c’est ce qui définit leur véritable nature. On dit aussi : sans forme extérieure d’imposture ni forme intérieure de confusion c’est là la véritable nature. Toutes pensées égales, c’est discipliner l’esprit.

 Celles nées de l’œuf sont des natures en proie aux illusions. Celles nées de l’utérus sont des natures en proie aux imprégnations. Celles nées d’un suintement sont des natures faussées. Celles nées d’une apparition sont des natures en proie aux convictions. Illusionnées, elles commettent toutes sortes d’actions. Imprégnées, elles transmigrent sempiternellement. Faussées, elles ne méditent pas. Convaincues, elles succombent. Révélez votre esprit et cultivez-le ! Prendre le faux pour le vrai sans adopter le principe du sans-attribut, c’est ce qui qualifie les créatures douées d’une forme. Que l’esprit se maintienne droit intérieurement ! Sans marque de piété ni offrande en se bornant à dire que l’esprit droit est le bouddha sans cultiver la sagesse ni les bénédictions, c’est ce qui qualifie les créatures sans forme. Ignorant la voie du milieu, les yeux voient, les oreilles entendent et l’esprit pense s’agrippant aux attributs des choses. Si la bouche prêche le cheminement bouddhique sans que l’esprit l’applique, c’est ce qui qualifie les créatures douées de cognition. Les êtres égarés qui s’assoient en méditation et, cherchant constamment à éviter l’erreur, n’apprennent ni la compassion, ni la charité, ni la sagesse, ni les modalités sont pareils aux arbres et aux pierres ; on les dit dépourvus de cognition. On dit ni l'un ni l'autre quand ils ne sont plus attachés à la double notion des choses, l’esprit aspirant au principe. Les dix milles degrés de passions forment l’esprit fangeux. Les formes physiques innombrables ont pour nom générique créatures. L'être Vérité par sa grande compassion les convertit universellement et permet à tous de pénétrer le nirvāa où rien ne reste.

L’être Vérité montre que les êtres des neuf terres ont tous l’esprit subtil du nirvāa qui les porte à s’éveiller et à pénétrer où rien ne reste. Où rien ne reste, c'est sans le superflu des vices et des passions. Le nirvāa a le sens de plénitude et de pureté. Cest éliminer tous les vices et ne jamais les laisser naître. S’étant accordé à le faire, le passager qui effectue le voyage traverse l’océan de naissance et de mort. L’esprit de bouddha, dans son équanimité, souhaite que toutes les créatures dans leur universalité pénètrent ensemble le nirvāa de plénitude et de pureté, où rien ne reste, traversent ensemble locéan de naissance et de mort et témoignent ensemble de l’expérience bouddhique. Il y en a qui, face à l’éveil ou à la pratique bouddhique, s’imaginent y être parvenus mais ne font naître que l’attribut de l’ego ; c’est ce que l’on appelle la fausse conception du soi. Extirper entièrement cette fausse conception, c’est ce qui est nommé faire passer.

Ainsi c’est dans l’observance de ce qui est précédemment mentionné. Extinction et passage sont la grande libération. La grande libération, c’est quand passions et vices ainsi que l’entrave de tous nos actes passés sont complètement éteints et qu’il n’y a plus rien à assouvir, c’est ce que l’on appelle la grande libération. Les immensurables, innombrables créatures illimitées ont chacune en soi primitivement toutes les passions, convoitise et courroux et actes mauvais. Sans les éliminer, elles ne seront finalement pas libérées. C’est pourquoi il est dit c’est ainsi que s’éteignent et passent d’immensurables, innombrables créatures illimitées. Tous les êtres égarés peuvent s’éveiller à leur propre nature. Au commencement, nous savons que le bouddha était aveugle à son individualité et n’avait nulle conscience. Pourquoi ferait-il fait passer les créatures ? Ce n’est que parce que les êtres ordinaires ne voient pas leur propre esprit originel qu’ils n’entendent pas la volonté bouddhique. S’agrippant aux attributs de toutes les choses, ils ne pénètrent pas le principe du non-agir. Lorsque l’ego n’est pas éliminé, ils ont pour nom créatures. Si elles s’en détachent, aucune créature réellement ne s’éteindra ni ne passera. C’est pourquoi il est dit : quand l’esprit d’erreur ne réside nulle part, c’est l’éveil. La naissance et la mort sont fondamentalement égales au nirvāa. Où y-a-t-il extinction et passage ?

Toutes les créatures et la nature de bouddha ne sont radicalement pas différentes. Parce qu’elles possèdent les quatre attributs, elles ne pénètrent pas où rien ne reste. Ceux qui possèdent les quatre attributs sont toutes les créatures. Si elles ne les possédaient pas, elles seraient des bouddhas. Égarés, les bouddhas sont des êtres ordinaires. Éveillées, toutes les créatures sont des bouddhas. Lorsque les êtres égarés se prévalant de leurs biens, de leur savoir et de leur patronyme méprisent les autres, c’est l’attribut du moi. Bien qu’ils fassent preuve de charité, droiture, bienséance, sagesse et loyauté, ils sont si infatués d’eux-mêmes qu’ils ne cheminent pas dans le respect universel. Quand ils disent comprendre et appliquer charité, droiture, bienséance, sagesse et loyauté en manquant de respect, c’est l’attribut de l’être humain. Lorsque ce qui est bien revient à soi et que ce qui est mal est attribué aux autres, c’est l’attribut de toutes les créatures. Faire la distinction entre l’attachement et le renoncement à l’environnement de poussière, c’est l’attribut de l'être vivant. Voilà les quatre attributs des êtres ordinaires. Ceux qui cultivent le cheminement possèdent eux aussi les quatre attributs. Leur esprit saturé de facultés actives et passives, ils méprisent toutes les créatures ; c’est l’attribut du moi. Bien qu’ils aient la prétention de suivre les préceptes, ils les dédaignent et les enfreignent ; c’est l’attribut de l’être humain. Maudissant les trois peines expiatoires tout en faisant vœu de naître aux cieux, c’est l’attribut de toutes les créatures. En quête de longévité, s'ils cultivent avec zèle les actes méritoires sans rompre toutes les chaînes, c’est l’attribut de l'être vivant. Posséder les quatre attributs; ce sont toutes les créatures. Sans plus les posséder; ce sont des bouddhas.

(3若非有想非無想 est remplacé dans X24n0459 par 若非有想若非無想

(4) La pensée n’est jamais statique. Elle remâche et redécouvre, dissèque et inspecte chaque angle d’une insaisissable vérité. Traduire, c’est céder à la nécessité de trancher.  

The assumption of a metaphysical entity in the beings is fourthfold ; in fact it can be considered a) as something existing apart from the five constituents of a person (âtman); b) as a continuity of existence (sattva); c) as a duration up to the end of life (jîva); d) as a clinging to a new form of existence (pudgala) (G. Tucci, Minor Buddhist Texts, p.97)

Quand le psychologue américain Ulric Neisser parlait d’extension du soi, cela rejoint dans mon esprit l’idée d’une continuité d’existences, un cycle continu de naissance et de mort, c’est-à-dire sattva. Quand il parlait du soi écologique, c’est celui à travers lequel s’exprime la vie dans son environnement physique à savoir jīva. Quand il parlait du soi conceptuel, c’est l’ātman conçu et imaginé dans un langage intérieur, dans le rôle que nous croyons jouer. Et quand il parlait du soi interpersonnel, s’agit-il de pudgala, l’être humain en tant que personne engagée dans ses rapports humains ?

A human being, thus, is at all times an organism, an ego and a member of society and is involved in all three processes of organization. . . . We are speaking of three processes, the somatic process, the ego process, and the societal process.  (Erik Erikson, Childhood and society, 1963).

Bouddha : 復次,須菩提 !菩薩於法,應無所住,行於布施,所謂不住色布施,不住聲、香、味、觸、法布施。 須菩提!菩薩應如是布施,不住於相。何以故?若菩薩不住相布施,其福德不可思量。

Bouddha : En outre, Subhūti, les bodhisattvas, sous l’égide de la loi, ne doivent demeurer nulle part lorsqu’ils font l’aumône, c’est ce qui s'appelle faire l’aumône sans demeurer ni dans la forme, ni dans le son, ni dans l’odeur, ni dans la saveur, ni dans le toucher, ni dans les objets virtuels. Subhūti, les bodhisattvas doivent ainsi faire l’aumône sans demeurer au sein des attributs. Et pourquoi ? Les vertus  et bénédictions des bodhisattvas qui font l’aumône sans demeurer au sein des attributs sont inconcevables.

Huineng : 凡夫布施。祗求身相端嚴。五欲快樂。故報盡却墮三塗。世尊大慈。教行無相布施者。不求身相端嚴。五欲快樂。但令內破慳心。外利益一切眾生。如是相應。名不住色布施。

應如無相心布施者。為無能施之心。不見有施之物。不分別受施之人。是名不住相布施也。

菩薩行施。心無所希求。其所獲福德。如十方虗空。不可較量。言復次者。連前起後之辭。一說布者普也。施者散也。能普散盡心中妄念習氣煩惱。四相泯絕。無所蘊積。是真布施。又說布施者。由不住六塵境界。又不有漏分別。惟當返皈清淨。了萬法空寂。若不了此意。惟增諸業。故須內除貪愛。外行布施。內外相應。獲福無量。見人作惡。不見其過。自性不生分別。是名離相。依教修行。心無能所。即是善法。修行人心有能所。不名善法。能所心不滅。終未得解脫。念念常行般若智。其福無量無邊。依如是修行。感得一切天人恭敬供養。是名為福德。常行不住相布施。普敬一切含生。其功德無有邊際。不可稱計。

Huineng : Quand les hommes ordinaires font la charité, ils implorent de recevoir un traitement digne et le plaisir des cinq sens. C’est pourquoi leur rétribution est la descente dans le bourbier des trois voies infernales. Le Vénéré du monde, dans sa grande compassion, enseigne la la charité sans attribut qui consiste à n’implorer de recevoir ni traitement digne ni plaisir des cinq sens. En les encourageant intérieurement de taire leur mesquinerie, il fait bénéficier extérieurement tous les tres. Ainsi s’ils s’y accordent, c’est ce qui s’appelle faire la charitésans se fixer sur la forme.

C’est ainsi qu’il faut faire l’aumône, l’esprit exempt de tout attribut, car celui dont l'esprit ne peut concevoir le don ne voit pas ce qu’il donne ni ne reconnaît celui qui reçoit. C’est ce qui s’appelle faire l’aumône sans demeurer au sein des attributs.

Les bodhisattvas qui font l’aumône sans en attendre quoi que ce soit sont récompensés par des vertus et bénédictions aussi incommensurables que l’espace vide dans les dix directions. Dire en outre, c’est pour lier ce qui précède avec ce qui suit. D'une part, signifie universellement et signifie dissiper. Pouvoir dissiper entièrement de son esprit les passions, les habitudes et les pensées erronées sans que plus rien ne s’agrège en réduisant à néant les quatre attributs, c’est cela le don véritable. D’autre part, ceux qui font l’aumône ne résident pas dans le royaume des six poussières ni ne conçoivent de différence née du flot karmique. Ce n’est qu’en retournant à l’état pur et immaculé que l’on comprend que tout n’est que vacuité. Sans l’avoir compris, on ne peut qu’enchaîner les actes karmiques. C’est pourquoi il faut extirper intérieurement la concupiscence et pratiquer extérieurement l’aumône afin d’obtenir des bénédictions incalculables. Voir l’autre faire du mal sans reconnaître sa faute, la nature indiscriminée, cela s’appelle se détacher des apparences. Cultiver le chemin conformément à l’enseignement bouddhique, l’esprit dépourvu de dualité, c’est cela la bonne loi. Si ceux qui désirent cultiver le chemin ont un esprit de dualité, cela ne se nomme pas pratiquer la bonne loi (5). Si leur esprit de dualité ne s’éteint pas, ils ne pourront jamais se libérer. Qu’à chaque pensée, ils cultivent la connaissance de sapience, leurs bénédictions seront immensurables et illimitées. C’est en s’y conformant qu’ils cultiveront le chemin. Jouir de la suprême vénération de tous les êtres célestes et humains, cela se nomme jouir de vertus et bénédictions.   S’exercer constamment  à la charité sans demeurer au sein des attributs, c’est respecter universellement tous les êtres vivants. Les vertus méritoires qui en découlent sont sans limites et incalculables.

Bouddha : 須菩提於意云何東方虗空可思量不?

Bouddha : Subhūti ! Qu’est-ce que tu en dis ? L’espace à l’est est-il commensurable ? (6)

Huineng : 緣不住相布施。所得功德。不可稱量。佛以東方虗空為譬喻。故問須菩提。東方虗空可思量不。

Huineng : Parce qu’ils font l’aumône sans demeurer au sein des attributs, les vertus méritoires obtenues sont ineffables. Le bouddha utilise l’immensité à l’est comme allégorie c’est pourquoi il dit à Subhūti « l’espace à l’est est-il commensurable ? »

Subhūti  : 不也世尊(7

Subhūti : Il ne l’est pas, Vénéré du monde !

Huineng : 不也。世尊者。須菩提言。東方虗空不可思量也。

Huineng : « Il ne l’est pas, Vénéré du monde ! » dit Subhūti. L’espace à l’est est incommensurable.

(5) Celui qui s’exerce à la pratique, l’esprit plein de vanité, cela ne se nomme pas la bonne loi.

(6) Pourquoi une phrase aussi simple peut-elle être traduite de dix mille façons?

« Penses-tu, Subhûti, que l’on puisse aisément prendre la mesure de l’empyrée au sud,… ? » (De Harlez)

O Subhuti, what do you think ? Do you think it possible to measure the vast space of the east ? (Lee Shao-chang, 1891)

What do you think, O Subhûti, is it easy to learn the measure of space in the eastern quarter? (Max Müller, 1881)

Subhúti! What think you? Can the eastern region of space be measured by a line? (S. Beal, 1863)

(7Dans X24n0459,  ces mots ne sont pas à la ligne [0520a24]

Bouddha : 須菩提!南西北方四維上下虗空可思量不?

Bouddha : Subhūti  ! Et l’espace au sud, à l’ouest,  au nord, dans les quatre directions intermédiaires (8), en bas et en haut est-il commensurable ?

Huineng : 佛言虗空無有邊際。不可度量。(9)

Huineng : Le Bouddha dit que l’espace est illimité et incommensurable.

Subhūti : 不也!世尊!

Subhūti : Il ne l’est pas, Vénéré du monde !

Bouddha : 須菩提!菩薩無住相布施,福德亦復如是不可思量。 須菩提!菩薩但應如所教住。(10)

Bouddha : Subhūti  ! Les bodhisattvas font l’aumône sans demeurer au sein des attributs et leurs vertus et bénédictions sont effectivement incommensurables.  Subhūti ! Ce n’est que de la façon dont je l’enseigne que les bodhisattvas doivent demeurer.

Huineng : 菩薩無住相布施。所得功德亦如虗空。不可度量。無邊際也。世界中大者莫過虗空。一切性中大者莫過佛性。何以故。凡有形相者。不得名為大。虗空無形相。故得名為大。一切諸性。皆有限量。不得名為大。佛性無有限量。故名為大。此虗空中本無東西南北。若見東西南北。亦是住相。不得解脫。佛性本無我人眾生壽者。若有此四相可見。即是眾生性。不名佛性。亦所謂住相布施也。雖於妄心中說有東西南北。在理則何有。所謂東西不真。南北曷異。自性本來空寂混融。無所分別。故如來深讚不生分別也。

應者唯也。但唯如上所說之教。住無相布施。即是菩薩也。

Huineng : Les bodhisattvas font l’aumône sans demeurer au sein des attributs et les vertus méritoires qui en écoulent sont aussi incommensurables et illimitées que l’espace. Ce qu’il y a de plus grand dans ce monde ne saurait dépasser l’immensité de l’espace. La plus grande de toutes les dispositions naturelles (11) ne saurait surpasser la nature de bouddha. Et pourquoi ? Parce que  ce qui a forme et attribut ne se nomme pas grand. C’est pourquoi l’espace sans forme ni attribut se nomme grand (12). Parce que toutes les dispositions naturelles sont limitées, on ne dit pas qu’elles sont grandes.  La nature de bouddha qui est sans bornes se nomme grande. L’espace ne contient fondamentalement ni est ni ouest ni sud ni nord. Y voir l’est, l’ouest, le sud et le nord, c’est demeurer au sein des attributs sans parvenir à se libérer. La nature de bouddha n'incarne fondamentalement ni le soi conceptuel, ni le soi interpersonnel, ni n'est une extension du soi ni n'est un soi écologique. Si ces quatre attributs étaient visibles, ce serait la nature d’une créature ordinaire, elle ne serait pas nommée la nature de bouddha. Cela s’appellerait donc demeurer au sein des attributs. Bien que la confusion nous pousse à parler des quatre directions, en théorie, elles n’existent pas. Ce que l’on appelle l’est et l’ouest n’ont aucune réalité. Pourquoi le nord et le sud  en seraient-ils différents ? La nature propre à l’origine est  un amas indiscriminé de vide et de tranquillité, c’est pourquoi l’être vérité fait vivement l’éloge de l’absence de discrimination. 

« doivent »  renforce le fait de se conformer à l’enseignement susmentionné. Ceux qui font l’aumône sans demeurer au sein des attributs sont des bodhisattvas.

(8) 四維 : les quatre dimensions ou quatre directions intermédiaires

(9) Je coupe le commentaire de Huineng pour épouser le mieux possible le texte de Kumārajīva.

(10) Dans X24n0459, ces mots appartiennent au même paragraphe [0520b04]

(11) 一切性 se réfère aux quatre natures. Elles sont la nature de soi, la nature associée, la nature collective et la nature dissociée.

(12) A la section 34 du 道德經, il est écrit à propos de la voie : 以其終不自為大故能成其大 C’est parce qu’il ne connaît pas sa grandeur que sa grandeur se parachève ( Lao-tseu, tao tö king, traduit du chinois par Liou Kia-Hway aux Editions Gallimard, 1967).

Bouddha : 須菩提! 於意云何? 可以身相見如來不?

Bouddha : Subhūti ! Qu’est-ce que tu en dis ? L’être vérité dans ses attributs corporels est-il visible ?

Huineng: 色身即有相。法身即無相。色身者。四大(13) 和合。父母所生。肉眼所見。法身者。無有形段。非有青黃赤白。無一切相貌。非肉眼能見。慧眼乃能見之。凡夫但見色身如來。不見法身如來。法身量等虗空。是故佛問須菩提。可以身相見如來不。

Huineng: Le corps physique possède des attributs. Le corps de loi n’en possède pas. L'apparence physique résulte de la fusion des quatre éléments fondamentaux. Ce sont les parents qui lui donnent naissance et c’est avec des yeux de chair qu’il voit. Le corps de loi n’a pas de forme ni de couleur. Parce qu’il est dénué de toutes marques extérieures, les yeux de chair ne peuvent le voir. Mais les yeux de sagesse le peuvent. L’homme ordinaire ne peut voir l’être vérité que dans son apparence formelle. Il ne peut le voir dans son corps de loi. Le corps de loi est comparable à l’espace, c’est pourquoi le Bouddha demande à Subhūti : «L’être vérité dans ses attributs corporels est-il visible ? » (14)

Subhūti : 不也。世尊。不可以身相得見如來。(15) 何以故?如來所說身相,即非身相。

Subhūti : Il ne l’est pas, Vénéré du monde ! On ne peut voir l’être vérité dans ses attributs corporels.  Pourquoi ? Parce que ce qu’on appelle les attributs corporels de l’être vérité n’existent pas.

Huineng : 須菩提知凡夫但見色身如來。不見法身如來。故言不也。世尊。不可以身相得見如來。

色身是相。法身是性。一切善惡。盡由法身。不由色身。法身若作惡。色身不生善處。法身作善。色身不墮惡處。凡夫唯見色身。不見法身。不能行無住相布施。不能於一切處行平等行。不能普敬一切眾生。見法身者。即能行無住相布施。即能普敬一切眾生。即能修般若波羅蜜行。方信一切眾生。同一真性 (16)。本來清淨。無有垢穢。具足恒河妙用。

Huineng : Subhūti sait que l’homme ordinaire ne peut voir que le corps formel de l’être vérité, pas son corps de loi. C’est pourquoi il répond : « Il ne l’est pas, Vénéré du monde ! On ne peut voir l’être vérité dans ses attributs corporels. »

Le corps physique,  ce sont les attributs.  Le corps de loi est la nature propre. Toutes les choses de bien ou de mal proviennent du corps de loi non pas du corps physique. Si le corps de loi commettait le mal, le corps physique ne naîtrait pas au paradis. Parce que le corps de loi commet le bien, son corps physique ne descendra pas en enfer (17).

L’homme ordinaire ne voit que le corps physique. Il ne voit pas le corps de loi. S’il ne peut se montrer charitable sans demeurer au sein des attributs, il ne peut maintenir nulle part la même équanimité ni ne peut honorer tous les êtres. Celui qui voit le corps de loi peut se montrer charitable sans demeurer au sein des attributs,  honorer tous les êtres et pratiquer la sapience qui mène sur l’autre rive. Il est alors convaincu du fait que tous les êtres ont une nature identique et véritable qui est à l’origine pure et immaculée, dépouillée de souillures et pleine des effets miraculeux de la rivière du Gange.

佛告須菩提:

Le Bouddha dit à Subhūti :

Bouddha : 凡所有相皆是虗妄 (18)。若見諸相非相,即見如來。

Bouddha: Tout attribut, quel qu’il soit, est vain et faux. Si vous réalisez l’inexistentialité des attribut, vous verrez l’être vérité.

Huineng : 如來欲顯法身。故說一切諸相皆是虗妄。若見一切諸相虗妄不實。即見如來無相之理也。

Huineng : Le Bouddha souhaite rendre manifeste le corps de loi, c’est pourquoi il dit que tous les attributs sont vains et faux. C’est en se rendant compte du fait que tous les attributs sont irréels que l’on prend conscience du principe d’absence d’attribut qui est à la base de l’être vérité.

須菩提白佛言

Subhūti s'adresse au Bouddha en disant :

Subhūti : 世尊!頗有眾生,得聞如是言說章句,生實信不?

Subhūti : Vénéré du monde ! Se peut-il que les paroles ainsi exprimées engendrent  une réelle confiance dans les être qui l’entendent ?

Huineng : 須菩提問。此法甚深難信難解。末世凡夫智慧微劣。云何信入。佛答在次下。

Huineng : Subhūti demande comment l’homme ordinaire doté d’une sagesse insuffisante  pénètrerait-il cette loi si difficile à croire et à comprendre à la troisième et dernière ère bouddhique  ? Le Bouddha répond comme suit.

(13) Les quatre grands éléments ou éléments fondamentaux sont la terre, l’eau, l’air et le feu

(14) Il faut comprendre cette assertion en deux temps: d'une part, l'homme ordinaire, de par les dispositions limitées qui sont les siennes, est aveugle ou, tout au moins, borgne. D'autre part, parce que le Tathāgata  ne possède pas véritablement d’attributs corporels, l’idée même de vouloir les voir est absurde.

(15) Dans X24n0459, ces mots ne sont pas à la ligne [0520b22]

(16) 同一真性 également dit 同一本性 (eka-svabhāva)

(17) 惡處 s’oppose à 善處.

Dans le Sūtra de la plate-forme, section 7,  il est question des « trois mauvaises voies » qui constituent les trois états futurs auxquels sont destinés ceux qui commettent de mauvaises actions, à savoir les damnés, les esprits affamés et les animaux.

La section 20 offre un passage qui rappelle les paroles du commentaire : «  Lorsque vous pensez à toutes les choses de mal, vous cultivez la pratique du mal. Lorsque vous pensez à toutes les choses de bien, vous cultivez la pratique du bien… Si l’objet de réflexion est mauvais, la métamorphose conduit en enfer. Si l’objet de réflexion est bon, la métamorphose conduit au paradis céleste. »

(18) La virgule est omise dans cette célèbre citation reprise par le 六祖墰經. Je conserve la traduction du Sūtra de la plate-forme, section 7.

佛告須菩提

Le Bouddha dit à Subhūti :

Bouddha : 莫作是說。如來滅後,後五百歲,有持戒修福者,於此章句能生信心,以此為實,當知是人不於一佛二佛三四五佛而種善根,已於無量千萬佛所種諸善根,聞是章句,乃至一念生淨信者,須菩提!如來悉知悉見是諸眾生得如是無量福德。何以故?是諸眾生無復我相、人相、眾生相、壽者相。

Bouddha : Cela ne se fera pas comme ça. Cinq cents ans après que l’être vérité se sera éteint, ceux qui auront observé les préceptes et cultiver les bénédictions pourront avoir foi en ces mots et les tenir pour vrais. Il faut savoir que ce n’est pas même un, deux, trois, quatre ou cinq bouddhas qui auront planté en eux des racines de bien mais dotés de toutes les racines de bien plantées par une infinité de bouddhas,  la foi pure s’éveillera en eux en entendant ces mots, même en l’espace d’une pensée, Subhūti ! L’être vérité sait parfaitement que c’est ainsi que tous les êtres obtiennent des vertus et bénédictions immensurables. Pourquoi ? Parce qu’ils ne possèderont plus l’attribut du moi, l’attribut de l’être humain, l’attribut de tous les êtres et l’attribut de l'être vivant.

Huineng : 於我滅後。後五百歲。若復有人。能持大乘無相戒。不妄取諸相。不造生死業。一切時中。心常空寂。不被諸相所縛。即是無所住心。於如來深法。心能信入。此人所謂言說。真實可信。何以故。此人不於一劫二劫三四五劫而種善根。已於無量千萬億劫。種諸善根。是故如來說。我滅後。後五百歲。有能離相修行者。當知是人。不於一二三四五佛。種諸善根。何名種諸善根。略述次下。所謂於諸佛所。一心供養。隨順教法。於諸菩薩善知識師僧父母。耆年宿德尊長之處。常行恭敬供養。承順教命。不違其意。是名種諸善根。於一切貧苦眾生。起慈愍心。不生輕厭。有所須求。隨力惠施。是名種諸善根。於一切惡類。自行和柔忍辱。歡喜逢迎。不逆其意。令彼發歡喜心。息剛戾心。是名種諸善根。於六道眾生 (19)。不加殺害。不欺不賤。不毀不辱。不騎不箠 。不食其肉。常行饒益。是名種諸善根。信心者。信般若波羅蜜能除一切煩惱。信般若波羅蜜能成就一切出此功德。信般若波羅蜜能出生一切諸佛。信自身中佛性本來清淨。無有染污。與諸佛性平等無二。信六道眾生本來無相。信一切眾生盡能成佛。是名清淨信心也。

 若有人於如來滅後。發般若波羅蜜心。行般若波羅蜜行。修習悟解。得佛深意者。諸佛無不知之。若有人聞上乘法。一心受持。即能行般若波羅蜜無相無著之行。了無我人眾生壽者四相。無我者。無色受想行識也。無人者。了四大不實。終歸地水火風也。無眾生者。無生滅心也。無壽者。我身本無。寧有壽者。四相既亡。即法眼明徹。不著有無。遠離二邊。自心如來。自悟自覺。永離塵勞妄念。自然得福無邊。

Huineng : 500 ans après mon trépas, si des personnes peuvent observer le précepte de l’absence d’attribut du Grand véhicule, elles ne s’accrocheront pas erronément à tous les attributs sans plus manifester l’acte karmique (reproduire le cycle) de naissance et de mort. Si, quel qu’en soit le moment, l’esprit est constamment vide et tranquille et n’est enchaîné à aucun attribut, il ne demeurera nulle part de par la profonde loi de l’être vérité. Si l’esprit peut avoir foi, elles pourront véritablement croire en ces paroles. Pourquoi ? Parce que des racines de bien n’ont pas été plantées pendant une, deux, trois, quatre ou cinq périodes cosmiques mais c’est durant d’innombrables myriades de périodes cosmiques que toutes les racines de bien ont été plantées. C’est pourquoi l’être vérité dit que, cinq cents ans après qu’il soit entré au nirvana, il faut savoir que ces personnes qui pourront se détacher des attributs et cultiver  le chemin,  ce n’est pas un, deux, trois, quatre ou cinq bouddhas qui auront planté en eux des racines de bien. Je vais expliquer brièvement ci-suit ce que l’on appelle être « dotés de toutes les racines de bien ». Ce que l’on appelle faire des offrandes de tout son cœur et suivre la doctrine quels que soient les bouddhas, c’est s’exercer constamment à manifester sa vénération et à faire des offrandes sur la base des vertus accumulées par les ancêtres qui ont précédé, qu’ils soient bodhisattvas, moines et maîtres,  bienveillants amis ou parents. Obéir aux instructions sans en violer le sens, c’est cela être « dotés de toutes les racines de bien ». Face à tous les maux, il faut s’exercer à la mansuétude et endurer l’humiliation, les accepter avec joie sans s’y opposer. Faire naître en l’autre un cœur joyeux et apaiser les esprits récalcitrants, c’est les doter de tous les racines de bien. Que les êtres des six voies s’exercent constamment à faire profiter autrui de leurs bienfaits sans plus nuire ni mépriser ni diffamer ni insulter, sans se dérober ni faire violence ni manger de la viande (20), c’est ce qui s’appelle enraciner le bien. Avoir foi - l’esprit confiant - c’est croire que la sapience qui mène sur l’autre rive pourra extirper toutes les passions ; c’est croire que toutes les vertus méritoires pourront découler de la sapience qui mène sur l’autre rive ; c’est croire que tous les bouddhas pourront naître de la sapience qui mène sur l’autre rive ; c’est croire qu’en son propre corps, la nature bouddhique est fondamentalement pure et immaculée sans souillures, égale et indissociée de toutes les autres natures bouddhiques ; c’est croire que tous les êtres appartenant aux six voies sont fondamentalement dénués d’attributs ; c’est croire que tous les êtres peuvent tous devenir des bouddhas, c’est ce que l’on appelle une foi pure et immaculée.

Si, après que l’être vérité se sera éteint, un être manifeste l’esprit de sapience qui mène sur l’autre rive, s’exerce à la sapience qui mène sur l’autre rive et s’applique à comprendre par l’éveil, il acquerra le sens profond bouddhique connu de tous les bouddhas. Si un être, entendant la loi du Grand véhicule, la garde à l’esprit, il pourra s’exercer à la sapience qui mène sur l’autre rive, détachée de tout attribut et de tout attachement et comprendre que les quatre attributs du soi conceptuel, interpersonnel, élargi et écologique sont inexistants. L’absence du soi conceptuel, c’est l’absence de forme, de sensations, de notions, d’activité et de conscience. L’absence du soi interpersonnel, c’est comprendre que les quatre éléments fondamentaux sont irréels et que l’être humain redeviendra  particule de terre, d’eau, d’air et de feu. L’absence de toute extension du soi, c’est l’absence de l’esprit de naissance et de mort (21). L’absence du soi écologique , c’est que mon corps n’existe pas fondamentalement, comment alors serait-il doté de vie ? Sans les quatre attributs, l’œil de loi verra clairement sans s’attacher à ce qui est ni à ce qui n’est pas. Détaché des deux extrêmes, l’être vérité au sein de l’esprit s’éveillera et se défera à jamais des tourments et des pensées erronées, acquérant naturellement des bénédictions incommensurables.

(19) Les six voies sont celles des damnés, des esprits affamés, des animaux, des démons, des êtres humains et des êtres célestes.

(20)  Ici, trois points sont à considérer :

  • 不騎不箠 rappelle un kōan 公案,  courte énigme populaire de l’enseignement Zen, tirée de La passe sans porte 無門關 et  intitulée 外道問佛 Un profane demande au bouddha :

世尊因外道問。不問有言。不問無言。世尊據座。外道贊歎云。世尊大慈大悲。開我迷雲。令我得入。乃具禮而去。Un profane s’enquiert auprès du vénéré du monde : «  Comment ne pas demander avec des mots sans demander l’indicible ? ». Le vénéré du monde prend un siège et le profane lui dit avec admiration : « Vénéré du monde, grande est votre compassion ! Vous avez dissipé ma confusion et m’avez permis de comprendre ». Alors il tire sa révérence et s’en va.

阿難尋問佛。外道有何所證贊歎而去。Ananda interpelle le bouddha : “Pourquoi est-ce que ce profane a manifesté son admiration avant de s’en aller ? »

世尊云。如世良馬見鞭影而行。Le vénéré du monde déclare : « Il est pareil à un noble cheval qui détale en voyant l’ombre d’un fouet.

  • Ce cheval noble qui se met à galoper en voyant l’ombre du fouet est l’un  des quatre chevaux d’une anecdote rapportée notamment dans l’ Agama  雜阿含 (T.99).
  • Il faut aussi signaler que, selon 道僧格 Règles de conduites des moines taoïstes et bouddhistes, datées de 637, le moine n’est pas autorisé à monter à cheval ni à manger de la viande.

(21) l’esprit en tant que phénomène de naissance et de mort.

Bouddha : 無法相,亦無非法相 (22)。何以故?是諸眾生若心取相,則為著我、人、眾生、壽者。

Bouddha : Il n’y a pas de jugement de valeurs ni de jugement d’antivaleurs. Pourquoi ? Parce que si tous les êtres appréhendent dans l’esprit les attributs, ils  s’attacheront au soi qu'il soit conceptuel, interpersonnel, élargi ou écologique.

Huineng : 無法相者。離名絕相。不拘文字也。亦無非法相者。不得言無般若波羅蜜法。若言無般若波羅蜜法者。即是謗法

Huineng : Il n'y a pas de jugement de valeurs. Il faut s'abstenir de juger en se détachant des mots. Il n'y a pas non plus de jugement d'antivaleurs. Il ne faut pas nier l'existence de la loi de la sapience qui mène sur l’autre rive. Nier sa réalité, c’est la calomnier.

Bouddha : 若取法相,即著我、人、眾生、壽者。何以故?若取非法相,即著我、人、眾生、壽者,是故不應取法,不應取非法。以是義故,如來常說:汝等比丘,知我說法,如筏喻者 (23),法尚應捨,何況非法。

Bouddha:S’en tenir au jugement de valeurs, c’est s’attacher au soi conceptuel, interpersonnel, élargi et écologique. Pourquoi ? Parce que s’en tenir au jugement d’antivaleurs, c’est aussi s’attacher au soi conceptuel, interpersonnel, élargi et écologique. C’est pourquoi il ne faut s’en tenir ni aux valeurs ni aux antivaleurs. C’est pour cette raison que moi, l’être Vérité, je dis : « vous, les moines, sachez que la loi bouddhique que je professe est pareille à un radeau. Je vous prie d’abandonner toute valeur, a fortiori toute antivaleur. »

Huineng : 取此三相。並著邪見。盡是迷人。不悟經意。故修行人不得愛著如來三十二相。不得言我解般若波羅蜜法。亦不得言不行般若波羅蜜行。而得成佛法者。是般若波羅蜜法。非法者。生天等法。般若波羅蜜法。能令一切眾生過生死大海。既得過已。尚不應住。何況生天等法。而得樂著

Bouddha  : 須菩提!於意云何?如來得阿耨多羅三藐三菩提耶?如來有所說法耶?

Huineng : 阿耨多羅。非從外得。但心無我所即是也。秪緣對病設藥。隨宜為說。何有定法乎。如來說無上正法。心本無得。亦不言不得。但為眾生所見不同。如來應彼根性。種種方便。開誘化導。俾其離諸執著。指示一切眾生。妄心生滅不停。逐境界動。前念瞥起。後念應覺。覺既不住。見亦不存。若爾。豈有定法為如來可說也。阿者。心無妄念。耨多羅者。心無驕慢。三者。心常在正定。藐者。心常在正慧。三菩提者。心常空寂。一念凡心頓除。即見佛性

(22) Une simple recherche des mots 無法相,亦無非法相  suffit pour comprendre la difficulté que chacun rencontre à saisir ou traduire le terme 非法.

  • Si est un phénomène assujetti au cycle de naissance et de mort, qu’est-ce que 非法 ? Ils forment collectivement karma (Samkhya-Karika).

«…distinctions as perishable beings, and distinctions as finite beings » (S. Beal)

  • Faut-il comprendre comme la loi bouddhique ? Les attributs ainsi définis dans le cadre de la loi bouddhique et ceux qui ne répondent pas aux préceptes de la loi bouddhique.

« …ce n’est ni la loi ni non-loi » (Harlez)

  • D’après Zhi-yi (538-597), marque la vacuité des cinq agrégats que sont la forme, la sensation, la notion, l’activité mentale et la conscience. 非法 sont leurs attributs. Observer les préceptes, c’est . Enfreindre les préceptes, c’est 非法.
  • Voici d'autres traductions :

 

«… the idea of quality (dharma), nor of no-quality » (Müller)

«…they do not exert themselves to think of dharma. They do not exert themselves to think of nondharma » (Poppe Nicholas)

  • Les dharmas peuvent être perçus comme des objets empiriques mais en l’absence de celui qui perçoit, il n’y a pas d’objet (diamond sutras : Commentary on the sutras, Alfred Schmielewski, Yogi A.S. Narayana).

« one should not keep in mind either the characteristics or non-characteristics of things » (Lee Shaochang)

  • D’après le Digital Dictionary of Buddhism, 非法, c’est ce qui est injuste, immoral, incorrect. C’est aussi la négation de l’existence des phénomènes.
  • Esho Yamaguchi explique que tous les êtres sensibles transmigrent au paradis par la force du dharma et transmigrent dans le monde des animaux par le fait du non-dharma. Ce sont des valeurs comme les qualités morales qui sont la condition sine qua non qui détermine la destinée d’un être sensible par opposition aux antivaleurs qui sont les tares morales et les vices. Selon Esho Yamaguchi, à moins que la définition de l’adharma s’oppose clairement à celle du dharma, la définition du dharma est inadéquate. Il ajoute que dans le Sāṁkhyakārikā, dharma et adharma sont pris ensemble et que le dharma n’est qu’un aspect de la théorie du dharma et de l’adharma.

Alors comment traduire et ? L’attribut des choses semble être inadéquat. Revenons au sens premier de l’idéogramme : Un homme caché derrière un arbre, par peur peut-être, qui épie, scrutant du regard ce qui se passe, delà l’idée d’inspection, d’examen. 無法相亦無非法相 : Il n’y a pas de jugement de valeurs ni de jugement d’antivaleurs. A suivre...

(23) La célèbre parabole du radeau qui qualifie de simple expédient la loi bouddhique dont il faut savoir user puis délaisser.

"Moines, je vais vous enseigner le Dhamma comparé à un radeau, dans le but de traverser, pas dans le but de vous y accrocher. Ecoutez et faites bien attention. Je vais parler."

"Comme vous le dites, seigneur," les moines répondirent au Béni du Ciel.

Le Béni du Ciel dit: "Supposons qu'un homme voyageait au long d'une route. Il verrait une grande étendue d'eau, avec cette rive-ci douteuse et risquée, l'autre rive sûre et exempte de risque, mais sans qu'il y ait ni un traversier ni un pont passant de cette rive à l'autre. La pensée lui viendrait à l'esprit, 'Ici, il y a cette grande étendue d'eau, avec cette rive-ci douteuse et risquée, l'autre rive sûre et exempte de risque, mais sans qu'il y ait ni un traversier ni un pont qui passe de cette rive à l'autre. Et si je rassemblais de l'herbe, des sarments, des branches, et des feuilles, et qu'après les avoir attachés ensemble pour en faire un radeau, je traversais en sécurité sur l'autre rive grâce au radeau, en m'efforçant de mes mains et de mes pieds?' Alors l'homme, après avoir rassemblé de l'herbe, des sarments, des branches, et des feuilles, après les avoir attachés ensemble pour faire un radeau, traverserait en sécurité sur l'autre rive grâce au radeau, en s'efforçant avec ses mains et ses pieds.  Après avoir traversé sur l'autre rive, il pourrait se dire, 'Qu'est-ce que ce radeau m'a été utile! Car ce fut grâce à ce radeau que, en m'efforçant de mes mains et de mes pieds, j'ai pu traverser en sécurité sur l'autre rive. Pourquoi n'irais-je donc pas où bon me semble, en le mettant sur ma tête ou en le transportant sur mon dos?' Qu'en pensez-vous, moines: Est-ce que l'homme, en faisant cela, ferait ce qu'il faut faire avec le radeau?"

"Non, seigneur."

"Et que devrait faire l'homme pour faire ce qu'il faut faire avec le radeau? Il y a le cas où l'homme, après avoir traversé, se dirait, 'Qu'est-ce que ce radeau m'a été utile! Car ce fut grâce à ce radeau que, en m'efforçant de mes mains et de mes pieds, j'ai pu traverser en sécurité sur l'autre rive. Pourquoi n'irais-je donc pas où bon me semble, après l'avoir mis au sec, ou l'avoir laissé couler dans l'eau?' Ce faisant, il ferait ce qui doit être fait avec le radeau. De même, moines, j'ai enseigné le Dhamma comparé à un radeau, pour que vous traversiez, pas pour que vous vous y accrochiez. Si vous comprenez le Dhamma tel qu'enseigné comparé à un radeau, vous lâcherez prise même des Dhammas, pour ne rien dire des non-Dhammas."

Esho Yamaguchi

Esho Yamaguchi

須菩提言:

Subhūti : 如我解佛所說義,無有定法名阿耨多羅三藐三菩提,亦無有定法,如來可說。何以故?如來所說法,皆不可取、不可說、非法、非非法。所以者何?一切賢聖皆以無為法而有差別。

Huineng : 恐人執著如來所說文字章句。不悟無相之理。妄生知解。故言不可取。如來為化種種眾生。應機隨量。所有言說。亦何有定乎。學人不解如來深意。但誦如來所說教法。不了本心。不了本心終不成佛。故言不可說也。口誦心不行即非法。口誦心行。了無所得。即非非法。

三乘根性。所解不同。見有深淺。故言差別。佛說無為法者。即是無住。無住即是無相。無相即無起。無起即無滅。蕩然空寂。照用齊收。鑒覺無礙。乃真是解脫佛性。佛即是覺。覺即是觀照。觀照即是智慧。智慧即是般若波羅蜜多。又本云聖賢說法。具一切智。萬法在性。隨問差別。令人心開。各自見性。

Bouddha : 須菩提!於意云何?若人滿三千大千世界七寶以用布施,是人所得福德,寧為多不?

Huineng : 三千大千世界七寶以用布施。得福雖多。於性上一無利益。依摩訶般若波羅蜜多修行。

須菩提言:

Subhūti : 甚多,世尊!何以故?是福德即非福德性,是故如來說福德多。

Huineng : 令自性不墮諸有。是名福德性。心有能所。即非福德性。能所心滅。是名福德性。心依佛教。行同佛行。是名福德性。不依佛教。不能踐履佛行。即非福德性。

Bouddha :  若復有人,於此經中受持,乃至四句偈等,為他人說,其福勝彼。何以故?須菩提!一切諸佛,及諸佛阿耨多羅三藐三菩提法,皆從此經出。須菩提!所謂佛法者,即非佛法。

Huineng : 十二部教。大意盡在四句之中。何以知其然。以諸經中讚嘆。四句偈即是摩訶般若波羅蜜多。以摩訶般若為諸佛母。三世諸佛。皆依此經修行。方得成佛。般若心經云。三世諸佛。依般若波羅蜜多。故得阿耨多羅三藐三菩提。從師所學曰受。解義修行曰持。自解自行是自利。為人演說是利他。功德廣大。無有邊際。

此經者。非指此一卷之文也。要顯佛性。從體起用。妙利無窮。般若者。即智慧也。智以方便為功。慧以決斷為用。即一切時中覺照心。是一切諸佛及阿耨多羅三藐三菩提法。皆從覺照生。故云此經出也。

所說一切文字章句。如標如指。標指者。影響之義。依標取物。依指觀月。月不是指。標不是物。但依經取法。經不是法。經文則肉眼可見。法則慧眼能見。若無慧眼者。但見其文。不見其法。若不見法。即不解佛意。不解佛意。則誦經不成佛道。

Bouddha : 須菩提!於意云何?須陀洹能作是念:『我得須陀洹果。』不?

Huineng : 須陀洹者梵語。唐言逆流。逆生死流。不染六塵。一向修無漏業。得麤重煩惱不生。決定不受地獄畜生修羅異類之身。名須陀洹果。若了無相法。即無得果之心。微有得果之心。即不名須陀洹。故言不也。

須菩提言:

Subhūti : 不也,世尊!何以故?須陀洹名為入流,而無所入,不入色、聲、香、味、觸、法,是名須陀洹。

Huineng : 流者。聖流也。須陀洹人已離麤重煩惱。故得入聖流。而無所入者。無得果之心也。須陀洹者。乃修行人初果也。

Bouddha : 須菩提!於意云何?斯陀含能作是念:『我得斯陀含果。』不?

Huineng : 斯陀含者梵語。唐言一往來。捨三界結縛。三界結盡。故名斯陀含。斯陀含名一往來。往來從天上却到人間生。從人間死却生天上竟。遂出生死。三界業盡。名斯陀含果。

須菩提言:

Subhūti : 不也,世尊!何以故?斯陀含名一往來,而實無往來,是名斯陀含。

Huineng : 大乘斯陀含者。目覩諸境。心有一生一滅。無第二生滅。故名一往來。前念起妄。後念即止。前念有著。後念即離。故實無往來。

Bouddha : 須菩提!於意云何?阿那含能作是念:『我得阿那含果。』不?

Huineng : 阿那含梵語。唐言不還。亦名出欲。

須菩提言

Subhūti : 不也,世尊!何以故?阿那含名為不來,而實無來,是故名阿那含。

Huineng : 出欲者外不見可欲之境。內無欲心可行。定不向欲界受生。故名不來。而實無來。亦名不還。以欲習永盡。決定不來受生。是故名阿那含。

Bouddha : 須菩提!於意云何?阿羅漢能作是念:『我得阿羅漢道。』不?

Huineng : 諸漏已盡。無復煩惱。名阿羅漢。阿羅漢者。煩惱永盡。與物無諍。若作得果之心。即是有諍。

須菩提言:

Subhūti : 不也,世尊!何以故?實無有法名阿羅漢。世尊!若阿羅漢作是念:『我得阿羅漢道。』即為著我、人、眾生、壽者。世尊!佛說我得無諍三昧人中最為第一,是第一離欲阿羅漢。我不作是念:『我是離欲阿羅漢。』世尊!我若作是念:『我得阿羅漢道。』世尊則不說須菩提是樂阿蘭那行者。以須菩提實無所行,而名須菩提是樂阿蘭那行。

Huineng : 阿羅漢梵語。唐言無諍。無煩惱可斷。無貪嗔可離。性無違順。心境俱空。內外常寂。若有得果之心。即同凡夫。故言不也。

何名無諍三昧。謂阿羅漢心無生滅去來。唯有本覺常照。故名無諍三昧。三昧梵語。此云正受。亦云正見。遠離九十五種邪見。是名正見。然空中亦有明暗諍。性中有邪正諍。念念常正。無一念邪心。即是無諍三昧。修此三昧。人中最為第一。若有一念得果之心。即不名無諍三昧。

阿蘭那是梵語。唐言無諍行。無諍即是清淨行。清淨行者。為除去有所得心也。若存有所得心。即是有諍。有諍即非清淨道。常得無所得心。即是無諍行也。

佛告須菩提:

Bouddha: 於意云何?如來昔在然燈佛所,於法有所得不?

Huineng: 佛恐須菩提有得法之心。為遣此疑。故問之。

Subhūti : 世尊!如來在然燈佛所,於法實無所得。

Huineng: 須菩提知法無所得。而白佛言。不也。然燈佛是釋迦佛授記之師。故問須菩提。我於師處有法可得不。須菩提即謂法因師開示。而實無所得。但悟自性本來清淨。本無塵勞。寂然常照。即自成佛。當知世尊在然燈佛所。於法實無所得。如來法者。譬如日光明照。無有邊際。而不可取。

Bouddha : 須菩提!於意云何?菩薩莊嚴佛土不?

Huineng: 清淨佛土。無相無形。何物而能莊嚴耶。唯以定慧之寶。

Subhūti :  不也,世尊!何以故?莊嚴佛土者,則非莊嚴,是名莊嚴。

Huineng : 假名莊嚴。事理莊嚴有三。第一莊嚴世間佛土。造寺寫經布施供養是也。第二莊嚴身佛土。見一切人。普行恭敬是也。第三莊嚴心佛土。心淨即佛土淨。念念常行佛心是也。

Bouddha : 是故須菩提,諸菩薩摩訶薩應如是生清淨心,不應住色生心,不應住聲、香、味、觸、法生心,應無所住而生其心。

Huineng : 此修行人不應談他是非。自言我能我解。心輕未學。此非清淨心也。自性常生智慧。行平等慈下心。恭敬一切眾生。是修行人清淨心也。若不自淨其心。愛著清淨處。心有所住。即是著法相。見色著色。住色生心。即是迷人。見色離色。不住色生心。即是悟人。住色生心。如雲蔽天。不住色生心。如空無雲。日月常照。住色生心。即是妄念。不住色生心。即是真智。妄念生則暗。真智照則明。明則煩惱不生。暗則六塵競起

Bouddha : 須菩提!譬如有人,身如須彌山王,於意云何?是身為大不?

Huineng: 色身雖大。內心量小。不名大身。

須菩提言:

Subhūti : 甚大,世尊!何以故?佛說非身,是名大身。

Huineng : 內心量大。等虗空界。方名大身。色身縱如須彌山。不為大也。

Bouddha : 須菩提!如恒河中所有沙數,如是沙等恒河,於意云何?是諸恒河沙寧為多不?

須菩提言:

Subhūti : 甚多,世尊!但諸恒河尚多無數,何況其沙。

Bouddha : 須菩提!我今實言告汝。若有善男子、善女人,以七寶滿爾所恒河沙數三千大千世界,以用布施,得福多不?

Huineng : 布施七寶。得三界中富貴報。講說大乘經典。

 須菩提言:

Subhūti : 甚多,世尊!

佛告須菩提:

Bouddha : 若善男子、善女人,於此經中,乃至受持四句偈等,為他人說,而此福德勝前福德。

Huineng : 令諸聞者生大智慧。成無上道。當知受持福德。勝前七寶福德。

Bouddha : 復次,須菩提!隨說是經,乃至四句偈等,當知此處,一切世間天、人、阿修羅,皆應供養,如佛塔廟,何況有人盡能受持讀誦。須菩提!當知是人成就最上第一希有之法,若是經典所在之處,則為有佛,若尊重弟子。

Huineng : 所在之處。如有人即說是經。者念念常行無念。心無所得心。不作能所心說。若能遠離諸心。常依無所得心。即此身中有如來金身舍利。故言如佛塔廟。以無所得心說此經者。感得天龍八部。悉來聽受。心若不清淨。但為名聲利益而說是經者。死墮三塗。有何利益。心若清淨為說是經。令諸聽者除迷妄心。悟得本來佛性。常行真實。感得天人阿修羅等。皆來供養持經之人也。

自心誦得此經。自心解得經義。自心體得無著無相之理。所在之處。常修佛行。念念心無有間歇。即自心是佛。故言所在之處。則為有佛。

爾時,須菩提白佛言:

Subhūti : 世尊!當何名此經?我等云何奉持?

佛告須菩提:

Bouddha : 是經名為『金剛般若波羅蜜』。以是名字,汝當奉持。所以者何?須菩提!佛說般若波羅蜜,則非般若波羅蜜。須菩提!於意云何?如來有所說法不?

Huineng : 佛說般若波羅蜜。令諸學人用智慧除却愚心生滅。生滅除盡。即到彼岸。若心有所得。即不到彼岸。心無一法可得。即是彼岸。口說心行。乃是到彼岸。

佛問須菩提。如來說法。心有所得不。

須菩提白佛言:

Subhūti : 世尊!如來無所說。

Huineng : 須菩提知如來說法。心無所得。故言無所說也。如來意者。欲令世人離有所得之心。故說般若波羅蜜法。令一切人聞之。皆發菩提心。悟無生理。成無上道也。

Bouddha : 須菩提!於意云何?三千大千世界所有微塵是為多不?

須菩提言:

Subhūti : 甚多,世尊!

Bouddha : 須菩提!諸微塵,如來說非微塵,是名微塵。如來說世界,非世界,是名世界。

Huineng : 如來說眾生性中妄念。如三千大千世界中所有微塵。一切眾生。被妄念微塵起滅不停。遮蔽佛性。不得解脫。若能念念真正修般若波羅蜜無著無相之行。了妄念塵勞。即清淨法性。妄念既無。即非微塵。是名微塵。了真即妄。了妄即真。真妄俱泯。無別有法。故云是名微塵。性中無塵勞。即是佛世界。心中有塵勞。即是眾生世界。了諸妄念空寂。故云非世界。證得如來法身。普見塵剎。應用無方。是名世界。

Bouddha : 須菩提!於意云何?可以三十二相見如來不?

Huineng : 三十二相者。是三十二清淨行。三十二清淨行者。於五根中修六波羅蜜。於意根中修無相無為。是名三十二清淨行。常修此三十二清淨行。即得成佛。若不修三十二相清淨行。終不成佛。

Subhūti : 不也,世尊!不可以三十二相得見如來。何以故?如來說三十二相,即是非相,是名三十二相。

Huineng : 但愛著如來三十二相。自不修三十二行。終不得見如來。

Bouddha : 須菩提!若有善男子、善女人,以恒河沙等身命布施;若復有人,於此經中,乃至受持四句偈等,為他人說,其福甚多。

Huineng : 世間重者莫過於身命。菩薩為法。於無量劫中捨施身命與一切眾生。其福雖多。亦不如受持此經四句之福。多劫捨身。不了空義。妄心不除。元是眾生。一念持經。我人頓盡。妄想既除。言下成佛。故知多劫捨身。不如持經四句之福。

爾時,須菩提聞說是經,深解義趣,涕淚悲泣,而白佛言:

Subhūti : 希有!世尊!佛說如是甚深經典,我從昔來所得慧眼,未曾得聞如是之經。世尊!若復有人得聞是經,信心清淨,則生實相,當知是人成就第一希有功德。世尊!是實相者,則是非相,是故如來說名實相。世尊!我今得聞如是經典,信解受持不足為難,若當來世,後五百歲,其有眾生,得聞是經,信解受持,是人則為第一希有。何以故?此人無我相、人相、眾生相、壽者相。所以者何?我相即是非相,人相、眾生相、壽者相即是非相。何以故?離一切諸相,則名諸佛。

Huineng : 自性不癡名慧眼。聞法自悟名法眼。須菩提是阿羅漢。於五百弟子中。解空第一。已曾勤奉多佛。豈得不聞如是深法。豈於釋迦牟尼佛所始言聞也。然或是須菩提於往昔所得。乃聲聞慧眼。至今方悟佛意。故始得聞如是深經。悲昔未悟。故涕淚悲泣。聞經諦念。謂之清淨。從清淨體中。流出般若波羅蜜多深法。當知決定成就諸佛功德也。

雖行清淨行。若見垢淨二相。當情並是垢心。即非清淨心也。但心有所得。即非實相也。

須菩提深悟佛意。蓋目見業盡垢除。慧眼明徹。信解受持。即無難也。世尊在世說法之時。亦有無量眾生。不能信解受持。何必獨言後五百歲。蓋佛在之日。雖有中下根不信及懷疑者。即往問佛。佛即隨宜為說。無不契悟。佛滅度後。後五百歲。漸至末法。去聖遙遠。但存言教。人若有疑。無處咨決。愚迷抱執。不悟無生。著相馳求。輪迴諸有。於此時中。得聞深經。清心敬信。悟無生理者。甚為希有。故言第一希有。於如來滅後。後五百歲。若復有人。能於般若波羅蜜甚深經典。信解受持者。即知此人無我人眾生壽者之相。無此四相。是名實相。即是佛心。故曰離一切諸相。則名諸佛。

佛告須菩提:

Bouddha : 如是,如是!若復有人得聞是經,不驚、不怖、不畏,當知是人甚為希有。何以故?須菩提!如來說第一波羅蜜,非第一波羅蜜,是名第一波羅蜜。須菩提!忍辱波羅蜜,如來說非忍辱波羅蜜。何以故?須菩提!如我昔為歌利王割截身體,我於爾時,無我相、無人相、無眾生相、無壽者相。何以故?我於往昔節節支解時,若有我相、人相、眾生相、壽者相,應生瞋恨。須菩提!又念過去於五百世作忍辱仙人,於爾所世,無我相、無人相、無眾生相、無壽者相。是故須菩提!菩薩應離一切相,發阿耨多羅三藐三菩提心,不應住色生心,不應住聲、香、味、觸、法生心,應生無所住心。若心有住,則為非住。是故佛說:『菩薩心不應住色布施。』

Huineng : 佛印可須菩提所解。善契我心。故重言如是也。

聲聞久著法相。執有為解。不了諸法本空。一切文字。皆是假立。忽聞深經。諸相不生。言下即佛。所以驚怖。唯是上根菩薩。得聞此理。歡喜受持。心無畏怖退轉。如此之流。甚為希有。

口說心不行即非。口說心行即是。心有能所即非。心無能所即是。

見有辱境當情。即非。不見辱境當情。即是。見有身相。當彼所害。即非。不見有身相。當彼所害。即是。

如來因中在初地時。為忍辱仙人。被歌利王割截身體。無一念痛惱之心。若有痛惱之心。即生嗔恨。歌利王是梵語。此云無道極惡君也。一說如來因中。曾為國王。常行十善。利益蒼生。國人歌讚此王。故云歌利王。求無上菩提。修忍辱行。爾時天帝釋化作旃陀羅。乞王身肉。即割施。殊無嗔惱。今有二說。於理俱通。

如來因中於五百世修行忍辱波羅蜜。以得四相不生。如來自述往因者。欲令一切修行人。成就忍辱波羅蜜。行忍辱波羅蜜人既行忍辱行者。不見一切人過惡。冤親平等。無是無非。被他打罵殘害。歡喜受之。倍加恭敬。行如是行者。即能成就忍辱波羅蜜。

不應住色生心者。是都標也。聲香等別立其名也。於此六塵起憎愛心。由是妄心積身無能覺照益遠佛行。雖種種勤苦修行。不除心垢。終無解脫之理。推其根本。都由色上住心。如能念念常行般若波羅蜜。推諸法空。不生計較。念念常自精進。一心守護。無令放逸。淨名經云。求一切知。無非時求。大般若經云。菩薩摩訶薩晝夜精勤。常住般若波羅蜜法。相應作意。無時暫捨。

若心住涅槃。非是菩薩住處。不住涅槃。不住諸法。一切處不住。方是菩薩住處。上文說應無所住而生其心是也。

Bouddha : 須菩提!菩薩為利益一切眾生,應如是布施。如來說:『一切諸相,即是非相。』又說:『一切眾生,則非眾生。』

Huineng : 菩薩不為求望自身快樂。而行布施。但為內破慳心。外利益一切眾生。而行布施。

如者不生。來者不滅。不生者我人不生。不滅者覺照不滅。下文云。如來者無所從來。亦無所去。故名如來。如來說我人等相。畢竟可破壞。非真實體也。一切眾生。盡是假名。若離妄心。即無眾生可得。故言即非眾生。

Bouddha : 須菩提!如來是真語者、實語者、如語者、不誑語者、不異語者。

Huineng : 真語者。說一切有情無情皆有佛性。實語者。說眾生造惡業定受苦報。如語者。說眾生修善法。定有樂報。不誑語者。說般若波羅蜜法。出生三世佛。決定不虗。不異語者。如來所說初善中善後善旨意微妙。一切天魔外道。無有能超勝及破壞佛語者。

Bouddha : 須菩提!如來所得法,此法無實無虛。須菩提!若菩薩心住於法而行布施,如人入闇,則無所見;若菩薩心不住法而行布施,如人有目,日光明照,見種種色。

Huineng : 無實者以法體空寂。無相可得。然中有恒沙性德。用之不匱。故言無虗。欲言其實。無相可得。欲言其虗。用而無間。是故不得言無。不得言有。有而不有。無而不無。言譬不及者。其惟真智乎。若不離相修行。無由臻此。

施一切法。心有住著。則不了三輪體空。如盲者處暗。無所曉了。華嚴經云。聲聞在如來會中聞法。如盲如聾。為住諸法相故也。

若菩薩常行般若波羅蜜多無著無相行。如人有目。處於皎日之中何所不見也。

Bouddha : 須菩提!當來之世,若有善男子、善女人,能於此經受持讀誦,則為如來以佛智慧,悉知是人,悉見是人,皆得成就無量無邊功德。

Huineng : 當來之世者。如來滅後。後五百歲。濁惡之世。邪法競起。正法難行。於此時中。若有善男子善女人。得遇此經。從師稟受。讀誦在心。精進不妄。依義修行。悟入佛之知見。則能成就阿耨菩提。以是三世諸佛。無不知之。

Bouddha : 須菩提!若有善男子、善女人,初日分以恒河沙等身布施,中日分復以恒河沙等身布施,後日分亦以恒河沙等身布施,如是無量百千萬億劫以身布施;若復有人聞此經典,信心不逆,其福勝彼,何況書寫、受持、讀誦、為人解說。

Huineng : 佛說末法之時。得聞此經。信心不逆。四相不生。即是佛之知見。此人功德。勝前多劫捨身功德。百千萬億不可譬喻。一念聞經。其福尚多。何況更能書寫受持讀誦為人解說。當知此人。決定成就阿耨多羅三藐三菩提。所以種種方便。為說如是甚深經典。俾離諸相。得阿耨多羅三藐三菩提。所得福德。無有邊際。蓋緣多劫捨身。不了諸法本空。心有能所。未離眾生之見。如能聞經悟道。我人頓盡。言下即佛。將捨身有漏之福。比持經無漏之慧。實不可及。故雖十方聚寶。三世捨身。不如持經四句偈。

Bouddha : 須菩提!以要言之,是經有不可思議、不可稱量、無邊功德。如來為發大乘者說,為發最上乘者說。若有人能受持讀誦,廣為人說,如來悉知是人,悉見是人,皆得成就不可量、不可稱、無有邊、不可思議功德,如是人等,則為荷擔如來阿耨多羅三藐三菩提。何以故?須菩提!若樂小法者,著我見、人見、眾生見、壽者見,則於此經,不能聽受讀誦、為人解說。

Huineng : 持經之人。心無我所。無我所故。是佛心。佛心功德。無有邊際。故言不可稱量。

大乘者智慧廣大。善能建立一切法。最上乘者。不見垢法可厭。不見淨法可求。不見眾生可度。不見涅槃可證。不作度眾生心。亦不作不度眾生心。是名最上乘。亦名一切智。亦名無生忍。亦名大般若。若有人發心求佛無上道。聞此無相無為甚深之法。即當信解受持。為人解說。令其深悟。不生毀謗。得大忍力。大智慧力。大方便力。方能通流此經也。上根之人。聞此經典。得深悟佛意。持自心經。見性究竟。復起利他之行。能為人解說。令諸學者。自悟無相之理。得見本性如來。成無上道。當知說法之人。所得功德。無有邊際。不可稱量。聞經解義。如教修行。復能廣為人說。令諸眾生。得悟修行無相無著之行。以能行此行。有大智慧光明。出離塵勞。雖離塵勞。不作離塵勞之念。即得阿耨多羅三藐三菩提。故名荷擔如來。當知持經之人。自有無量無邊不可思議功德。

何名樂小法者。為二乘聲聞人。樂小果不發大心。故即於如來深法。不能受持讀誦。為人解說。

Bouddha : 須菩提!在在處處,若有此經,一切世間天、人、阿修羅,所應供養;當知此處則為是塔,皆應恭敬,作禮圍繞,以諸華香而散其處。

Huineng : 若人口誦般若。心行般若。在在處處。常行無為無相之行。此人所在之處。如有佛塔。感得一切天人。各持供養。作禮恭敬。與佛無異。能受持經者。是人心中。自有世尊。故云如佛塔廟。當知所得福德。無量無邊也。

Bouddha : 復次,須菩提!善男子、善女人,受持讀誦此經,若為人輕賤,是人先世罪業,應墮惡道,以今世人輕賤故,先世罪業則為消滅,當得阿耨多羅三藐三菩提。

Huineng : 佛言持經之人。各得一切天人恭敬供養。為前生有重業障故。今生雖得受持諸佛如來甚深經典。常被人輕賤。不得人恭敬供養。自以受持經典故。不起人我等相。不問冤親。常行恭敬。心無惱恨。蕩然無所計較。念念常行般若波羅蜜行。曾無退轉。以能如是修行故。得無量劫以至今生。所有極惡罪障。並能消滅。又約理而言。先世即是前念妄心。今世即是後念覺心。以後念覺心。輕賤前念妄心。妄不得住。故云先世罪業。即為消滅。妄念既滅。罪業不成。即得菩提也。

Bouddha : 須菩提!我念過去無量阿僧祇劫,於然燈佛前,得值八百四千萬億那由他諸佛,悉皆供養承事,無空過者;若復有人,於後末世,能受持讀誦此經,所得功德,於我所供養諸佛功德,百分不及一,千萬億分、乃至算數譬喻所不能及。

Huineng : 供養恒沙諸佛。施寶滿三千界。捨身如微塵數。種種福德不及持經一念悟無生理。息希望心。遠離眾生顛倒知見。即到波羅彼岸。永出三塗。證無餘涅槃也。

Bouddha : 須菩提!若善男子、善女人,於後末世,有受持讀誦此經,所得功德,我若具說者,或有人聞,心則狂亂,狐疑不信。須菩提!當知是經義不可思議,果報亦不可思議。

Huineng : 佛言末法眾生。德薄垢重。嫉妬彌深。邪見熾盛。於此時中。如有善男子善女人。受持讀誦此經。圓成法相。了無所得。念念常行慈悲喜捨。謙下柔和。究竟成就無上菩提。或有人不知如來正法。常在不滅。聞說如來滅後。後五百歲。有人能成就無相心。行無相行。得阿耨多羅三藐三菩提。則必心生驚怖。狐疑不信。

是經義者。即無著無相行也。云不可思議者。讚歎無著無相行。能成就阿耨多羅三藐三菩提

爾時,須菩提白佛言:

Subhūti : 世尊!善男子、善女人,發阿耨多羅三藐三菩提心,云何應住?云何降伏其心?

Huineng : 須菩提問佛。如來滅後後五百歲。若有人發阿耨多羅三藐三菩提心。依何法而住。如何降伏其心。

佛告須菩提:

Bouddha: 善男子、善女人,發阿耨多羅三藐三菩提者,當生如是心:『我應滅度一切眾生。滅度一切眾生已,而無有一眾生實滅度者。』何以故?須菩提!若菩薩有我相、人相、眾生相、壽者相,則非菩薩。所以者何?須菩提!實無有法發阿耨多羅三藐三菩提者。

Huineng : 佛言當發度脫一切眾生心。度脫一切眾生。盡得成佛已。不得見有一眾生是我滅度者。何以故。為除能所心也。除有眾生心也。亦除我見心也。

菩薩若見有眾生可度者。即是我相。有能度眾生心。即是人相。謂涅槃可求。即是眾生相。見有涅槃可證。即是壽者相。有此四相。即非菩薩。

有法者。我人等四法是也。不除四法。終不得菩提。若言我發菩提心者。亦是人我等法。人我等法。是煩惱根本。

Bouddha : 須菩提!於意云何?如來於然燈佛所,有法得阿耨多羅三藐三菩提不?

Huineng : 佛告須菩提。我於師處。不除四相。得受記不。

Subhūti : 不也,世尊!如我解佛所說義,佛於然燈佛所,無有法得阿耨多羅三藐三菩提。

Huineng : 須菩提深解無相之理。故言不也。善契佛意。故佛言。如是如是。言是。印可之辭。

佛言:

Bouddha :  如是,如是!須菩提!實無有法,如來得阿耨多羅三藐三菩提。須菩提!若有法如來得阿耨多羅三藐三菩提者,然燈佛則不與我受記:『汝於來世,當得作佛,號釋迦牟尼。』以實無有法得阿耨多羅三藐三菩提,是故然燈佛與我受記,作是言:『汝於來世,當得作佛,號釋迦牟尼。』何以故?如來者,即諸法如義。

Huineng : 佛言實無我人眾生壽者。始得受菩提記。我若有發菩提心。然燈佛即不與我受記。以實無所得。然燈佛始與我受記。此一段乃。總成須菩提無我義。佛言諸法如義者。諸法即是色聲香味觸法。於此六塵中。善能分別。而本體湛然。不染不著。曾無變異。如空不動。圓通瑩徹歷劫常存。是名諸法如義。菩薩瓔珞經云。毀譽不動。是如來行。入佛境界經云。諸欲不染故。敬禮無所觀。

Bouddha  :  若有人言:『如來得阿耨多羅三藐三菩提。』須菩提!實無有法,佛得阿耨多羅三藐三菩提。須菩提!如來所得阿耨多羅三藐三菩提,於是中無實無虛。是故如來說:『一切法皆是佛法。』須菩提!所言一切法者,即非一切法,是故名一切法。

Huineng佛言實無所得心。而得菩提。以所得心不生。是故得菩提。離此心外。更無菩提可得。故言無實也。所得心寂滅。一切智本有。萬行悉圓備。恒沙德性。用無乏少。故言無虗也。

能於諸法。心無取舍。亦無能所。熾然建立一切法。而心常空寂。故知一切法皆是佛法。恐迷者貪著。一切法以為佛法。為遣此病。故言即非一切法。心無能所。寂而常照。定慧齊行。體用一致。是故名一切法。

Bouddha : 須菩提!譬如人身長大。

Huineng : 如來說人身長大。則為非大身者。以顯一切眾生。法身不二。無有限量。是名大身。法身本無處所。故言則非大身。又以色身雖大。內無智慧。即非大身。色身雖小。內有智慧。得名大身。雖有智慧。不能依行。即非大身。依教修行。悟入諸佛無上智見。心無能所限量。是名大身也。

須菩提言:

Subhūti : 世尊!如來說人身長大,則為非大身,是名大身。

Bouddha : 須菩提!菩薩亦如是。若作是言:『我當滅度無量眾生。』則不名菩薩。何以故?須菩提!實無有法名為菩薩。是故佛說:『一切法無我、無人、無眾生、無壽者。』須菩提!若菩薩作是言:『我當莊嚴佛土。』是不名菩薩。何以故?如來說莊嚴佛土者,即非莊嚴,是名莊嚴。須菩提!若菩薩通達無我法者,如來說名真是菩薩。

Huineng : 菩薩若言因我說法。除得彼人煩惱。即是法我。若言我度得眾生。即有我所。雖度脫眾生。心有能所。我人不除。不得名為菩薩。熾然說種種方便。化度眾生。心無能所。即是菩薩也。

菩薩若言我能建立世界者。即非菩薩。雖然建立世界。心有能所。即非菩薩。熾然建立世界。能所心不生。是名菩薩。最勝妙定經云。假使有人造得白銀精舍滿三千大千世界。不如一念禪定心。心有能所。即非禪定。能所不生。是名禪定。禪定即是清淨心也。

於諸法相。無所滯礙。是名通達。不作解法心。是名無我法。無我法者。如來說名。真是菩薩。隨分行持。亦得名為菩薩。然未為真菩薩。解行圓滿。一切能所心盡。方得名真是菩薩。

Bouddha  : 須菩提!於意云何?如來有肉眼不?

Subhūti : 如是,世尊!如來有肉眼。

Bouddha  : 須菩提!於意云何?如來有天眼不?

Subhūti : 如是,世尊!如來有天眼。

Bouddha : 須菩提!於意云何?如來有慧眼不?

Subhūti : 如是,世尊!如來有慧眼。

Bouddha : 須菩提!於意云何?如來有法眼不?

Subhūti : 如是,世尊!如來有法眼。

Bouddha : 須菩提!於意云何?如來有佛眼不?

Subhūti :  如是,世尊!如來有佛眼。

Huineng : 一切人盡有五眼。為迷所覆。不能自見。故佛教除却迷心。即五眼開明。念念修行般若波羅蜜法。初除迷心。名為第一肉眼。見一切眾生。皆有佛性。起憐愍心。是名為第二天眼。癡心不生。名為第三慧眼。著法心除。名為第四法眼。細惑永盡。圓明徧照。名為第五佛眼。又云見色身中有法身。名為天眼。見一切眾生。各具般若性。名為慧眼。見性明徹。能所永除。一切佛法。本來自備。名為法眼。見般若波羅蜜。能生三世一切法。名為佛眼。

Bouddha : 須菩提!於意云何?恒河中所有沙,佛說是沙不?

Subhūti :  如是,世尊!如來說是沙。

Bouddha : 須菩提!於意云何?如一恒河中所有沙,有如是等恒河,是諸恒河所有沙數佛世界,如是寧為多不?

Huineng : 恒河者。西國祗洹精舍側近之河。如來說法。常指此河為喻。佛說此河中沙。一沙況一佛世界。以為多不。

Subhūti : 甚多,世尊!

Huineng : 須菩提言甚多。世尊。佛舉此眾多國數者。欲明其中。所有眾生。一一眾生。皆有若許心數也。

佛告須菩提:

Bouddha : 爾所國土中,所有眾生,若干種心,如來悉知。何以故?如來說諸心,皆為非心,是名為心。所以者何?須菩提!過去心不可得,現在心不可得,未來心不可得。

Huineng : 爾所國土中所有眾生一一眾生。皆有若干差別心數。心數雖多。總名妄心。識得妄心非心。是名為心。此心即是真心。常心。佛心。般若波羅蜜心。清淨菩提涅槃心也。

過去心不可得者。前念妄心。潛然已過。追尋無有處所。現在心不可得者。真心無相。憑何得見。未來心不可得者。本無可得。習氣已盡。更不復生。了此三心皆不可得。是名為佛。

Bouddha : 須菩提!於意云何?若有人滿三千大千世界七寶以用布施,是人以是因緣,得福多不?

Subhūti : 如是,世尊!此人以是因緣,得福甚多。

Bouddha : 須菩提!若福德有實,如來不說得福德多;以福德無故,如來說得福德多。

Huineng : 七寶之福。不能成就佛果菩提。故言無也。以其無量數限。故名曰多。如能超過。即不說多也。

Bouddha : 須菩提!於意云何?佛可以具足色身見不?

Subhūti : 不也,世尊!如來不應以具足色身見。何以故?如來說具足色身,即非具足色身,是名具足色身。

Huineng : 佛意恐眾生不見法身。但見三十二相。八十種好。紫磨金輝。以為如來真身。為遣此迷。故問須菩提。佛可以具足色身相見不。三十二相即非具足色身。內具三十二淨行。是名具足色身。淨行者。即六波羅蜜是也。於五根中修六波羅蜜。於意根中定慧雙修。是名具足色身。徒愛如來三十二相。內不行三十二淨行。即非具足色身。不愛如來色相。能自持清淨行。亦得名具足色身也。

Bouddha : 須菩提!於意云何?如來可以具足諸相見不?

Subhūti : 不也,世尊!如來不應以具足諸相見。何以故?如來說諸相具足,即非具足,是名諸相具足。

Huineng : 如來者。即無相法身是也。非肉眼所見。慧眼乃能見之。慧眼未明具足。生我人等相。以觀三十二相為如來者。即不名為具足也。慧眼明徹。我人等相不生。正智光明常照。是名諸相具足。三毒未泯。言見如來真身者。固無此理。縱能見者。祗是化身。非真實無相之法身也。

Bouddha :須菩提!汝勿謂如來作是念:『我當有所說法。』莫作是念,何以故?若人言:『如來有所說法。』即為謗佛,不能解我所說故。須菩提!說法者,無法可說,是名說法。

Huineng : 凡夫說法。心有所得。故告須菩提。如來說法。心無所得。凡夫作能解心說。如來語嘿皆如。所發言辭。如響應聲。任用無心。不同凡夫作生滅心說。若言如來說法。心有生滅者。即為謗佛。維摩經云。真說法者。無說無示。聽法者。無聞無得。了萬法空寂。一切名言。皆是假立。於自空性中。熾然建立。一切言辭演說。諸法無相無為。開導迷人。令見本性。修證無上菩提。是名說法。

爾時,慧命須菩提白佛言:

Subhūti : 世尊!頗有眾生,於未來世,聞說是法,生信心不?

佛言:

Bouddha :  須菩提!彼非眾生,非不眾生。何以故?須菩提!眾生、眾生者,如來說非眾生,是名眾生。

Huineng : 靈幽法師加此。慧命須菩提六十二字。是長慶二年。今見在濠州鐘離等石碑上。記六祖解在前。故無解。今亦存之。

須菩提白佛言:

Subhūti :  世尊!佛得阿耨多羅三藐三菩提,為無所得耶?

Bouddha : 如是,如是!須菩提!我於阿耨多羅三藐三菩提乃至無有少法可得,是名阿耨多羅三藐三菩提。

Huineng : 須菩提言。所得心盡。即是菩提。佛言如是如是。我於菩提實無希求心。亦無所得心。以如是故。得名阿耨多羅三藐三菩提。

Bouddha :  復次,須菩提!是法平等,無有高下,是名阿耨多羅三藐三菩提;以無我、無人、無眾生、無壽者,修一切善法,則得阿耨多羅三藐三菩提。須菩提!所言善法者,如來說非善法,是名善法。

Huineng : 此菩提法者。上至諸佛。下至昆虫。盡含種智。與佛無異。故言平等。無有高下。以菩提無二故。但離四相。修一切善法。則得菩提。若不離四相。修一切善法。轉增我人欲證解脫之心。無由可得。若離四相。而修一切善法。解脫可期。修一切善法者。於一切法。無有染著。對一切境。不動不搖。於出世法。不貪不著不愛。於一切處常行方便。隨順眾生。使之歡喜信服。為說正法。令悟菩提。如是始名修行。故言修一切善法。

修一切善法。希望果報。即非善法。六度萬行熾然俱作。心不望報。是名善法。

Bouddha : 須菩提!若三千大千世界中所有諸須彌山王,如是等七寶聚,有人持用布施;若人以此般若波羅蜜經,乃至四句偈等,受持讀誦、為他人說,於前福德百分不及一,百千萬億分,乃至算數譬喻所不能及。

Huineng : 大鐵圍山。高廣二百二十四萬里。小鐵圍山。高廣一百一十二萬里。須彌山高廣三百三十六萬里。以此名為三千大千世界。就理而言。即貪嗔癡妄念各具一千也。如爾許山盡如須彌。以況七寶數持用布施。所得福德。無量無邊。終是有漏之因。而無解脫之理。摩訶般若波羅蜜多四句經文雖少。依之修行。即得成佛。是知持經之福。能令眾生證得菩提。故不可比。

Bouddha : 須菩提!於意云何?汝等勿謂如來作是念:『我當度眾生。』須菩提!莫作是念。何以故?實無有眾生如來度者,若有眾生如來度者,如來則有我、人、眾生、壽者。須菩提!如來說:『有我者,則非有我,而凡夫之人以為有我。』須菩提!凡夫者,如來說則非凡夫。是名凡夫。(24)

Huineng : 須菩提意謂如來有度眾生心。佛為遣須菩提如是疑心。故言莫作是念。一切眾生。本自是佛。若言如來度得眾生成佛。即為妄語。以妄語故。即是我人眾生壽者。此為遣我所心也。夫一切眾生。雖有佛性。若不因諸佛說法。無由自悟。憑何修行。得成佛道。

如來說有我者是自性清淨。常樂我淨之我。不同凡夫貪嗔無明虗妄不實之我。故言凡夫之人。以為有我。有我人者。即是凡夫。我人不生。即非凡夫。心有生滅。即是凡夫。心無生滅。即非凡夫。不悟般若波羅蜜多。即是凡夫。若悟般若波羅蜜多。即非凡夫。心有能所。即是凡夫。心無能所。即非凡夫。

Bouddha :  須菩提!於意云何?可以三十二相觀如來不?

須菩提言:

Subhūti :  如是,如是!以三十二相觀如來。

佛言:

Bouddha : 須菩提!若以三十二相觀如來者,轉輪聖王則是如來。

 須菩提白佛言:

Subhūti :  世尊!如我解佛所說義,不應以三十二相觀如來。

Huineng : 世尊大慈。恐須菩提執相之病未除。故作此問。須菩提未知佛意。乃言如是。如是之言。早是迷心。更言以三十二相觀如來。又是一重迷心。離真轉遠。故如來為說。除彼迷心。若以三十二相觀如來者。轉輪聖王。即是如來。轉輪聖王。雖有三十二相。豈得同如來。世尊引此言者。以遣須菩提執相之病。令其所悟深徹。須菩提被問。迷心頓釋。故云如我解佛所說義。不應以三十二相觀如來。須菩提是大阿羅漢。所悟甚深得方便。不生迷路。以冀世尊除遣細惑。令後世眾生所見不謬也。

(24) Ces quatre caractères s’ajoutent aux paroles du bouddha dans X24n0459 [0530c04]

爾時,世尊而說偈言:

Bouddha :    若以色見我,  以音聲求我,
                     是人行邪道,  不能見如來。

Huineng : 若以兩字。是發語之端。色者相也。見者識也。我者。是一切眾生身中自性清淨。無為無相真常之體。不可高聲念佛。而得成就。念須正念分明。方得悟解。若以色聲求之。不可見也。是知於相中觀佛。聲中求法。心有生滅。不悟如來矣。

Bouddha : 須菩提!汝若作是念:『如來不以具足相故,得阿耨多羅三藐三菩提。』須菩提!莫作是念。如來不以具足相故,得阿耨多羅三藐三菩提。

Huineng : 須菩提聞說真身離相。便謂不修三十二淨行。而得菩提。佛語須菩提。莫言如來不修三十二淨行。而得菩提。

Bouddha : 須菩提!汝若作是念:『發阿耨多羅三藐三菩提者,說諸法斷滅相。』莫作是念。何以故?發阿耨多羅三藐三菩提心者,於法不說斷滅相。

Huineng : 汝若言不修三十二淨行。得阿耨菩提者。即是斷佛種性。無有是處。

Bouddha :  須菩提!若菩薩以滿恒河沙等世界七寶布施;若復有人知一切法無我,得成於忍,此菩薩勝前菩薩所得功德。須菩提!以諸菩薩不受福德故。

須菩提白佛言:

Subhūti :  世尊!云何菩薩不受福德?

Bouddha :  須菩提!菩薩所作福德,不應貪著,是故說不受福德。

Huineng : 通達一切法。無能所心。是名為忍。此人所得福德。勝前七寶之福。菩薩所作福德。不為自己。意在利益一切眾生。故言不受福德。

Bouddha :  須菩提!若有人言:『如來若來若去、若坐若臥。』是人不解我所說義。何以故?如來者,無所從來,亦無所去,故名如來。

Huineng : 如來者非來非不來。非去非不去。非坐非不坐。非臥非不臥。行住坐臥四威儀中。常在空寂。即是如來也。

Bouddha :  須菩提!若善男子、善女人,以三千大千世界碎為微塵,於意云何?是微塵眾寧為多不?

Subhūti :   甚多,世尊!何以故?若是微塵眾實有者,佛則不說是微塵眾。所以者何?佛說微塵眾,則非微塵眾,是名微塵眾。世尊!如來所說三千大千世界,則非世界,是名世界。何以故?若世界實有者,則是一合相。如來說一合相,則非一合相,是名一合相。

Huineng : 佛說三千大千世界。以喻一切眾生性上微塵之數。如三千大千世界中所有微塵。一切眾生性上妄念微塵。即非微塵。聞經悟道。覺慧常照。趣向菩提。念念不住。常在清淨。如是清淨微塵。是名微塵眾。

三千者約理而言。即貪嗔癡妄念各具一千數也。心為善惡之樞。能作凡作聖。其動靜不可測度。廣大無邊。故名大千世界。

心中明了。莫過悲智二法。由此二法。而得菩提。說一合相者。心存所得故。即非一合相。心無所得。是名一合相。一合相者。不得假名。而談實相。

Bouddha :「須菩提!一合相者,則是不可說,但凡夫之人貪著其事。

Huineng由悲智二法。成就佛果菩提。說不可盡。妙不可言。凡夫之人。貪著文字事業。不行悲智二法。若不行悲智二法。而求無上菩提。何由可得。

Bouddha : 須菩提!若人言:『佛說我見、人見、眾生見、壽者見。』須菩提!於意云何?是人解我所說義不?

Subhūti :  世尊!是人不解如來所說義。何以故?世尊說我見、人見、眾生見、壽者見,即非我見、人見、眾生見、壽者見,是名我見、人見、眾生見、壽者見。

Huineng : 如來說此經者。令一切眾生。自悟般若智慧。自修行菩提之果。凡夫之人不解佛意。便謂如來說我人等見。不知如來說甚深無相無為般若波羅蜜法。如來所說我人等見。不同凡夫我人等見。如來說一切眾生。皆有佛性。是真我見。說一切眾生有無漏智。性本自具足。是人見。說一切眾生本自無煩惱。是眾生見。說一切眾生。性本不生不滅。是壽者見。

Bouddha :  須菩提!發阿耨多羅三藐三菩提心者,於一切法,應如是知,如是見,如是信解,不生法相。須菩提!所言法相者,如來說即非法相,是名法相。

Huineng : 發菩提心者。應見一切眾生皆有佛性。應見一切眾生無漏種智。本自具足。應信一切眾生。自性本無生滅。雖行一切智慧。方便接物利生。不作能所之心。口說無相法。而心有能所。即非法相。口說無相法。心行無相行。而能所心滅。是名法相也。

Bouddha :  須菩提!若有人以滿無量阿僧祇世界七寶持用布施,若有善男子、善女人,發菩薩心者,持於此經,乃至四句偈等,受持讀誦,為人演說,其福勝彼。云何為人演說?不取於相,如如不動。何以故?

Huineng : 七寶之福雖多。不如有人發菩提心。受持此經四句。為人演說。其福勝彼百千萬億。不可譬喻。說法善巧方便。觀根應量。種種隨宜。是名為人演說。所聽法人。有種種相貌不等。不得作分別之心。但了空寂如如之心。無所得心。無勝負心。無希望心。無生滅心。是名如如不動也。

Bouddha :  一切有為法,  如夢、幻、泡、影,
                             如露亦如電,  應作如是觀。

Huineng : 夢者是妄身。幻者是妄念。泡者是煩惱。影者是業障。夢幻泡影業。是名有為法。真實離名相。悟者無諸業。

佛說是經已,長老須菩提及諸比丘、比丘尼、優婆塞、優婆夷,一切世間天、人、阿修羅,聞佛所說,皆大歡喜,信受奉行。

 

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